Solidarité avec les soignantes et les soignants du Nicaragua

Le Collectif de solidarité avec le peuple du Nicaragua (CSPN) a reçu un appel urgent de l’ Articulación de movimientos sociales (AMS) lui demandant de l’aide face aux menaces du gouvernement nicaraguayen qui visent, cette fois, les soignantes et les soignants qui osent monter au front contre la pandémie et prendre des initiatives destinées à pallier sa gestion irresponsable de la crise.

Le Comité scientifique interdisciplinaire et trente-quatre associations de soignants, soutenus par l’Articulación de movimientos sociales (AMS), regroupant les organisations féministes, paysannes, d’étudiants et de l’environnement qui s’opposent au gouvernement, ont lancé un appel à l’auto-organisation du confinement de la population nicaraguayenne le 4 juin. Ce comité a listé aussi des revendications sociales pour affronter la crise (gel des loyers et des factures d’eau, fermeture des entreprises non essentielles tout en respectant les droits des travailleuses et des travailleurs).

La réponse du gouvernement a été de licencier des médecins (le dernier en date, un infectiologue d’un hôpital de Managua, le Dr Carlos Quant, membre du Comité scientifique) et de menacer tout le corps médical.

Le suivi du virus, au Nicaragua, est assuré par l’Observatoire citoyen Covid-19, qui, jour après jour, recense les cas d’infection (5 025 cas le 3 juin, une progression de 35 % en une semaine, contre 1 118 admis par le ministère de la Santé ; 1 114 décès, alors que les autorités n’en reconnaissent que 46.).

Les soignantes et les soignants du Nicaragua lancent un appel à la solidarité : les médecins nicaraguayens cherchent des contacts avec leurs collègues à l’étranger et demandent aux associations et syndicats de la santé des autres pays des communiqués de soutien dans leur lutte contre la pandémie et face à la répression dont les menace le gouvernement.

Communiqué de trente-quatre associations médicales nicaraguayennes (1er juin)

Face à l’avancée inéluctable de la pandémie de COVID-19 au Nicaragua, nous, Associations Médicales du pays, nous adressons aujourd’hui au peuple nicaraguayen et à la Communauté Internationale pour mettre en garde, à nouveau, sur la situation dramatique que traverse notre pays et qui menace de s’aggraver dans les prochains jours et semaines, avec des conséquences terribles et désastreuses dans les foyers nicaraguayens.

Comme l’avaient annoncé les Centres internationaux de contrôle des maladies et divers médecins spécialistes et épidémiologistes nationaux, l’augmentation exponentielle des cas de COVID-19 a provoqué un effondrement du système de santé public et privé au Nicaragua : hôpitaux surchargés, manque de lits, manque de médicaments et de produits aussi essentiels que l’oxygène, auxquels s’ajoute le fait que des dizaines de médecins et d’agents de santé sont infectés par le COVID-19, et qu’un nombre important de médecins, d’infirmières et de techniciens meurent. Cela réduit le nombre de ressources médicales et paramédicales dans les différentes institutions, entraîne une surcharge de travail, un épuisement physique et émotionnel des travailleurs de la santé.

Le Nicaragua est actuellement dans une phase d’expansion accélérée et de transmission communautaire, qui continuera à s’aggraver avec de plus grandes pertes en vies humaines, si les
autorités continuent à nier la situation et ne prennent pas d’urgence des mesures anti-épidémie à grande échelle pour tenter de contenir l’avancée de la pandémie.

Avec l’autorité morale, académique et professionnelle qui nous est conférée en qualité de médecins situés en première ligne face à cette crise sanitaire dramatique, nous, Associations Médicales du Nicaragua appelons le peuple à initier d’urgence une quarantaine nationale sur la base du volontariat, pour aider à réduire l’impact de cette maladie en réduisant la contagion, la transmission et les décès parmi la population. Cette quarantaine nationale consiste à rester chez soi pendant au moins 3-4 semaines, à faire ses courses une fois par semaine, à garantir une distance d’au moins 1,5 mètre d’une personne à l’autre, à utiliser des masques ou des écrans de protection à l’extérieur de la maison et à se laver constamment les mains.

Nous demandons au secteur privé de prendre des mesures énergiques contre la propagation du virus et de préserver la vie, en mettant en place des actions qui réduisent le risque d’exposition et de transmissibilité, non seulement par des mesures d’hygiène personnelle, mais aussi par des actions telles que la fermeture temporaire d’entreprises non essentielles, tout en réduisant le nombre croissant d’infections.

Aujourd’hui, nous sommes tous des sources potentielles de contagion et de transmission de la maladie, c’est pourquoi nous réitérons l’appel lancé à la population nicaraguayenne, aux entreprises privées et aux institutions publiques pour un confinement à domicile. Nous sommes capables de contrôler la pandémie avec le soutien déterminé de chacun et le pouvoir dont chacun dispose pour empêcher la propagation du virus. C’est le seul moyen qui a permis de démontrer le contrôle de la maladie sur la base des expériences d’autres pays qui ont atténué et diminué la contagion en parvenant à stabiliser la courbe et à contrôler la pandémie.

Protégeons nos vies. Le Nicaragua n’est pas seul.
Managua, le 1er juin 2020.