🇺🇸 🇲🇽 Immigration: pourquoi les États-Unis et le Mexique redoutent la levée du «Titre 42» (RFI / France 24)
Avec la fin annoncée ce jeudi 11 mai à 23h59 de ce dispositif qui permettait d’expulser sans délai les migrants vers le Mexique au nom de la lutte contre le Covid, les autorités américaines craignent un afflux de milliers de personnes.
Ce 11 mai, les règles d’entrée aux États-Unis par voie terrestre changent : le « Titre 42 » doit être levé. Ce protocole strict, qui permettait de passer outre la législation américaine en matière d’immigration et d’empêcher toute personne ne disposant pas d’un visa d’entrer aux États-Unis, y compris pour y demander l’asile, était censé dissuader les candidats à l’exil.
Qu’est-ce que le « Titre 42 » ?
Cette mesure de santé publique remonte à la Seconde Guerre mondiale, une époque où les épidémies faisaient régulièrement des ravages aux États-Unis.
Au moment de l’épidémie de Covid, en 2020, le gouvernement de Donald Trump s’est empressé de la réactiver pour bloquer toute entrée sur le territoire américain au nom de la lutte contre la pandémie. Avec le Titre 42, pas de recours possible : les migrants interpellés sans titre de séjour sont expulsés sans délais vers leur pays de transit – plus rarement vers leurs pays d’origine –, peu importe leur statut.
Depuis son élection, le gouvernement de Joe Biden, après l’avoir prolongée, a tenté de lever plusieurs fois cette mesure, souvent jugée « inhumaine ». Depuis mars 2020, ce dispositif a été appliqué plus de 2,7 millions de fois, selon les statistiques officielles.
Qu’est-ce qui va changer ?
Une fois le titre 42 levé, les États-Unis devront traiter tous les migrants en vertu de la législation américaine sur l’immigration, qui leur permet de demander l’asile pour tenter d’empêcher leur expulsion. Les migrants sans titre de séjour qui arriveront à pied par le Río Grande ne pourront plus être refoulés manu militari, avant même d’avoir pu déposer leur demande d’asile.
L’administration du président Joe Biden lèvera le Titre 42, le protocole strict mis en place par son prédécesseur Donald Trump pour refuser l’entrée aux migrants et expulser les demandeurs d’asile. À la place, l’administration américaine prévoit de dissuader l’immigration illégale avec le Titre 8, qui refuse toute résidence légale future en cas de passage clandestin et prévoit, contrairement au Titre 42, de possibles poursuites pénales à l’encontre des migrants refoulés et dépourvus de visas.
Faut-il craindre un appel d’air ?
Avec la fin de cette mesure, de part et d’autre de la frontière, les autorités craignent une augmentation des tentatives de passages.
Et l’affaire embarrasse Joe Biden, tout juste candidat à sa réélection. Si le démocrate a voulu la levée du Titre 42, la question migratoire reste épineuse, il ne veut pas s’attirer les foudres des républicains selon lesquels, c’est un jour de « chaos » qui attend les Américains. Le sénateur Lindsey Graham évoque près d’un million d’arrivées en provenance du Mexique ces trois prochains mois. Le 11 mai sera « un jour de cauchemar pour les Américains, particulièrement pour les habitants du Nouveau-Mexique et du Texas », deux États limitrophes du Mexique, a-t-il affirmé.
Une inquiétude partagée par le président mexicain, Andres Manual Lopes Obrador. Il met en garde les candidats au départ et appelle à privilégier les voies d’entrée légales. « Dès que le président Biden a annoncé que l’état d’urgence sanitaire était sur le point d’être levé, des passeurs ont commencé à évoquer l’organisation de départs […] Mais nous leur rappelons que d’autres solutions existent, qu’ils n’ont pas à quitter leur pays, qu’ils peuvent effectuer la procédure au Guatemala, au Salvador ou au Honduras. »
Le ministre de la Sécurité intérieure américaine, Alejandro Mayorkas, a rappelé que, même sans le Titre 42, la loi prévoit des poursuites pénales contre les migrants refoulés sans visa. « Nous construisons des voies légales et nous prévoyons des sanctions pour ceux qui n’utilisent pas ces voies. »
L’administration Biden a annoncé le déploiement 1 500 soldats supplémentaires pour épauler la police aux frontières américaine. Interrogé par des journalistes mardi soir à la Maison Blanche sur l’état de préparation des États-Unis face à cette évolution réglementaire, le président américain a répondu : « On verra bien. Ça va être chaotique pendant un moment ». (…)
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