Eduardo Galeano : une grande voix d’Amérique latine s’est tue
Né en 1940, Eduardo Galeano, victime d’un cancer, s’est éteint ce 13 avril à Montevideo.
Journaliste, essayiste, romancier, poète, il fut aussi un opposant farouche à l’impérialisme, et une figure de la solidarité avec les mouvements progressistes d’Amérique latine et l’altermondialisme. Il est l’un des 19 signataires de l’appel de Porto Alegre de 2005 proposant 12 idées pour construire un autre monde possible.
Dans une de ses œuvres les plus connues, Les veines ouvertes de l’Amérique Latine (1971) il retrace le saccage de ce continent depuis la colonisation, au XVIème siècle, par les Espagnols et les Portugais, jusqu’à nos jours par le monde occidental.
Chef de rédaction du journal Marcha, puis directeur de la revue Epoca, il est d’abord censuré puis emprisonné au moment du coup d’état de 1973, et contraint à l’exil. Installé en Argentine où il crée la revue Crisis, il doit de nouveau s’exiler au moment du coup d’état de 1976, et part vivre en Espagne.
À son retour en Uruguay, en 1985, il sera accueilli avec une grande ferveur.
Il n’est plus, mais nous nous souviendrons de son regard perçant, de son humour, de la chaleur de sa voix et de ce qu’il voulait transmettre lorsqu’il fustigeait la culture de la consommation effrénée, la violence des marchés, et déclarait que les Traités de Libre Commerce sont « une fausse liberté qui nous emprisonne », lorsqu’il invitait à « apprendre à ne pas être sourds pour ne pas être muets », et exhortait à la désobéissance : « Puissions-nous faire acte de désobéissance chaque fois que nous recevons des ordres qui humilient notre conscience ou violent notre sens commun ».
France Amérique Latine
Paris, le 16 avril 2015