Poursuivons la lutte jusqu’à ce que la dignité redevienne la norme / Continuemos la lucha hasta que la dignidad se haga costumbre (Communiqué de l’Association d’ex-prisonniers politiques chiliens en France)


Le 19 décembre prochain, le peuple chilien sera appelé à se prononcer pour l’un des deux candidats à la présidence de la République. Ces élections ont lieu dans un contexte très particulier. En effet, ces deux dernières années, les Chiliens ont massivement manifesté leur refus du système économique, politique et culturel hérité de la dictature.

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Les objectifs de cette mobilisation sont l’éducation gratuite et de qualité, un système de santé pour tous, des pensions décentes pour nos anciens, la défense de l’environnement et des ressources naturelles qui appartiennent à tous les citoyens.

Commencée en octobre 2019, la mobilisation a réussi à imposer un début de discussions pour changer la Constitution héritée de la tyrannie pinochetiste. Ce progrès a été atteint au prix d’énormes sacrifices, que le peuple a payé par des personnes blessées, torturées et assassinées, sans compter les très nombreux prisonniers politiques de la révolte, dont certains sont encore enfermés.

Kast, le candidat d’extrême droite, représente, en chien fidèle, le plus injuste des systèmes, celui que la violence et la répression de la dictature ont imposé au Chiliens depuis si longtemps. Le programme proposé par ce candidat constitue la version civile de ce que le pinochetisme a appliqué militairement. Les mesures qu’il annonce sont une copie conforme, à peine actualisée, du franquisme des années 1940-1950 que la tyrannie militaire chilienne a pris pour modèle.

Ses discours et son programme gouvernemental désignent clairement qui seront les principales victimes de son mandat : les opposants politiques, les femmes, les pauvres du Chili, les indiens Mapuche et les immigrants qui devraient trouver refuge dans notre pays, comme de milliers d’entre nous l’ont trouvé sous d’autres cieux, il n’y a pas si longtemps.

Son objectif déclaré est la restauration de « l’ordre et de la gouvernance » mis en question par les luttes de millions de Chiliens. Parmi les mesures qu’il propose, se trouvent l’annulation du processus conventionnel destiné à la rédaction d’une nouvelle Constitution, la libération des assassins condamnés pour crimes contre l’humanité qui purgent leurs peines à la prison de Punta Peuco, la vente des rares entreprises appartenant encore à l’État – telles que Codelco (productrice de cuivre) -, et le renforcement du contrôle policier ainsi que de l’emprise militaire sur l’économie et sur la société chiliennes.

Nous, Chiliens de l’exil, physiquement éloignés, mais proches par le cœur des plus grandes causes de notre peuple, nous ne pouvons pas rester indifférents. Kast représente « la voie chilienne vers le fascisme », qui dissimule sa barbarie derrière un masque électoral. Notre devoir est d’empêcher à tout prix que le danger d’un nouvel ordre dictatorial, comme celui que nous avons enduré pendant dix-sept années il y a trois décennies, s’empare à nouveau du pouvoir et finisse par annuler toute possibilité d’évolution de la société chilienne. Nous ne devons pas lésiner sur les moyens pour empêcher que Kast parvienne à la présidence du Chili.

  • Liberté pour tous les prisonniers politiques !
  • Pas une seule voix pour l’extrémiste Kast !

CA de l’Association d’ex-prisonniers politiques chiliens – France (AEXPPCH)
Paris, 11 décembre 2021