Les paysan-ne-s de plus de 70 pays se retrouvent pour construire la souveraineté alimentaire

La septième Conférence internationale de La Via Campesina, le plus grand mouvement paysan au monde, commence aujourd’hui à Derio, une ville tranquille de la province de la Biscaye, au Pays basque. Elle s’y tiendra jusqu’au 24 juillet.

Plus de 450 représentant-e-s de mouvements paysans venus du monde entier se rassembleront pour continuer leur lutte contre le capitalisme et pour proposer des outils concrets de construction d’un autre monde, basé sur la dignité et la souveraineté alimentaire.

Cette conférence, organisée tous les 4 ans, est un rassemblement unique de mouvements paysans et l’espace de décision le plus important de La Via Campesina.

«Ce moment est unique car nous sommes un mouvement très divers et pourtant très uni dans les multiples luttes que nous menons. Nous sommes ceux et celles qui travaillent la terre et nourrissent le monde mais nos territoires sont constamment attaqués. Nous faisons face à une criminalisation croissance. Cette conférence est un pas de plus dans l’internationalisation de nos luttes et dans la création d’une stratégie pour contrer les forces mondiales du Capital et construire un mouvement pour le changement», déclare Elizabeth Mpofu, paysanne au Zimbabwe et coordinatrice générale de La Via Campesina.

«La Via Campesina continue de grandir, nous sommes maintenant près de 200 organisations. Nous sommes une force politique de référence à l’échelle internationale», ajoute Unai Aranguren, membre européen du Comité de coordination international de La Via Campesina.

La VIIe Conférence internationale a été précédée par la IVème Assemblée internationale des jeunes (du 16 au 17 juillet) et par laVème Assemblée internationale des femmes (du 17 au 18 juillet), des espaces pour que les jeunes paysan-ne-s et les femmes du mouvement puissent exprimer les enjeux qui leur sont propres et faire des propositions dans cette lutte.

L’Assemblée des jeunes a fait écho au fait que les jeunes sont celles et ceux le plus concerné-es par les migrations. Il est aujourd’hui plus urgent et plus nécessaire que jamais pour les mouvements sociaux d’investir dans la jeunesse paysanne. Il fait d’une part promouvoir une réforme agraire qui permette aux jeunes paysan-ne-s d’accéder à la terre, aux territoires et de pouvoir les contrôler et d’autre part intensifier les formations sur les pratiques agro-écologiques paysannes. Les jeunes ont aussi témoigné de leur solidarité à l’égard de la « Marche pour la défense de la souveraineté alimentaire et de la Terre Mère », organisée par le mouvement pour la terre en Euskal Herria.

L’Assemblée des Femmes a souligné la multiplication des cas de violences faites aux femmes, qu’elles soient domestiques, dans le travail agricole ou ailleurs dans la société patriarcale. Les participant-e-s ont également réaffirmé leur engagement à poursuivre leur lutte pour aboutir à un changement, basé sur le féminisme et la souveraineté alimentaire.

Avec un intense programme de quatre jours, le mouvement paysan réfléchira et discutera sur de nombreux sujets, dont la souveraineté alimentaire, l’agroécologie paysanne, les réseaux autonomes de formation, les droits des migrants, le commerce, la justice climatique, la criminalisation des mouvements sociaux et la construction d’alliances. Il discutera également du projet de Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales, initié par La Via Campesina et qui a déjà atteint un stade avancé de négociation au sein du Conseil des Droits de l’Homme des Nations unies. De nouvelles lignes d’action stratégiques seront définies, fixant le cadre de la lutte pour les 4 années à venir et accueillant de nouveaux membres et leaders.

Ce dimanche 23 juillet, La Via Campesina, EHNE Bizkaia (l’organisation hôte et membre du mouvement mondial au Pays basque) et leurs alliés marcheront, avec des paysans et des paysannes de la région, jusque Bilbao en solidarité avec toutes celles et tous ceux qui luttent pour défendre leurs terres et territoires contre les grands projets d’infrastructures.

Lundi 24, des visites de terrain seront organisées dans le Pays basque pour tou-te-s les participant-e-s. Des visites plus longues des 26 au 28 juillet sont également prévues pour les participant-e-s des 9 régions de La Via Campesina.

19 Juillet 2017, Derio

*Article originellement publié sur Alainet