Service civique au Chiapas : Infancia Trabajadora, Les droits des enfants travailleurs

enfantschiapasLa partie de Melel Xojobal au sein de laquelle je travaille a beau s’appeler Infancia Trabajadora, elle n’œuvre pas auprès de tous les enfants travailleurs de la ville. Nombre d’entre eux sont en effet “invisibles”, travaillant à l’intérieur des maisons, dans les arrière-boutiques, et difficilement abordables par le biais d’une action sociale.
Les activités menées se déroulent donc au sein des espaces accessibles dans lesquels se concentrent le plus d’enfants travailleurs ou accompagnant d’adultes dans leurs espaces de travail. A l’heure actuelle, les espaces sont les suivants :
-  Catedral : recouvre la place de la Cathédrale, mais aussi les rues piétonnes du centre-ville (andadores túristicos) et les autres places qu’elles desservent. Les enfants travailleurs croisés sont vendeurs ambulants. A mon arrivée, chaque nuit voyait apparaitre un marché d’artisanat informel et éphémère sur la place de la cathédrale, marché maintenant impossible, les policiers municipaux ayant pour ordre de ne pas laisser les vendeurs ambulants s’asseoir, même pour se reposer…
-  Santo Domingo : marché d’artisanat en plein air. Certains enfants y travaillent indépendamment, mais la grande majorité accompagne et aide les parents dans les postes de vente ou s’occupe des petits frères et sœurs.
-  Mercado Tielemans : marché principal du centre-ville, principalement de nourriture, constituée d’une partie intérieure, et de postes extérieurs, en durs ou à même le sol. Les enfants sont accompagnants ou travailleurs, principalement dans les postes fixes.
-  Mercado Popular del Sur : situé au sud de la ville, il est similaire à Tielemans en ce qui concerne la composition de ses commerces et le public auprès duquel Melel Xojobal y agit.

Chacun de ces espaces et publics a ses particularités, le travail en leur sein doit s’y adapter. L’organisation reste néanmoins similaire : chaque session, qui dure environ deux heures, est inclue dans un cycle centré sur un droit (à une vie sans violence, à la santé, à l’éducation, au travail, à la famille, à la participation et libre association). Un cycle dure entre trois et cinq mois et s’ancre dans les objectifs de l’association : donner la parole aux enfants, les faire réfléchir quant au droit abordé, à son accomplissement dans leurs vies et aux moyens de le revendiquer, le tout en se basant sur les principes de l’éducation populaire.
Au sein des locaux de l’association, les enfants peuvent participer aux Cycles d’Apprentissage, cette activité ne se substitue pas à l’école, mais la complète. Des activités d’animation à la lecture et d’ouverture au monde y sont proposées.
Enfin, en coordination avec une autre organisation, Tonali, une activité de cirque social est proposée une fois par semaine, permettant aux participants d’apprendre les arts du cirque à travers des valeurs de travail de groupe, de tolérance et de respect.

La seule obligation pour les participants est le respect des autres, ils sont libres d’aller et de venir durant l’activité ou d’une session à l’autre… Il faut travailler avec cette volatilité du public, leur priorité n’est pas nos activités, ils ont le travail, l’école pour certains, l’envie de se distraire autrement qu’avec nous, leurs problèmes personnels… En tant qu’éducateurs, nous devons constamment repenser notre approche afin que le plus grand nombre d’enfants se retrouve dans nos activités.

En dehors des activités précédemment décrites, Infancia Trabajadora permet également aux enfants d’accéder à l’école par le biais d’un système de bourses (financées par la Fondation mexicaine Quiera). Aller à l’école représente ici un coût important : entre cent et trois cent pesos (l’équivalent de six à dix-huit euros) l’année pour l’inscription, à laquelle s’ajoutent les coopérations diverses (pour l’eau, l’électricité), l’achat et l’entretien de l’uniforme… A tous ces coûts directs s’ajoutent également d’autres indirects ainsi que le “manque à gagner” du fait que les enfants ne travailleront pas durant ce temps. Les bourses améliorent le quotidien des enfants et de leurs familles, et permettent à ces derniers l’accès à l’école dans de bonnes conditions.

