🇨🇴 En Colombie, les petits pas vers la paix totale ? (Enjeux internationaux / France Culture)


Le lundi 13 février, a commencé au Mexique le deuxième cycle de négociations de paix entre le gouvernement colombien et la guérilla de l’ELN.


Émission de Baptiste Muckensturm avec Mathilde Allain, Maîtresse de conférence à l’IHEAL (Institut des Hautes Etudes d’Amérique Latine), chercheuse au CREDA (Centre de recherches d’études et de documentation sur les Amériques).

L’été dernier, la Colombie investissait son premier président de la République issu de la gauche. Gustavo Petro, un ex-guérillero de 62 ans, promettait la paix totale, c’est-à-dire le silence des armes, la fin du narcotrafic et la justice sociale.

Mais pour espérer la paix totale en Colombie, il est impératif d’engager des négociations avec tous les groupes armés présents sur le territoire, à commencer par l’ELN. L’armée de libération nationale est le dernier mouvement révolutionnaire marxiste encore actif, après la démobilisation des FARC et les accords de la Havane en 2016. Mais les négociations qui reprennent lundi à Mexico s’annoncent difficiles alors que l’ELN refuse d’être associée aux autres groupes armés pourtant tous impliqués dans le narcotrafic, véritable nerf de la guerre en Colombie.

L’ELN, ejército de liberación nacional…

Fondée en 1964 après la Révolution cubaine et dans la veine de la théologie de la libération, l’ELN a longtemps représenté une guérilla colombienne à petite échelle aux côtés des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Comme tous les groupes armés, l’ELN prospère grâce au trafic de drogue et d’or, aux enlèvements contre rançon et à l’extorsion. L’Armée de libération nationale est reconnue par Washington et Bruxelles comme organisation terroriste et compte actuellement entre 2 500 et 4 000 membres. Cependant, la dernière guérilla de Colombie, bénéficie d’une grande dimension politique et d’une histoire complexe, ce qui la pousse à refuser d’être associé aux autres groupes armés du pays. ELN est donc un groupe avec lequel il est très difficile de négocier. À ce titre, il n’y a pour le moment pas de cessez-le-feu entre l’armée de libération nationale et le gouvernement.

C’est la première fois que l’ELN négocie avec un gouvernement de gauche.

Les négociations avec l’ELN sont un cycle différent de celui avec les FARC ; mais on retrouve à l’origine, la même structure, le même cadre. En effet, c’est sous le mandat du président Juan Manuel Santos que les discussions se sont ouvertes avec l’ELN, c’est lui qui avait abouti à l’accord de la Havane avec les FARC. L’arrivée de Petro offre surtout de nouvelles perspectives sur la paix, il est convaincu par ce projet contrairement à ses prédécesseurs de droite. Si un jour un accord aboutit avec l’ELN, il bénéficierait des structures qui ont été mises sur pied suite à l’accord avec les FARC.

Les défaillances de l’accord signé avec les FARC s’invitent dans les négociations.

Mais cet accord initial avec les FARC peut également servir de repoussoir compte tenu de tout ce qui n’a pas été mis en place, voire les graves manquements du gouvernement dans son application. Les négociateurs de l’ELN ont bien en tête les défaillances et les promesses non tenues. Des démobilisés des FARC assassinés, les problèmes liés à la réintégration, les aides économiques prévues pour la réincorporation des anciens combattants qui se trouvent dans des situations précaires, les zones prévues pour démobiliser soumise à problème de sécurité, etc.

Écouter l’entretien avec Mathilde Allain ici