Information de FAL sur le mouvement social en France

13 février 2020

La France connait depuis le 5 décembre 2019, le mouvement social le plus long depuis Mai 68 ; comme celui de décembre 1995 contre le projet de réforme de la sécurité sociale et des retraites de Jacques Chirac. Plusieurs secteurs sont particulièrement mobilisés dans la grève : les transports (SNCF, transports parisiens…), l’enseignement, la culture, les raffineries, la distribution d’énergie, les avocats, les hôpitaux… avec d’importantes manifestations nationales interprofessionnelles. Si le mouvement de grève reconductible s’affaiblit (après plus de 40 jours !), il n’en demeure pas moins que ce mouvement marque profondément et durablement la société française, surtout qu’il advient après celui populaires des gilets jaunes. Mais surtout, qu’aujourd’hui encore il reste massivement soutenu par la population (autour de 60%), en dépit d’une campagne médiatique hallucinante contre les syndicats engagés dans la lutte, en particulier contre la CGT.

Ce mouvement porte sur le projet d’Emmanuel Macron de « réformer » le système de retraites. Il ne s’agit pas uniquement de prolonger la durée de cotisation et de retarder l’âge de départ, qui est l’objet des réformes libérales précédentes, pour beaucoup plus loin : Suppression des régimes liés à certaines professions, changement de la méthode de calcul des pensions se traduisant par une baisse générale des pensions. Mais, surtout il introduit un système de retraites par points qui met à bas le système de retraite par répartition, donc par solidarité entre générations, mis en place en France après la Libération, en 1945, avec la création de la sécurité sociale par le ministre communiste Ambroise Croizat. Enfin, la valeur du point et l’âge d’accès à la retraite évolueront en fonction d’une négociation entre partenaires sociaux (patronat et syndicats) et en fonction de l’espérance de vie, dans le cadre financier fixé par la loi ne devant pas excéder 14% du PIB, même si le nombre de retraité.e.s augmente, ce qui entraîne automatiquement une baisse des pensions.

France Culture: “Manifestation organisée par le collectif “SOS Retraites” rassemblant des avocats, des médecins, des infirmières, des pilotes et d’autres professions libérales, pour protester contre la réforme des retraites. 03/02/2020• Crédits : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT – AFP /”

Cette réforme s’inscrit dans l’objectif stratégique de Macron qui est de détruire ce qui reste des conquêtes ouvrières issues des luttes sociales du XXe siècle et de mettre le pays aux normes de la mondialisation capitaliste. Les fonds de pension soutiennent bien évidement la réforme, voire figurent parmi ses promoteurs, comme le fonds américain Black Rock.

Le Gouvernement Macron refuse toute concertation ou négociation avec les syndicats, même les organisations avec lesquelles il aurait pu trouver une certaine plage d’accord, comme la CFDT, qui n’est pas opposée à un système par points.

Ce mouvement pose clairement en France, la question déterminante du débouché politique à gauche, pour renforcer la dynamique des combats en cours. L’enjeu est cependant d’une importance cruciale, car, faute de débouché politique, le mouvement social peut très bien entraîner, par réaction, une répression réactionnaire, voire enclencher une dynamique qui porterait l’extrême-droite au pouvoir en 2022 lors de la prochaine élection présidentielle.

De plus, le pouvoir de Macron connaît une perte de légitimité très importante.

La reconstruction d’une perspective politique à vocation majoritaire à gauche est donc absolument cruciale et urgente dans ce contexte.

Le 22 janvier, une douzaine de formations de gauche publient « Plate-forme commune des forces de gauche et écologistes », regroupant une douzaine de formations (sans la France Insoumise). Ce document, sans dissimuler les débats subsistants, met en avant six piliers pour de nouveaux droits et six pistes de financement nouvelles. Ce texte a de nombreuses insuffisances mais il montre, pour la première fois depuis 2017 et l’arrivée de Macron au pouvoir, qu’un pas a été franchi pour essayer de sortir la gauche de la paralysie dans laquelle elle se trouve. Il reste un travail considérable à mener mais il s’agit d’une première base. La France Insoumise a décidé de ne pas s’associer à cette recherche de débouché politique à gauche.

La France entre une crise politique et sociale de longue durée qui va connaître de multiples rebondissements sur le terrain des luttes et sur le terrain électoral.

La première échéance électorale sera les élections municipales, qui se tiennent le 15 et le 22 mars.

