🇭🇹 Haïti au seuil de son long chemin de reconstruction (Frédéric Thomas / CETRI) / «Nous n’allons pas signer un blanc-seing» au conseil présidentiel de transition (entretien avec Jean-Marie Théodat / RFI)


Un mois après l’annonce de la démission du Premier ministre Ariel Henry, les responsables politiques haïtiens ont trouvé un accord pour former un conseil de transition présidentiel de 22 mois. Il sera chargé de restaurer l’ordre dans ce pays des Caraïbes en proie à l’instabilité politique et à la violence des gangs. La réussite de cette sortie de crise sera conditionnée à la juste place que prendra la communauté internationale dans ce contexte, précise Frédéric Thomas, chargé d’études au CETRI.

Une voiture de police devant le Palais national à Port-au-Prince, le 2 avril 2024. © Clarens Siffroy / AFP

Il aura fallu un mois pour former un conseil de transition pour Haïti. Alors que Port-au-Prince est livré depuis des semaines aux pillages et aux violences des gangs armés, les responsables politiques se sont accordés sur un conseil présidentiel de transition, selon l’AFP. Ce conseil de neuf membres -sept votants et deux observateurs- intègre des représentants des principaux partis du pays, ainsi que du secteur privé et de la société civile. Son mandat prendra fin le 7 février 2026 selon le document transmis à la Communauté des Caraïbes.

La longue attente pour former ce conseil vient « de la difficulté de trouver un consensus avec de nombreux partis politiques, y compris des partis politiques qui avaient soutenu Ariel Henry », explique Frédéric Thomas, docteur en sciences politique et chargé d’études au CETRI (Centre Tricontinental).

Ariel Henry cumulait les postes de Premier ministre et de président de la République depuis juillet 2021, en dehors de son mandat législatif depuis le 7 février 2024. Sous la pression de la société civile haïtienne, de la communauté internationale et de la situation sécuritaire dégradée à cause des gangs, il a annoncé sa démission le 11 mars 2024. Toutefois, le bilan d’Ariel Henry était loin d’être satisfaisant à de nombreux niveaux (social, économique, politique et sécuritaire), et son maintien au pouvoir jusqu’en août 2025 comme initialement prévu était difficilement imaginable, estime Frédéric Thomas.

« La communauté internationale participe du problème plus que de la solution », poursuit le chercheur. Il explique que le gouvernement d’Ariel Henry est tombé car il avait perdu le soutien international, et américain en particulier. « La crainte, c’est qu’avec cette nouvelle initiative via la CARICOM, ce conseil présidentiel soit un nouveau bidule inventé par la communauté internationale pour régler les problèmes d’Haïti en contournant les organisations haïtiennes », explique-t-il.

La question de la force militaire kenyane qui devait intervenir en Haïti pour résoudre la crise sécuritaire illustre le rôle ambigu de la communauté internationale. Les organisations haïtiennes refusent qu’une force étrangère intervienne sur le territoire haïtien sous commandement étranger et exigent un contrôle a minima sur cette force armée. (…)

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«Nous n’allons pas signer un blanc-seing» au conseil présidentiel de transition (entretien avec Jean-Marie Théodat / RFI)

En Haïti, le très attendu conseil présidentiel de transition a officiellement été créé vendredi 12 avril, après des semaines de négociations tendues et un mois après l’annonce de la démission du Premier ministre contesté, Ariel Henry. Ses membres devront nommer « rapidement » un Premier ministre ainsi qu’un gouvernement « inclusif ». Le temps presse alors que Port-au-Prince est en grande partie contrôlée par les gangs. Entretien avec Jean-Marie Théodat, maître de conférences en géographie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Jean-Marie Théodat : Je suis sceptique. Bien entendu, il ne s’agit pas de faire un procès sans appel à ce conseil présidentiel de transition. Mais compte tenu que beaucoup de personnalités présentes ont été impliquées dans la descente aux enfers de ce pays depuis les vingt ou trente dernières années, il est permis d’être sceptique. Donc nous n’allons pas leur signer un blanc-seing, mais les juger sur pièces, attendre surtout les résultats que nous aurons sur la question de l’insécurité, qui est le principal sujet de tourment des Haïtiens aujourd’hui. Suite à ce décret sur le conseil, ce que je voudrais, c’est surtout que l’on nous dise avec quels moyens nous allons mettre fin à la violence des gangsters, parce que c’est le plus important. (…)

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Haīti : un conseil de transition pour endiguer la violence des gangs (France 24)