Coronavirus : bienvenue à Cuba, l’île aux vaccins (Philippe Randrianarimanana / TV5 Monde)

Fort de son expérience dans le domaine de la santé et des biotechnologies, Cuba mène des recherches sur la production de vaccins anti-Covid qui suscite un intérêt certain sur le plan médical et international. Un candidat vaccin va entamer la phase III des essais cliniques. Coup de projecteur sur la diplomatie médicale cubaine.

Plus que sa musique, ses plages et cigares légendaires ou ses admirateurs et critiques du castrisme, la renommée de Cuba dans le domaine de la santé n’est plus à faire. Accès aux soins gratuit, expertise et formation médicale de haut niveau et diplomatie médicale active, telles sont les vecteurs de “l’internationalisme médical” de l’île. 

Cuba pourrait prochainement compter sur une nouvelle arme symbolique de sa puissance : un vaccin contre le Covid-19. Sur 63 candidats dans la course mondiale aux vaccins, l’île castriste occupe une place de choix. D’après l’OMS qui recense toutes les recherches en cours, 175 à travers le monde sont en phase pré-clinique et 63 en phase III, celles des essais cliniques. Cuba développe 4 candidats vaccins Mambisa, Abdala, Soberana  1 et Soberana 2. Le dernier entre en phase III. Cuba jouit d’une longue tradition et une vraie expertise. Elle peut compter sur le Centre d’ingénierie génétique et de biotechnologie (CIGB) ainsi que sur l’Institut de vaccination Finlay (IFV) qui développe chacun deux vaccins.

Les biotechnologies, source de revenus pour l’île

“Ce n’est pas une  surprise, selon le docteur Anne Sénéquier, qui dirige l’observatoire de la santé à l’Institut de recherches internationales et stratégiques (IRIS) à Paris. Depuis fort longtemps Cuba se sert de son système médical pour son soft power, dans des catastrophes, dans sa diplomatie médicale, dans sa recherche et développement. C’est eux qui ont mis au point les premiers le vaccin méningocoque B”.

Une industrie qui profite en priorité aux Cubains. Sur les 13 vaccins obligatoires à Cuba, 9 sont produits surplace, souligne le docteur Franco Cavalli. Ce spécialiste du cancer, professeur émérite d’oncologie à l’université de Berne en Suisse est le président de l’ONG MediCuba Europe qui développe des projets de partenariat médicaux et scientifiques en soutien du système de santé cubain dont il promeut l’image à l’étranger. 

À l’épreuve de la pandémie, Cuba a fait preuve de sa capacité de résilience et de résistance contre le virus. À tel point que l’OMS a félicité le pays pour sa gestion sanitaire. “Une solution à la chinoise, selon le professeur Cavallo, tout était fermé”. Mais aussi, “chaque personne positive était hospitalisée jusqu’à ne plus être positive, tout cas contact est en quarantaine et chaque jour, un médecin ou un étudiant en médecine lui rend visite”.

Alors que l’Italie du Nord vivait une véritable catastrophe sanitaire aux yeux d’une Europe impuissante, Cuba avait envoyé un contingent de docteurs en Lombardie. Le 19 mars 2020, 53 médecins et infirmières cubains débarquaient pour aider le pays le plus touché d’Europe à l’époque. À l’inverse, parti en mission à Cuba quelques mois plus tard, l’oncologue suisse et président de MediCuba Europe Dr Franco Cavalli, s’est dit impressionné par la situation, “avec 138 morts à la mi-novembre selon des chiffres confirmés par l’OMS, c’est 100 fois moins qu’en Belgique qui a une population presque similaire de 11 millions d’habitants”.

Pourquoi Cuba veut produire son propre vaccin


Selon le Dr Anne Sénéquier, il serait pertinent aujourd’hui de mutualiser les efforts, à l’instar du programme Covax  de collaboration “pour un accès mondial et équitable aux vaccins contre le virus de la Covid-19” co-dirigé par l’Alliance Gavi, la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI) et l’OMS. Mais “Cuba est confiant en son système médical et il n’a pas souhaité participer à Covax. Ils se sont dits optimistes pour produire un vaccin national”, souligne la chercheuse de l’IRIS. (…)

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Voir également À Cuba, un vaccin et une expertise porteurs d’espoir pour les pays du Sud (Rosa Moussaoui / L’Humanité / article réservé aux abonné.e.s)