Mon cher Lula : lettres à un président en détention (un ouvrage dirigé par Maud Chirio / Éditions Anamosa)


Au cours de sa détention, entre avril 2018 et octobre 2019, l’ancien président brésilien Lula a reçu près de 25 000 lettres de soutien de citoyens ordinaires.

Femme de ménage ou professeure à l’université, maçon, étudiant, agriculteur ou paysan sans terre, infirmière et ouvrier métallurgiste, tous témoignent leur solidarité et leur gratitude. En toile de fond, se déroule la campagne pour la présidentielle de 2018 au terme de laquelle Bolsonaro sera élu, dans un climat de violence et d’inquiétude qui se propage. Les lettres se font l’écho d’une parole populaire empreinte de ferveur, de solennité et de familiarité. Elles racontent, remontant souvent plusieurs générations, des histoires de vie, le travail, la misère, l’expérience de la faim, la fierté de l’ascension sociale et de faire des études… De façon vibrante, sensible et implacable, ce document exceptionnel forme un récit choral du Brésil contemporain. Il dit en somme à quel point l’invention d’un État providence change la vie des gens.

Un ouvrage que France Amérique Latine vous recommande

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Lettres d’un peuple en lutte
(Philippe Artières / En attendant Nadeau

Journal de la littérature, des idées et des arts)

Le 7 avril 2018, l’ancien président brésilien Lula se livre à la justice pour purger une peine de 580 jours à la suite de sa condamnation pour prise illégale d’intérêts alors qu’il dirigeait le pays. Ce jour-là, l’homme qui a donné un espoir inédit au peuple brésilien scelle un pacte avec ce dernier lors d’un discours historique : « notre combat, c’est la recherche du printemps ». Pendant les presque deux ans qu’il passera dans une cellule du commissariat de Curitiba, la froide capitale de l’État du Paraná, près de 25 000 lettres seront adressées au détenu pour lui témoigner soutien, reconnaissance et espérance.

Cette prise d’écriture comme acte de résistance est unique ; tout aussi remarquable est le souci d’archivage de ces documents, qui esquissent une histoire populaire contemporaine du Brésil. Un livre restitue ce moment collectif.

Mon cher Lula n’est pas un livre d’historien, contrairement à celui publié par Carl Bouchard sur les lettres envoyées au président américain Wilson par des citoyens anonymes français entre novembre 1918 et juin 1919 pour le remercier de l’engagement décisif de son pays dans la guerre (Cher Monsieur le Président. Quand les Français écrivaient au président Wilson (1918-1919), Champ Vallon, 2015) ; ce n’est pas non plus un livre de sociologie questionnant le fait d’écrire aux puissants (comme le récent Écrire au président de Julien Fretel et Michel Offerlé, La Découverte, 2021). Il ne s’agit pas non plus, comme avec Luc Boltanski et Arnaud Esquerre, de travailler à partir d’un corpus d’écrits réagissant à la publication d’un article pour penser plus généralement la notion d’actualité ; Mon cher Lula est une anthologie d’écrits qui constituent ensemble la grande banderole du peuple brésilien en lutte, la banderole de la photographie du cortège en couverture du volume, celui de milliers de Lula.

L’objet, des plus simples, rend cette publication d’autant plus importante. Mon cher Lula donne à lire ces courriers adressés au prisonnier Lula, mais constitue aussi un extraordinaire autoportrait de la société brésilienne quelques mois avant que le violent et autoritaire Jair Bolsonaro ne soit élu à la tête du pays. On peut dès lors qualifier ce volume, publié en France par l’historienne Maud Chirio en collaboration avec des collègues brésilien.ne.s, de geste politique. Il est en effet conforme au projet qui a vu la victoire de Lula, celui que le pays soit gouverné par un homme venu du peuple et soucieux du peuple. Ce ne sont ni les lettres des intellectuel.le.s, ni celles des politiques qui sont ici transcrites et traduites, mais celles de femmes et d’hommes dont l’inscription personnelle dans les archives du contemporain sera peut-être cette unique missive, ces quelques lignes sur une carte postale ou ces longues pages noircies de mots. Les historien.ne.s ont pris soin de faire précéder chacun de ces documents de quelques lignes présentant le scripteur à partir des quelques données disponibles. Et ce ne sont pas que les transcriptions d’écrits qui sont publiées, mais aussi tout un ensemble d’objets reçus par Lula, puis la Vigia (vigie), ce campement qui ne cessa de « veiller » à proximité sur le prisonnier, et enfin la fondation Lula, un petit pavillon à São Paolo. Nul message électronique dans ce corpus mais tout un ensemble de productions graphiques (dessins, collages, etc.) qui font davantage songer à la « pluie de roses » reçue au carmel de Lisieux après la mort de Thérèse, notamment de la part des poilus pendant la Première Guerre mondiale, qu’à des lettres standardisées. (…)

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« Cher président, camarade Lula »
(Cathy Dos Santos / L’Humanité)

Au cours des 580 jours de son incarcération arbitraire, l’ex-chef de l’État brésilien a reçu des milliers de lettres de ses concitoyens saluant l’homme et une action politique qui a contribué à changer, adoucir, leur vie. Des histoires personnelles poignantes. Un vrai trésor documentaire.

Il y a des dessins, des images iconiques de Lula, des photos, des prières comme autant de souhaits, et il y a, bien sûr, des lettres. Des lettres rédigées par des enfants et dont la calligraphie témoigne d’un effort d’application considérable. Et puis, il y a l’écriture parfois hésitante de ces adultes qui laisse transparaître l’émotion et la ferveur, la reconnaissance et l’amour. Ces lettres de Brésiliens et Brésiliennes – à peu près 25 000 – ont été adressées au président Luiz Inacio Lula da Silva, au lendemain de son arrestation le 7 avril 2018 et durant les 580 jours que dura sa détention dans la prison de Curitiba. Sous la direction de l’historienne Maud Chirio, un groupe d’experts et de professionnels s’est chargé d’un incroyable travail d’archivage au sein de l’Institut Lula, où elles étaient entreposées, afin de préserver ce patrimoine d’une rare densité. (…)

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