En marge de toutes ces activités, les éducateurs d’Infancia Trabajadora participent aux programmes plus généraux de l’ensemble de Melel Xojobal et tout particulièrement à ceux d’investigation et de sensibilisation concernant les enfants et jeunes indigènes. Tout ceci implique une nouvelle fois d’encourager ces derniers à prendre la parole pour exposer leurs situations de vies, leurs problèmes comme cela a été possible dernièrement lors de rencontres nationale (à México DF) et continentale (en Colombie) d’enfants travailleurs auxquelles ont pris part des enfants et jeunes de l’association.

Le lien entre la pratique de terrain et la théorie est une particularité réellement intéressante dans le travail de l’organisation. L’une ne va pas sans l’autre et bien plus encore, ces deux facettes du travail au sein d’Infancia Trabajadora se complètent et s’alimentent dans un objectif commun, celui de faire progresser les droits des enfants et jeunes travailleurs.

 

enfants2San Cristóbal de Las Casas Chiapas le 04 décembre 2012.

Les droits des enfants travailleurs

Nous sommes un groupe d’enfants travailleurs indigènes et non indigènes du Parque (place centrale) de San Cristóbal de Las Casas Chiapas.
Nous sommes des enfants qui travaillons en vendant des tamales, de l’artisanat, des chicharrines, de l’atole, des chewing-gums, des animaux en tissu, et comme cireurs de chaussures. Les enfants travaillent pour acheter leurs fournitures scolaires, pour pouvoir étudier et pour aider leurs familles.
Le maire ne nous laisse pas mettre en place nos postes et ne nous laisse pas vendre depuis le 8 octobre. Les policiers nous disent : tu es venu pour vendre ou tu es venu pour te reposer…vas marcher ou nous t’enlevons tes choses… va marcher s’il te plait. Ils ne nous laissent pas nous reposer un instant.
Quand ils nous laissaient vendre, nous vendions bien et nous vendions minimum 300.00 pesos (18 euros) par jour, maintenant, nous vendons seulement pour 50 pesos (3 euros), parfois rien. Nous les enfants ne pouvons maintenant plus payer nos études, notre nourriture ou nos vêtements.
Nous sommes pauvres et nous avons besoin de vendre pour manger, pour nos études et pour acheter nos affaires. Nous voulons vendre et nous voulons que nos droits d’enfants travailleurs soient respectés.
Les droits que nous exigeons sont : le droit de travailler, le droit d’étudier, le droit à l’alimentation et le droit à la santé. Nous avons tous le droit de travailler et de manger.

Salutations distinguées
Les enfants travailleurs.

San Cristóbal de Las Casas Chiapas a 04 de diciembre del 2012.

Los derechos de los niños y niñas trabajadores

Somos un grupo de niñas y niños trabajadores indígenas y no indígenas del parque de San Cristóbal de las casas Chiapas.
Nosotros somos niñas y niños que trabajan de tamales, artesanías, chicharrines, atol, chicleros, boleros y animalitos. Los niños y niñas trabajamos para sacar nuestros útiles y para poder estudiar y para mantener nuestra familia.
El presidente no nos deja poner nuestros puestos y no nos deja vender desde el 08 de octubre. Los policías nos dicen : venistes a vender o venistes a descanzar… vete a caminar o te quitamos tus cosas…vete a caminar por favor. No nos dejan descansar un rato.
Cuando nos dejaban vender, vendíamos bien y vendíamos mínimo $300.00 pesos, ahora solo vendemos $50.00 pesos, a veces nada. Nosotros los niños y las niñas no ya podemos sacar para nuestros estudios y nuestra comida o ropa.
Nosotros somos de baja economía y necesitamos vender para comer, para nuestros estudios y para comprara nuestras cosas para nuestra vida. Nosotros queremos vender y queremos que respeten nuestros derechos de los niños y niñas trabajadores.
Los derechos que exigimos a que respeten son : derecho de trabajar, derecho a estudiar, derecho a la alimentación y derecho a la salud. Todos tenemos derechos a trabajar y comer.

Atentamente :
Las niñas y niños trabajadores.