Le Brésil, témérisé et enfin libre

temer

« Erase una vez un mundo al revés». Il était une fois un monde à l’envers…

Le président brésilien -intérimaire- Michel Temer a accepté de donner son corps et son âme au Brésil. Issu d’un coup d’Etat médiatico-institutionnel contre la présidente illégitime et l’imposteur Parti des Travailleurs (PT), sa légitimité ne souffre aucun doute. Aucun. Michel Temer, élégamment cravaté, est comme son statut l’indique , un précaire, un intérimaire. Familier des « favelas », les pauvres  il connaît de près; il les défendra pour qu’ils restent ce qu’ils sont. Gare donc à l’oligarchie !
Ce gentleman vient de constituer un gouvernement homogène, entièrement masculin. Les hommes pensent et les femmes essuient. Chacun doit rester à sa place.
Destituée « temporairement » pour 180 jours, le temps d’un procès à charge déjà exécuté(e), la pseudo présidente (femme) Dilma Rousseff n’était qu’une erreur de casting qui, avec Lula le métallo, a spolié les plus pauvres. Les chevaliers blancs ont collé à la dame (coupable sans preuves donc coupable), les casseroles que eux ne méritent pas. Et les médias français, quincailliers, astiquent bien le manche… Eux qui n’ont point de casserole au cul. De plus, nos gouvernants ne s’ingèrent jamais dans les affaires des peuples souverains, et n’ont donc pas d’avis sur le « golpe » brésilien… Le Katar non plus. Ni l’Arabie Saoudite, pourtant parangon d’émancipation de la femme et modèle de démocratie.

Ils ont l’échine idéologique accueillante ces messieurs du PMDB (parti démocratique du peuple brésilien), le fan club de Temer. Ils savent nager dans toutes les eaux « démocratiques». « Filho de peixe sabe nadar », fils de poisson sait nager (proverbe portugais). Les pmdébistes détestent les coups d’Etat, sauf si nécessaire.
Le parti de ce Temer relève du monument de vertu et d’éthique. On lui donnerait un cheval sans confession. « A cavalo dado nao se olha a dentes » (si on me donne un cheval je ne regarde pas l’état de ses dents » (proverbe portugais) Depuis la fin du régime militaire, le PMDB n’a pas été trop regardant : il a participé à tous les gouvernements de droite molle, dure, comme de gauche. Pour le bien du pays.

L’équipe gouvernementale de Michel Temer (tous des Blancs, bien propres sur eux ; aucune tache) n’a que 30% de membres poursuivis pour corruption. Partageux, 70% des nouveaux ministres possèdent 250.000 hectares de terre, gagnées à la sueur de leur front blanc, et 33% sont maîtres de divers médias afin d’assurer la liberté d’informer.
Quant au nouveau président, Wikileaks prouve qu’il fut « un informateur des services d’intelligence des Etats-Unis ». Il fut… On fait des heures sup comme l’on peut… On comprend dès lors qu’il ne regarde pas trop l’état de ses dents.
Et « tout cela se passait lorsque je rêvais d’un monde à l’envers » (du poète républicain espagnol J.A. Goytisolo). « Filhos » de P. !! Eux et surtout leurs parrains washingtoniens…

« Il y a en chacun de nous une chose qui n’a pas de nom et cette chose est ce que nous sommes » (de l’immense écrivain communiste portugais José Saramago). Ah, j’oubliais… en portugais, « craindre » se traduit par « temer ». Temer, ça craint…

 

Source :

Jean Ortiz

Chroniques Latines – L’Humanité, 16 mai 2016