L’ombre des gilets jaunes plane sur l’Argentine (Arthur Brault-Moreau/Regards)

Quelque 15.000 personnes ont manifesté à Buenos Aires jeudi dernier en pleine période estivale. Marche des Torches dans les villes du pays, actions brouhaha les vendredis, les initiatives pour mobiliser l’Argentine en cette fin de mandat de Mauricio Macri se multiplient. L’année 2019 sera chargée en élections, les forces de gauche préparent le terrain et rêvent d’une mobilisation similaire aux gilets jaunes français.

Carolina et Maïten sirotent leur maté en attendant le départ de la première manifestation de l’année. On est à Buenos Aires, en Argentine. La circulation est à peine coupée, les différents cortèges doivent assurer eux-mêmes la sécurité. Maïten est nourrice, elle vient ici pour protester contre les hausses des tarifs des services publics comme le gaz et l’électricité – les tarifazos comme on les appelle ici : « Mon père est retraité mais était obligé de travailler pour compléter la retraite minimale qu’il reçoit [au montant inférieur au seuil de pauvreté, NDLR] puis l’entreprise l’a licencié. Avec mon salaire de nourrice j’essayais d’aider à remplir les assiettes, mais à présent ça va être très dur. »

L’augmentation des tarifs a été décidée durant les fêtes de fin d’année par le gouvernement Macri. Le leader de Cambiemos avait parié sur un programme franchement néolibéral mais les investissements et la croissance pointent pour l’instant aux abonnés absents, à tel point que le chef du gouvernement a demandé un nouveau prêt au FMI d’un montant record de 57 milliards de dollars. Cet accord est en train de précipiter la logique austéritaire de Macri et aboutit notamment au plan d’augmentation des tarifs.

Cira, jeune mère de famille, vient pour la première fois en manifestation. « En un mois ma facture a doublé, je payais 780 pesos pour l’électricité et à présent je dois payer 1.500 pesos [soit plus de 35 euros lorsque le revenu minimum est de 420 euros, NDLR] ». A ces augmentations, il faut ajouter l’inflation – de 44% fin 2018 – et un budget 2019 marqué par une baisse de 6% des dépenses sociales tandis que le chômage se maintient à 9% et que le taux de pauvreté avoisine les 30%. Pour beaucoup de manifestants, c’est la somme des mesures prises depuis l’arrivée de Macri au pouvoir en 2015 qui expliquent le mécontentement actuel. C’est ce que nous expliquent Pina et Miguel, deux retraités du quartier Almagro : « On vient ici pour nos retraites mais aussi contre le chômage, la pauvreté et la répression qui s’aggravent avec Macri. On a peur pour nous et pour le reste de notre pays, on a le sentiment d’être attaqués de partout. » …

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