Remise de la lettre s’opposant à l’invitation adressée par François Hollande au président mexicain Enrique Peña Nieto
Remise de la lettre s’opposant à l’invitation adressée
par François Hollande au président mexicain Enrique Peña Nieto
Depuis son arrivée au pouvoir, d’abord en tant que gouverneur de l’Etat du Mexique (cas d’Atenco en 2006), puis comme président de la République (massacres de Tlatlaya, Iguala, Apatzingan, Tanhuato), Enrique Peña Nieto a été responsable, en tant que chef des forces de l’ordre, de crimes réalisés contre son propre peuple. Il a été le premier à cautionner par son inaction l’intolérable violence dans laquelle vit quotidiennement l’ensemble de la société mexicaine. Un des exemples les plus récents est celui de la disparition de 43 étudiants de l’Ecole normale rurale d’Ayotzinapa le 26 septembre 2014. Ce cas a mis à nu le modus operandi du gouvernement mexicain : face à une attaque préméditée dont toutes les forces de l’ordre avaient connaissance en temps réel, les autorités ont essayé d’éluder toute responsabilité en affirmant, sans la moindre gêne, devant les familles des jeunes disparus et l’ensemble de la communauté mexicaine, que les étudiants avaient été enlevés et calcinés dans une déchetterie, leurs restes jetés dans une rivière dans des sacs poubelle.
Après le déni de justice, le gouvernement de Peña Nieto a réactivé la répression et le harcèlement envers les familles des étudiants disparus et leurs soutiens. Dernièrement, le 7 juin 2015, jour des élections des maires, gouverneurs et députés mexicains, le gouvernement a déployé la police fédérale et l’armée dans trois Etats du Mexique : Guerrero, Oaxaca et Chiapas, dans le but de réprimer la population, principalement des enseignants, qui manifestaient pour dénoncer la collusion entre les hommes politiques et les narcotrafiquants, et s’opposaient à tout processus électoral tant que justice n’aurait pas été rendue. Résultat : 127 détenus et une personne tuée par la Police Fédérale.
C’est dans ce contexte que la France s’apprête à signer la vente de 50 hélicoptères Airbus « SuperPuma », qui serviront sans doute, tout comme dans les 40 dernières années, à réprimer les mouvements sociaux qui dénoncent la violation systématique des droits de l’homme par l’Etat. C’est également dans ce contexte que la France va recevoir, en tant qu’invité d’honneur, le président mexicain Enrique Peña Nieto et son armée qui, malgré sa néfaste réputation auprès des organismes de droits de l’homme, va défiler sur les Champs Elysées le 14 juillet 2015.
A travers cette lettre, la communauté mexicaine en France et l’ensemble des signataires dénoncent tous ces crimes et violations, cautionnés et encouragés par l’ensemble des accords économiques et militaires entre le Mexique et les États européens. Aussi, nous déplorons le rôle des grandes entreprises de l’industrie militaire et civile qui, à l’instar d’Airbus, cherchent à signer des contrats mirifiques au détriment de la population mexicaine, triple victime de la pauvreté, de la violence d’Etat et de la loi des narcotrafiquants.
Une version plus courte de la même lettre fait l’objet d’une pétition on-line. Elle est hébergée par la plateforme Change.org et restera accessible jusqu’au 13 juillet. A ce jour, elle compte plus de 5 500 signatures.
Afin d’informer la société civile de cette situation d’urgence, une table ronde aura lieu le 26 juin, à l’occasion des 9 mois de la disparition des étudiants d’Ayotzinapa et de la Journée internationale contre la torture. Nous vous enverrons les détails (heure et lieu) dans les prochains jours, mais vous y êtes, dès maintenant, très cordialement conviés.
Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples
Télécharger la lettre remise à François Hollande en pdf :