🇺🇾 Présidentielle en Uruguay : avec Yamandú Orsi, la gauche de retour au pouvoir (Luis Reygada / L’Humanité)
Le dauphin de « Pépé » Mujica a remporté la présidentielle en Uruguay, dimanche 24 novembre. L’ancien professeur d’histoire dirigera le pays à partir du 1er mars 2025, après une parenthèse de droite de quatre ans. Il pourra compter sur des parlementaires en nombre suffisant pour mener une politique progressiste.
Le candidat de la coalition de gauche Frente Amplio (FA) a remporté dimanche 24 novembre l’élection présidentielle en Uruguay, une victoire marquant le retour au pouvoir du camp progressiste de l’emblématique ex-président José « Pepe » Mujica. Porte-drapeau de l’opposition, Yamandú Orsi s’est imposé par 49,8 % des voix, contre 45,9 % pour son adversaire de centre droit, Alvaro Delgado (Parti national), homme du président sortant Luis Lacalle Pou, au pouvoir depuis 2020 et empêché par la Constitution de briguer un second mandat consécutif.
Yamandú Orsi prendra ses fonctions le 1er mars 2025, et pourra s’appuyer sur une gauche bien ancrée au sein de l’Assemblée générale. Le 27 octobre, des élections parlementaires concomitantes au premier tour avaient vu le FA remporter 16 des 30 sièges du Sénat et 48 des 99 sièges de la Chambre des députés, soit deux de moins que le nombre requis pour obtenir la majorité absolue. Lors de sa campagne, Yamandú Orsi avait souligné que ce résultat offrait à son camp les conditions pour « mener à bien les transformations dont le pays a besoin ».
Dimanche soir, après l’annonce des résultats très rapidement reconnus par son opposant, Yamandú Orsi a toutefois assuré que sa victoire augurait d’un « changement » qui ne sera « pas radical ». Dans son discours de victoire, il a promis notamment de diriger un gouvernement de « dialogue », tout en rendant hommage à tous les partis politiques, ainsi qu’au « système républicain démocratique » de son pays. Comparé à ses voisins, il est vrai que l’Uruguay fait figure d’anomalie dans une région en proie à une crise des partis politiques traditionnels et marquée par des campagnes politiques violentes.
Âgé de 57 ans, ancien professeur d’histoire et gouverneur d’un département en périphérie de Montevideo entre 2015 et 2024, le président élu a grandi dans une famille rurale modeste. En 1989, il rejoint un mouvement de gauche fondé par l’ex-guérillero José Mujica. À 89 ans et atteint d’un cancer, ce dernier n’a pas ménagé sa peine pour mettre sa grande popularité au service de son dauphin durant la campagne. « Je le connais depuis ses débuts », avait-il déclaré dans la dernière ligne droite, soulignant ses talents de « négociateur ».
Pour l’ex-président, la victoire de Yamandú Orsi s’explique notamment par sa faculté à comprendre aussi bien les Uruguayens des villes que des campagnes. « En 2019 nous, le FA, avons subi une défaite causée principalement pas trois facteurs : un éloignement vis-à-vis de nos bases sociales, un manque de propositions du point de vue programmatique, et enfin une déstructuration de l’organisation du parti », reconnaît Verónica Piñeiro.
Jointe par l’Humanité, la vice-présidente du Frente Amplio estime que son parti a appris de ces erreurs, « c’est ce qui nous a permis de remporter la victoire cette fois. La construction de notre programme nous a pris deux ans, et Yamandú Orsi a été élu avec le meilleur projet, après une campagne qui s’est appuyée sur près de 500 comités locaux de soutien ». Mais les erreurs du gouvernement libéral paraissent aussi avoir compté dans ce scrutin. (…)
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Voir également : Uruguay : « La victoire de la gauche isole Javier Milei dans la région du Cône Sud » (Luis Reygada / L’Humanité / article réservé aux abonné·es)