🇦🇷 🇧🇷 🇺🇸 À l’ONU, la diplomatie à géométrie variable de Donald Trump face à l’Argentine de Milei et au Brésil de Lula (Revue de presse internationale / France Culture)
Donald Trump a apporté son soutien inconditionnel à l’Argentine de Javier Milei, confronté à la fébrilité des marchés financiers après une série de revers électoraux et législatifs. Mais le président des États-Unis a affiché ses divergences avec son homologue brésilien à la tribune de l’ONU.
Entretien avec Sébastien Velut, professeur de géographie à l’IHEAL (Institut des Hautes Études de l’Amérique Latine)
En marge de l’Assemblée générale des Nations unies, cette semaine, l’administration Trump a annoncé qu’elle était prête à racheter des titres de dette argentine et à faciliter l’accès au dollar pour soutenir l’économie à la peine de son allié ultralibéral Javier Milei, fragilisé par des turbulences financières ces dernières semaines. « Le Trésor est actuellement en négociation avec les autorités argentines pour mettre en place » un accord à vingt milliards de dollars pour faciliter l’accès du pays à la devise américaine et soutenir le peso, a annoncé sur X le ministre états-unien des Finances, Scott Bessent. L’opération passerait par un accord avec la banque centrale argentine en vue de procéder à un échange de devise, dit de « swap ». Dans le même temps, une crise diplomatique sans précédent met aux prises le Brésil et les États-Unis : Donald Trump multiplie les pressions sur la première puissance d’Amérique latine, en représailles à une supposée « chasse aux sorcières » contre son allié d’extrême droite, l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro. Les présidents états-unien et brésilien ont prévu de « se revoir la semaine prochaine ».
Est-ce pour des raisons idéologiques que Donald Trump et Javier Milei se sont encore plus rapprochés cette semaine ?
Oui, Javier Milei et Donald Trump s’inscrivent dans la même galaxie politique. Javier Milei a été l’un des premiers partisans de Donald Trump en Amérique latine. Dernièrement, Donald Trump et les États-Unis ont libéré des fonds qui ont évité, disons, la banqueroute de l’Argentine. Et ce qu’on observe, notamment, dans les propos de Donald Trump aux Nations unies, c’est qu’il parle à des personnes : il y a des gens qui sont du « bon côté » et qu’il va soutenir, et puis il y a ses ennemis, ce qui rompt évidemment avec les habitudes diplomatiques. Normalement, on parle avec tout le monde, mais là, ses amis, ce sont des gens qui, comme Milei, défendent effectivement des valeurs très conservatrices.
Dans le même temps, le Brésil de Lula se voit imposer des droits de douane de 50 % par Washington, alors que les États-Unis ont un excédent commercial avec le Brésil. Est-ce, là encore, pour des raisons idéologiques ? Est-ce que Washington punit le Brésil pour le procès et la condamnation de l’ancien président d’extrême droite Jair Bolsonaro, qui est un ami de Donald Trump ? Peut-on également voir, dans cette guerre commerciale, l’importance de Pix, un système de paiement mobile, gratuit et instantané, lancé par la Banque centrale brésilienne et qui remet en cause l’hégémonie d’entreprises basées aux États-Unis ?
La condamnation de Bolsonaro et le système de paiement Pix sont deux sujets distincts. Mais je pense surtout que le Brésil constitue, en Amérique latine, un contrepoids par rapport à l’influence que peuvent avoir les États-Unis. Et puis, c’est vrai que, autant le discours de Donald Trump aux Nations unies était désastreux, autant Lula a fait un discours extrêmement éclairant, qui montrait des voies possibles pour l’avenir. Il y a donc une rivalité entre les deux hommes sur la scène internationale : Lula rappelant, d’une part, la nécessité de maintenir l’aide au développement que Trump a souhaité réduire et annuler, et, d’autre part, la souveraineté brésilienne et le fait que la justice avait condamné légitimement, dans un procès équitable, l’ancien président Jair Bolsonaro.
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