🇵🇪 ¡ Hasta siempre compañero Hugo Blanco ! (communiqué de France Amérique Latine)


Hugo Blanco nous a quittés le 25 juin 2023 mais il nous lègue son exemple de vie, de courage, de dignité et sa vision politique internationaliste en perpétuelle évolution, toujours en phase avec les revendications des populations et des jeunes.


De militant trotskyste à activiste « écosocialiste », malgré les emprisonnements, les tentatives d’assassinat, les séquestrations, les extraditions successives, Hugo n’a jamais renoncé ni trahi ses engagements et il a lutté sur tous les terrains. Sa longue  trajectoire de luttes de plus de soixante ans, ses combats incessants contre l’injustice sociale, pour la défense  des populations autochtones, de l’eau, de la terre, et de la vie, forcent l’admiration et la reconnaissance de tou.te.s les militant.e.s de gauche péruvien.ne.s, latino-américain.e.s et européen.ne.s. 

Précurseur, il l’était dés les années 1960, en écoutant « le cri des Andes » et en luttant avec les paysans  de la vallée de la Convención – Cuzco pour la défense de la terre, contre l’oppression et l’exploitation des latifundistes. Si cette lutte lui avait valu une condamnation à vingt-cinq années de détention dans la prison d’El Frontón, (réduite ensuite à huit en raison d’une amnistie du gouvernement Velasco Alvarado), elle avait  entrainé la première Réforme Agraire au Pérou et déclenché un grand mouvement de  solidarité internationale.

Hugo Blanco soutenait également la lutte des zapatistes au Mexique, où il s’était rendu à plusieurs reprises pour rencontrer les membres de l’EZLN. Depuis 1994, le mouvement zapatiste était en effet devenu pour lui une référence centrale, accompagnant son rejet de la forme-parti.

Dans la dernière partie de sa vie, en lutte contre le saccage des multinationales extractivistes, le réchauffement climatique et la destruction de notre planète, pour la défense de l’eau et des populations autochtones, il avait participé activement à la lutte contre le projet Conga à Cajamarca, réalisé avec les rondes paysannes la marche nationale de l’eau en 2012 et fêté son quatre-vingtième anniversaire avec les gardiens des lacs.

La délégation de France Amérique Latine était heureuse de le retrouver en  août 2014 à Cajamarca lors de la « Rencontre Internationale des gardiens des lacs» dans la communauté d’El Tambo et de participer avec lui et les 4000 membres des rondes paysannes à la marche de solidarité jusqu’à la maison de Máxima Acuña de Chaupe à Tragadero Grande (Celendín).

En mars 2020, FAL s’était associé à l’hommage qui lui était rendu lors de l’évènement réalisé à Paris « Hugo Blanco : de la lutte pour la terre à la défense de la Pachamama » et s’était prononcé, en juin 2020, contre la tentative, de la part d’un groupe d’ex-militaires et policiers péruviens, de censurer le film de Malena Martinez, « Hugo Blanco : río profundo », en accusant Hugo Blanco d’assassin et de terroriste. Dans le contexte actuel de grave crise sociale, économique et politique et de montée de l’extrême-droite au Pérou comme en France, la vie d’Hugo Blanco constitue un exemple pour les jeunes générations en résistance. Il nous laisse un héritage particulièrement précieux au moment où, au Pérou, sévissent l’autoritarisme, les violations graves des droits humains élémentaires, la répression sanglante -qui a déjà provoqué la mort de plus de soixante personnes- de la part d’ un gouvernement sourd aux revendications légitimes des populations indigènes et d’un mouvement populaire de résistance inédit par sa force et son degré de politisation.

FAL manifeste  sa solidarité avec toute sa famille endeuillée – en particulier Carmen Blanco Valer  et María Blanco Berglund – , ses proches et les militant.e.s péruvien.ne.s  et internationalistes, et s’associe aux hommages qui lui sont rendus.

Bureau National de FAL
Paris, 27 juin 2023