Au Honduras, défendre l’environnement au péril de sa vie (entretien avec Bernard Duterme / CETRI, par Émilien Roy / La Croix,

Depuis septembre 2020, au moins trois militants écologistes ont été assassinés au Honduras. Dans ce pays à l’économie fragile et totalement dépendant du marché mondial, les tensions entre État corrompu, grandes entreprises et défenseurs de l’environnement ont souvent des conséquences dramatiques. Avec plus de cent-trente morts en dix ans. Entretien avec Bernard Duterme, directeur du Centre tricontinental (CETRI) en Belgique.

Manifestation en hommage à Berta Cáceres, assassinée en 2016
Photo oxfamblogs.org

Au Honduras, petit pays d’Amérique centrale parmi les plus meurtriers au monde, il ne fait pas bon être militant écologiste. Félix Vásquez est le dernier à en avoir fait les frais, le 26 décembre dernier, date de son assassinat. D’origine Lenca, il s’opposait à de gros projets hydroélectriques qui avaient été autorisés sans consultation des populations locales.

LE BOOM DÉVASTATEUR DE L’EXTRACTIVISME

La question socio-environnementale est extrêmement sensible dans toute l’Amérique latine. C’est le premier thème de conflictualité sociale. Rien qu’au Honduras, l’association Global Witness a recensé plus de 130 défenseurs de l’environnement tués de 2009 à 2019.

Bernard Duterme, directeur du Centre Tricontinental (CETRI) en Belgique, s’est intéressé au sujet. Dans la région, explique-t-il, « les communautés locales, dépossédées de leurs terres et ressources, se confrontent aux investisseurs nationaux et transnationaux venus exploiter ces dernières, avec un nouvel élan depuis le début des années 2000 ».

En 2001, en effet, la Chine rejoint l’Organisation mondiale du commerce (OMC), et les cours des matières premières exportées par le Honduras notamment explosent, devenant une aubaine pour le pays. Les gouvernements successifs, depuis, s’engouffrent dans l’exploitation à outrance des sols, avec l’expansion de l’agro-industrie – de la canne à sucre ou de l’huile de palme, notamment -, et celle des sous-sols, avec l’industrie minière.

UNE DÉPENDANCE ACCRUE AU MARCHÉ INTERNATIONAL

Après une période profitable pour le Honduras, qui a multiplié les accords de libre-échange avec l’Europe, les États-Unis et le Canada notamment, les prix ont largement rechuté au milieu des années 2010. Depuis, si le pays tire toujours l’essentiel de son économie de ces extractions, et de l’exportation des matières premières, il est surtout empêtré dans une forte dépendance au marché international.

« La clé des tensions au Honduras est dans cette dépendance. Le pays exporte des matières premières sans valeur ajoutée, ou à peine, explique Bernard Duterme. Il est sous-industrialisé et produit essentiellement du sucre, des bananes, de l’huile de palme, des crustacés et ses minerais, ce qui perpétue cette relation inégale avec le marché mondial et qui fait naître des conflits socio-environnementaux là où ses ressources sont extraites ». Toutes ces pressions sur les ressources créent des tensions et bon nombre de militants en font les frais. (…)

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Voir également
Un indigène écologiste assassiné au Honduras (Reporterre)
Assassinat de Berta Cáceres
(archives)