Fabien Cohen

Secrétaire général de FAL

Version en espagnol:

Información de FAL sobre el movimiento social en Francia

13 de febrero de 2020

Desde el pasado 5 de diciembre de 2019, Francia conoce el movimiento social más largo desde mayo del 68; como el de diciembre de 1995 contra el proyecto de reforma de la seguridad social y las pensiones de Jacques Chirac. Diversos sectores han encabezado la huelga: los transportes (SNCF, transportes parisinos…), la educación, la cultura, las refinerías, las distribuidoras de energía, los abogados, los hospitales, etc… con importantes manifestaciones interprofesionales a escala nacional. El movimiento de huelga reconducible comienza a debilitarse (¡tras más de 40 días!), pero ha marcado profunda y durablemente a la sociedad francesa -sobre todo en un contexto de movilizaciones de los chalecos amarillos-. Sin embargo, cabe resaltar que el movimiento sigue hoy en día siendo respaldado masivamente por la población (alrededor del 60%) pese a la campaña mediática contra los sindicatos comprometidos en la lucha, y especialmente contra la CGT.

Este movimiento ha surgido en reacción al proyecto de Emmanuel Macron de “reformar” el sistema de las pensiones. Se trata, no solamente de prolongar la duración de la cotización y de atrasar la edad de jubilación -elementos que ya habían sido el objetivo de reformas liberales anteriores- sino que va más allá con la abolición de los regímenes ligados a ciertas profesiones, el cambio en el método para calcular las pensiones que se traduce en una disminución generalizada de las pensiones. Pero, además, introduce un sistema de pensiones por puntos que sustituye al sistema de pensiones por repartición, fundado en la solidaridad entre generaciones, y que se instauró en Francia después de la Liberación, en 1945, con la creación de la seguridad social por el ministro comunista Ambroise Croizat. Por último, el valor de los puntos y la edad de acceso a la jubilación dependerán de la negociación entre interlocutores sociales (patronal y sindicatos) y de la esperanza de vida, en el marco financiero establecido por la ley y que no debe exceder 14% del PIB, aunque el número de pensionistas aumente, lo que conduce automáticamente a una bajada de las pensiones.

Esta reforma se inscribe en el objetivo estratégico de Macron que es el de destruir lo que queda de las conquistas obreras obtenidas de las luchas sociales del siglo XX y poner al país en acuerdo con las normas de la globalización capitalista. Evidentemente, los fondos de pensiones apoyan la reforma, hasta constituyen uno de sus principales promotores, como es el caso del fondo americano de inversión Black Rock.

El gobierno Macron se opone a toda concertación o negociación con los sindicatos, hasta con las organizaciones con las que podría haber llegado a un terreno de acuerdo, como la CFDT que no se opone al sistema por puntos.

Este movimiento plantea claramente en Francia la cuestión esencial del devenir político en el marco de la izquierda que permita reforzar la dinámica de las luchas en curso. El desafío es sin embargo crucial puesto que, a falta de una alternativa política, el movimiento social puede provocar, por reacción, una represión reaccionaria, o hasta alimentar una dinámica que lleve a la extrema derecha al poder en las próximas elecciones presidenciales de 2022.

Asimismo, el poder de Macron sufre una pérdida de legitimidad importante.

La reconstrucción de una perspectiva política con vocación mayoritaria a la izquierda es por tanto absolutamente crucial y urgente en este contexto.

El 22 de enero, una docena de formaciones de izquierda (entre las que no se encuentra la France Insoumise) publicaron la “plataforma común de las fuerzas de izquierda y ecologistas”. Este documento, que no pretende ocultar los debates existentes, subraya seis pilares fundamentales para consolidar nuevos derechos, así como seis nuevas pistas de financiación. Este texto, incompleto en algunos aspectos, muestra sin embargo, por primera vez desde 2017 y desde la llegada al poder de Emmanuel Macron, que se ha dado un paso para intentar sacar a la izquierda de la parálisis en la que se encuentra. Queda todavía un trabajo considerable que llevar a cabo, pero se trata de una primera base. La France Insoumise ha decidido no asociarse a esta búsqueda de soluciones políticas de izquierda.

Francia se encuentra así en una crisis política y social de largo recorrido que va puede provocar múltiples imprevistos en el ámbito de la lucha social y en el terreno electoral.

La próxima fecha electoral serán las elecciones municipales, que se desarrollarán el 15 y el 22 de marzo.

Fabien Cohen

Secretario general de FAL.