🇲🇽 Rencontre internationale de rébellions en territoire zapatiste (Carolina Fernández Ares / Agencia Tierra Viva / Traduction par CDHAL)
Plus de trois décennies après le soulèvement de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), la rencontre « Algunas partes del todo » (Certaines parties du tout) rassemble les luttes et les résistances de collectifs mexicains et d’une dizaine de pays. Cet espace vise à nourrir l’organisation et à partager les erreurs et les réussites des constructions autonomes, les défis face aux mégaprojets extractivistes et le regard des générations futures.
Au Chiapas, dans le sud du Mexique, il existe de vastes étendues de territoire où les peuples autochtones zapatistes construisent leur vie dans l’autonomie et la démocratie directe. Ils rejettent le gouvernement national, qui n’a jamais veillé aux droits et aux besoins des communautés, et se déclarent en résistance et en rébellion. Les zapatistes ont réussi à construire leur propre système de santé autonome, leur propre système éducatif, leur système de gouvernement local et horizontal, leur sécurité, et dénoncent les programmes sociaux mis en œuvre par le gouvernement de la présidente Claudia Sheinbaum (Morena) pour fragmenter les communautés paysannes.
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Trente et un ans après le soulèvement armé de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), au cours duquel ils ont crié « Ya basta » (Ça suffit) et exigé « Nunca más un México sin nosotros » (Plus jamais un Mexique sans nous), le dimanche 3 août a débuté la rencontre « Algunas partes del todo » (Certaines parties du tout), organisée par le zapatisme, dans le but de partager les luttes et les résistances à travers le monde. Plusieurs rencontres ont déjà été organisées dans le but de partager les luttes et les résistances avec d’autres collectifs en rébellion, tant au niveau national qu’international. Pendant la pandémie, ils ont été fermés au contact avec l’extérieur, par mesure de précaution, mais ils ont maintenant repris l’organisation de rencontres internationales pour les formes de résistance de chaque territoire.
La rencontre a débuté au Caracol Torbellino de Nuestras Palabras (« caracol » désigne les communautés autonomes qui prennent les décisions au sein du territoire zapatiste), situé dans la localité de Morelia, à quelques kilomètres d’Altamirano, l’une des quatre villes occupées par les zapatistes le 1er janvier 1994. L’inauguration a eu lieu avec l’entrée de la milice dans l’espace central du caracol. Le sous-commandant Moisés, porte-parole du mouvement, a prononcé un discours de moins de 5 minutes dans lequel il a souhaité la bienvenue à « toutes et tous » à la rencontre et a clairement déclaré : « Aujourd’hui, nous sommes tous une petite fille palestinienne, nous sommes tous un petit garçon palestinien », et un profond silence s’est installé. À ce moment-là, chaque milicien et milicienne de l’EZLN a déployé un drapeau palestinien. Le lien entre les opprimés du monde entier contre le système et les guerres capitalistes était ainsi établi.
Lors de la rencontre, chaque collectif a la possibilité de partager le contexte dans lequel il est impliqué, ses défis et les actions concrètes qu’il mène. Le Congrès national indigène (CNI), qui rassemble et met en dialogue les luttes des différents peuples autochtones sur tout le territoire mexicain, a ouvert les tables de partage. Plusieurs porte-paroles de différentes communautés ont présenté les processus d’autonomie, la présence du crime organisé et des mégaprojets extractivistes sur les territoires ancestraux, la présence de projets gouvernementaux qui fragmentent les communautés, entre autres problèmes. Un exemple en est le programme gouvernemental Sembrando Vida, qui oblige les communautés à posséder 2,5 hectares avec des titres individuels pour y participer, ce qui conduit de nombreuses communautés à privatiser les terres communales.
Le CNI joue un rôle fondamental dans le contexte mexicain et a acquis une grande visibilité en consolidant le Conseil indigène de gouvernement qui, en 2017, a élu Marichuy, María de Jesús Patricio, comme porte-parole pour se présenter en tant que candidate indépendante à l’élection présidentielle de 2018. Cela a donné lieu à une grande campagne populaire en opposition au système de pouvoir gouvernemental.
Les mères chercheuses — un collectif de femmes à la recherche de leurs fils et filles disparu·es — ont été les suivantes à prendre la parole. (…)
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