Le gouvernement accuse des «opportunistes» d’avoir «infiltré» la grève, pointant du doigt les partisans de l’ancien président Lula – qui purge une peine de prison pour corruption, mais reste le grand favori de la présidentielle d’octobre – ou encore, l’extrême droite, dont le candidat, le député Jair Bolsonaro, est deuxième dans les sondages (15 à 17% des intentions de vote). Bolsonaro avait cependant appelé à la fin de la grève, après l’avoir appuyée. «La persistance du mouvement n’aurait pas été possible sans la participation des routiers eux-mêmes, nuance Frederico de Almeida, professeur de sciences politiques à l’université de Campinas (État de São Paulo). Les syndicats qui ont négocié l’accord et se sont dits entièrement satisfaits ne contrôlent pas totalement les camionneurs qui ne leur font pas plus confiance qu’au gouvernement. Michel Temer n’a pas de légitimité.» Le chef de l’État n’a pas été directement élu. Ancien vice-président de Dilma Rousseff, il lui a succédé il y a deux ans, après sa destitution, un «putsch parlementaire» selon la gauche.

Supermarchés dégarnis 

Des soldats lors d’une opération pour dégager une autoroute pendant la grève des routiers, le 30 mai près de São Paulo. Photo Nelson Almeida. AFP

Cette grève était la première contestation sérieuse de son gouvernement, puisque la gauche, sonnée par l’impeachment comme par l’arrestation de son chef de file, n’arrive plus à mobiliser. Coordonné par des groupes formés sur WhatsApp, l’application de messagerie instantanée, le mouvement social avait pris de court le Brésil, le 21 mai. En quelques jours, les camionneurs étaient parvenus à paralyser un pays très dépendant du transport routier pour le ravitaillement en général. Malgré des supermarchés dégarnis et des stations-service à court de carburant, la grève a obtenu le soutien de 87% de la population, selon une enquête Datafolha. Ce qui en dit long sur l’impopularité du Président – inédite depuis le retour à la démocratie, en 1985 – comme de sa politique économique libérale, incapable de relancer l’économie. Sous Dilma Rousseff, la compagnie pétrolière Petrobras, contrôlée par l’État brésilien, était appelée, au nom de la lutte contre l’inflation, à geler le prix des carburants, même si le cours du pétrole grimpait. Mais ses actionnaires privés (minoritaires) ont peu goûté d’essuyer des pertes. Revenue au pouvoir, la droite, elle, laisse fluctuer le prix. La baisse consentie aux routiers est ponctuelle et ne change en rien cette politique.

Démission du président de Petrobras

Michel Temer n’a pas vu venir la grogne. Fragilisé, cerné par les accusations de corruption, il a semblé plus près que jamais de tomber, à quatre mois des élections, ce que même ses alliés n’excluaient plus il y a seulement trois jours (….)

Lire la suite de l’article sur: http://www.liberation.fr/planete/2018/06/01/le-bresil-en-pleine-flambee-sociale_1655892