🇺🇸 🇲🇽 De part et d’autre de la frontière, la vie chamboulée des Mexicains et des Américains / Le nombre d’entrées illégales aux États-Unis a fortement baissé (Reportage à El Paso de Nathanaël Vittrant et Natalia Olivares / RFI)


Aux États-Unis, l’heure du premier bilan a sonné pour Donald Trump, à l’approche de ses 100 jours à la Maison Blanche. Expulsions massives de migrants, lutte contre le trafic de drogue, fin du droit d’asile, militarisation de la frontière, guerre commerciale : rarement un président aura imposé autant de bouleversements en si peu de temps. De part et d’autre de la frontière mexicaine, récit d’une adaptation imposée « à marche forcée ».

Le pont Américas, qui relie les villes de El Paso au Texas et de Ciudad Juárez dans l’État de Chihuahua, au Mexique. © Nathanaël Vittrant / RFI

La frontière mexicaine a toujours été l’obsession de Donald Trump. Son premier mandat et la campagne victorieuse qui l’avait conduit à la Maison Blanche une première fois avaient largement reposé sur la construction d’un mur le long des 3 000 kilomètres de frontière entre les deux pays. Au Texas, les autorités ont fait du zèle et ce mur s’est même vu coiffé de barbelés tranchants comme des rasoirs ayant fait l’objet d’une bataille judiciaire entre l’administration Biden et le très conservateur gouverneur texan Greg Abbott. Fin 2024, une cour d’appel fédéral a tranché en faveur du Texas, autorisé à conserver ses barbelés.

Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a franchi un pas supplémentaire en militarisant la frontière. La garde nationale a été déployée, autorisée désormais à contrôler et à appréhender les migrants illégaux en appui direct à la police aux frontières. Dans les rues et les hôtels d’El Paso, il n’est pas rare à présent de croiser des hommes en uniformes déployés en nombre. Juste en face, de l’autre côté du fleuve Rio Grande se trouve Ciudad Juarez, au Mexique. Les villes sont reliées par le pont Americas qu’empruntent chaque des milliers de personnes, à pied ou en voiture. La frontière est surveillée des deux côtés, le gouvernement mexicain aussi a déployé sa garde nationale dans l’espoir d’apaiser Donald Trump. Une politique qui porte ses fruits : d’après les chiffres officiels, il y avait 1 500 arrestations de migrants illégaux par jours en 2024, il y a moins d’une cinquantaine désormais. « La frontière est devenue presque hermétique. Bien sûr, des migrants parviennent toujours à traverser d’une manière ou d’une autre, mais beaucoup moins que dans le passé », confirme Jaime Torres, journaliste mexicain spécialiste de cette zone frontière.

Une situation qui ne tient pas qu’à la militarisation de la frontière. Au printemps dernier, quand il était encore candidat à sa réélection, Joe Biden avait déjà éliminé la possibilité pour les candidats de demander l’asile directement depuis le sol américain, mais il leur était encore possible de demander un rendez-vous via un formulaire. Donald Trump a mis fin purement et simplement à cette dernière possibilité. Dans un centre d’accueil pour migrants géré par la communauté catholique de Ciudad Juarez, nous rencontrons une famille vénézuélienne prise au dépourvu. Après un long et difficile périple, ce couple et ses deux filles avaient fini par arriver à Tapachula à la pointe sud du Mexique. « On nous a amenés gratuitement ici en bus parce que nous avions un rendez-vous avec les services de l’immigration des États-Unis », confie la mère de famille. Ironie cruelle du sort, le rendez-vous est fixé au 21 janvier, date de la prise de fonction de Donald Trump. Il ne sera jamais honoré. « Étant donné la situation, je vais demander à être rapatriée. Je voulais offrir une vie meilleure à mes filles aux États-Unis, mais avec Donald Trump, je n’ai plus envie. » (…)

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À la frontière mexicaine à El Paso, le nombre d’entrées illégales aux États-Unis a fortement baissé

S’il est malgré tout loin de son objectif d’expulser un million de migrants, à la frontière mexicaine, Donald Trump peut au moins se targuer d’avoir drastiquement fait baisser le nombre d’entrées illégales. « Avant, la police aux frontières arrêtait 1 500 migrants par jour, maintenant c’est seulement 50 par jour », dit Jaime Torres, journaliste mexicain qui opère des deux côtés de la frontière. (…)

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