Service civique au Chiapas : Little Hands ou comment encourager le travail digne et juste des enfants
Fondée en 2010 afin d’encourager et de se solidariser avec les mouvements d’enfants travailleurs, Little Hands ne légitime pas le travail des enfants mais plutôt le soutient lorsqu’il est digne, juste et contribue à la formation de l’enfant comme acteur de sa société. En s’associant à des enfants artisans dans l’exportation de leurs produits, elle contribue à l’effort économique d’enfants en situation de pauvreté tout en sensibilisant le grand public européen au fait que le travail infantile n’est pas systématiquement de l’exploitation.
Mises en contact grâce à Giangi Schibotto, théoricien et collaborateur de mouvements d’enfants travailleurs latino-américains, Melel Xojobal et Little Hands commencèrent, il y a quelques mois, à travailler en commun.
L’artisanat existe au Chiapas et nombreux sont les enfants à contribuer à sa fabrication. Tous les groupes d’enfants auprès desquels intervient Melel Xojobal ne pouvaient convenir au projet proposé, ils devaient fabriquer de l’artisanat et être conscients de l’investissement nécessaire à ce projet. Seuls les enfants et adolescents participant aux activités de l’espace dit « catedral » répondaient à ces critères.
J’ai relayé dans des articles précédents le contexte de la vente ambulante au sein de San Cristóbal de Las Casas. Depuis un moment déjà, les enfants désiraient être appuyés dans la connaissance et la défense de leurs droits. Nous mîmes à profit le début d’un cycle de travail, initié en janvier 2013, pour inviter les enfants et adolescent/es participant/es à renforcer leur groupe en y invitant leurs “collègues” vendeurs/ses.
Avant la venue de Fabio, membre de Little Hands, les sessions furent consacrées à détailler les articles réalisés par les enfants : bracelets et ceintures en fils ; animalitos (animaux de tissus colorés) ; poupées zapatistes miniatures… Les échanges autour des produits vendus par les enfants nous permirent également d’introduire le concept du coût du travail (prix auxquels ils vendent les produits par rapport au temps passé pour le concevoir, aux dépenses pour les produits “de base”…).
Un groupe fût créé : Las Niñas y los Niños Trabajadores Unidos en San Cristóbal de Las Casas (les filles et garçons travailleurs unis à San Cristóbal de Las Casas). Ce groupe nécessitait, selon ses membres, un représentant sachant écrire, respectueux des autres, gentil, aimant parler avec les gens et ayant de la discipline, une représentante/présidente fût élue, puis une secrétaire et une trésorière.
Après que Fabio leurs ait présenté son organisation, la manière dont elle voulait travailler avec eux et les groupes d’enfants auprès desquels elle collabore déjà, Las Niñas y los Niños Trabajadores Unidos en San Cristóbal de Las Casas émirent un avis positif quant à une collaboration. Il faut mentionner ici que les ambulants du centre ville de San Cristóbal ne vendent pas tous de l’artisanat, certains proposant plutôt de la nourriture. Deux enfants participant régulièrement aux activités étant dans ce cas, leurs collègues ont spontanément décidé qu’elles leurs apprendraient les techniques de fabrication d’objets.
Si le projet est toujours dans ces prémices, une chose est sûre, il pourra sans aucun problème s’appuyer sur la solidarité présente dans le groupe… mais devra peut-être se méfier des policiers municipaux et autres observateurs qui viennent de temps à autres surveiller les activités…
Pour plus d’informations sur Little Hands : http://www.littlehands.it/ .
Céline Le Bloa