Ombres et lumières du système médical cubain (Chloé Maurel / The Conversation)

Le 22 mars 2020, 52 soignants cubains ont débarqué à l’aéroport de Milan pour venir en aide aux Italiens face à l’épidémie de coronavirus. Les médecins cubains sont aujourd’hui déployés dans 38 pays pour combattre le Covid-19. Mais comment cette petite île tropicale, pauvre et soumise depuis des décennies à un sévère blocus américain parvient-elle à se montrer si performante dans le domaine médical ?

Article de Chloé Maurel, chercheuse associée à l’Institut d’histoire moderne et contemporaine (Ecole Normale Supérieure, CNRS, Université Paris 1), École normale supérieure – PSL

Un système de santé égalitaire et gratuit

Tout commence en 1959, lors de l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro, qui met fin à la dictature pro-américaine corrompue de Fulgencio Batista et instaure progressivement un régime communiste. La santé est érigée en priorité. Fidel Castro et son camarade Ernesto « Che » Guevara, qui est médecin de formation, nationalisent les entreprises pharmaceutiques et mettent en place un système de santé publique gratuit pour tous, comme le proclamera quelques années plus tard la Constitution cubaine de 1976. En vertu de ce principe, Cuba consacre chaque année plus de 11 % de son PIB à la santé, se plaçant parmi les premiers pays du monde selon cet indicateur. Du fait de cette politique volontariste, l’île bénéficie d’un très bon taux de médecins par rapport à sa population : 8,19 pour 1 000 habitants, soit le premier rang mondial, en augmentation de 695 % en 54 ans. En outre, la formation médicale est gratuite à Cuba, comme les soins médicaux.

Les médecins cubains sur tous les fronts dans le monde

Malgré le sévère embargo américain auquel l’île est soumise depuis l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro, Cuba a déployé, dès les années 1960, une politique d’internationalisme médical dont profitent notamment les rebelles d’Angola et du Mozambique qui cherchent à mettre fin à la domination coloniale du Portugal salazariste. En 1975-1976, avec l’« opération Carlota » (du nom d’une esclave noire qui avait mené une insurrection à Cuba en 1843), plus de 30 000 conseillers cubains débarquent en Angola pour soutenir la lutte pour l’indépendance. L’aide cubaine est à la fois militaire et médicale. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici