Rencontre historique Trump-López Obrador: soumission du Mexique aux USA ou realpolitik? (Jérôme Blanchet-Gravel/ Sputnik)

Le Président mexicain, Andrés Manuel López Obrador (AMLO), a rencontré Donald Trump à Washington. Une première visite historique, considérée dans l’opinion publique mexicaine comme un acte de soumission envers Washington. Toutefois, selon le sociologue Saúl Sánchez, interrogé par Sputnik, les deux dirigeants ont plus en commun qu’on ne le dit. Entrevue.

AMLO et Trump avec les déclarations d’entrée en vigueur du nouveau traité de libre-échange entre les États-Unis, le Mexique et le Canada @Reporte Indigo

Il s’agit sans aucun doute de l’un des moments forts de l’actualité diplomatique de ces dernières années dans les Amériques. Le 8 juillet dernier, le Président mexicain, Andrés Manuel López Obrador, s’est rendu à Washington pour y rencontrer son homologue américain, Donald Trump.

Si la rencontre avait d’abord pour but de signer l’entrée en vigueur du nouveau traité de libre-échange entre les États-Unis, le Mexique et le Canada, elle a surtout pris la forme d’une réconciliation entre les deux dirigeants. L’absence du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a également ajouté à cette image.

Un événement sous forme de réconciliation

Mais l’opération ne vaut pas que des éloges à López Obrador de la part de son opposition à Mexico. Arrivé dans la capitale américaine à bord d’un vol commercial, parce qu’il a mis en jeu l’avion présidentiel à la loterie, López Obrador était pourtant reconnu pour sa dénonciation du discours jugé raciste de son homologue.

En août 2017, le président du parti MORENA (mouvement de régénération nationale) publiait un livre intitulé Oye Trump («Écoute Trump», Éd. Planeta Publishing), une compilation de discours, livre dans lequel il accuse le Président américain de xénophobie à plusieurs reprises.

« Trump alimente le racisme. Il est contre les étrangers, mais il ne le voit pas ainsi. C’est une stratégie politique, mais elle nous a beaucoup fait mal », déclarait-il le 8 mai 2017 au journaliste Jorge Ramos.

Au Mexique, la visite du surnommé Président AMLO, à Washington, est effectivement interprétée par certains comme un acte de trahison envers les Mexicains du Mexique et des États-Unis. Un point de vue largement relayé sur les réseaux sociaux. Rappelons que Trump a déjà laissé entendre que les Mexicains en territoire états-unien étaient des violeurs et des vendeurs de drogue.

« Ce que j’apprécie le plus, c’est que vous n’avez jamais voulu nous imposer quoi que ce soit. Vous avez suivi les conseils de George Washington, qui a dit que les nations ne devraient pas profiter du malheur [des autres, ndlr]. Vous n’avez pas essayé de nous traiter comme une colonie, au contraire, vous avez honoré notre condition de nation indépendante », a déclaré López Obrador en s’adressant à Donald Trump lors de sa brève allocution, tout juste avant de procéder à la signature du nouveau traité de libre-échange.

Pour le sociologue Saúl Sánchez, professeur à l’Université de Guanajuato, au Mexique, la visite d’AMLO à Washington n’a rien d’une quelconque trahison, malgré l’évidence d’une « relation asymétrique entre les deux pays ».

Visite à Washington de López Obrador: un acte de « trahison »?

Saúl Sánchez estime plutôt que les deux chefs d’État avaient un intérêt mutuel à se rencontrer :

« Il n’y a rien d’anormal dans cette visite. Même si l’opposition a essayé de développer ce narratif, je ne vois pas du tout d’acte de soumission. Il faut rappeler que les États-Unis sont la plus importante relation extérieure du Mexique. […] Depuis quelque temps, Donald Trump est aussi beaucoup plus respectueux envers le Mexique. Il y avait le Donald Trump candidat et ensuite il y a eu le Donald Trump Président. Ce sont deux approches différentes », observe le sociologue au micro de Sputnik. (…)

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