Accords de libre-échange : vers une signature de l’Europe avec le Chili et le Mercosur ? (Luis Reygada – L’Humanité) / France Info)


Après avoir ratifié l’accord de libéralisation du commerce UE-Nouvelle-Zélande en décembre 2023, les Parlementaires européens doivent se prononcer ce jeudi 29 février sur deux nouveaux accords avec le Chili et le Kenya. Tous deux vont contribuer à augmenter l’importation de produits agricoles : viandes bovine, porcine, ovine et volailles, pommes, kiwis, haricots, fleurs et tant d’autres vont faire des milliers de kilomètres alors qu’ils sont également produits sur le sol européen. Quant à l’accord conclu en 2019 avec le Mercosur (regroupant l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay), sa ratification est bien loin d’avoir été abandonnée malgré les récentes postures de Paris à ce sujet. 

Accords de libre-échange : les eurodéputés s’apprêtent à ratifier deux nouveaux traités (Luis Reygada / L’Humanité)

Les eurodéputés s’apprêtent à ratifier, jeudi 29 février, des accords commerciaux avec le Kenya et le Chili. Celui avec le Mercosur est loin d’être abandonné.

© Frederick Florin / AFP

Elle est particulièrement décriée par les paysans français, la concurrence « déloyale » provenant de pays extracommunautaires et facilitée par des accords de libre-échange. Des textes qui, régulièrement, se retrouvent dans le viseur des syndicats agricoles. Une étude du Centre commun de recherche de la Commission européenne publiée la semaine dernière reconnaît que certains secteurs sensibles, notamment ceux des viandes bovine et ovine, de la volaille, du riz et du sucre, devraient faire face à une « concurrence accrue » de la part de la dizaine de partenaires avec lesquels des accords sont actuellement négociés.

Parmi ceux-ci, l’Australie, l’Inde, l’Indonésie, la Malaisie, le Mexique, les Philippines, la Thaïlande ou encore la Nouvelle-Zélande. Ratifié en novembre dernier, l’accord commercial conclu avec ce dernier pays permet par exemple l’importation en Europe de jusqu’à 10 000 tonnes de viande de bœuf, de 38 000 tonnes de viande ovine ou encore de 25 000 tonnes de fromage par an avec des préférences tarifaires.

En nombre, les organisations réclament un moratoire sur les traités commerciaux en cours de négociation par l’Union européenne. Et pourtant, alors que se tient à Paris le Salon de l’agriculture, où le président Emmanuel Macron s’est heurté, samedi 24 février, à de très vives contestations, deux nouveaux accords, avec le Chili et le Kenya, doivent être votés jeudi prochain au Parlement européen.

Porte de Versailles, le chef de l’État a promis aux délégations syndicales « un prix minimum, un prix plancher » pour permettre de garantir le revenu agricole. Mais Maxime Combes, économiste à l’Aitec, dénonce un coup d’esbroufe. « Ce ne sont que des promesses en l’air tant que l’on continue de ratifier toujours plus d’accords de libre-échange. Ces traités intensifient la compétition internationale, tirent les prix vers le bas et empêchent de mettre en œuvre des politiques de régulation fortes, stables et pérennes », explique-t-il. Près de 150 organisations de la société civile ont lancé des appels aux parlementaires européens afin qu’ils s’opposent à l’approbation des traités avec le Kenya et le Chili. (…)

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Écrivez aux députés européens : « Votez NON aux accords UE-Chili et UE-Kenya ! » ici
(campagne du collectif Stop Ceta-Mercosur)


C’est quoi le Mercosur, l’alliance économique des pays sud-américains qui inquiète les agriculteurs français ? (France Info)

Gabriel Attal a annoncé plusieurs mesures en faveur de l’agriculture, mercredi 21 février. À cette occasion, le Premier ministre a redit son opposition au traité de libre-échange avec le Mercosur. Franceinfo vous explique ce qu’est cette alliance de pays sud-américains.


Mercosur” est l’abréviation du terme espagnol “Mercado común del Sur”. C’est le “marché commun” de l’Amérique du Sud. C’est l’alliance économique de cinq pays de cette région : Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay et récemment la Bolivie.

Comme les pays européens, ces cinq États ont créé une zone de libre-échange en faisant tomber leurs frontières et les droits de douane. Ils ont une politique commerciale commune vis-à-vis des pays extérieurs. Les membres du Mercosur coordonnent leurs politiques économiques, agricoles, industrielles. Autour de ces cinq États, il y a des pays “associés” : Chili, Colombie, Équateur, Guyana, Pérou et Suriname.

On peut dire que le Mercosur est un poids lourd : un marché de près de 300 millions de personnes. Les cinq pays membres représentent à eux seuls 80% du PIB de l’Amérique du Sud. Sur le plan international, le Mercosur est le quatrième bloc économique de la planète, derrière l’alliance des pays d’Asie – avec notamment la Chine et le Japon, derrière l’Alena – États-Unis, Canada, Mexique – et l’Union Européenne.

Au sein du Mercosur, il y a un “géant”, c’est le Brésil, qui produit chaque année les trois quarts de la richesse de cet ensemble. Le Brésil “géant agricole” : premier producteur et exportateur mondial de soja, sucre et café. Premier fournisseur mondial de viande bovine, de poulet, de maïs. Le Brésil qui a misé massivement sur les cultures transgéniques et les pesticides, dont il est le premier consommateur au monde. (…)

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