Sommet Union européenne-CELAC (revue de presse)


Pour la troisième fois, les dirigeants des pays de l’Union européenne se réunissent avec leurs homologues d’Amérique latine et des Caraïbes ces lundi 17 et mardi 18 juillet à Bruxelles. Le dernier sommet UE-Communauté d’États latino-américains et des Caraïbes (CELAC) remonte à 2015. Parallèlement à cette réunion d’une soixantaine de chefs d’État et de gouvernement, se déroulera mardi et mercredi à Bruxelles le Sommet des peuples, avec une centaine de mouvements, partis de gauche et associations venus des deux côtés de l’Atlantique. Des mobilisations de la société civile sont également prévues à Bruxelles.


UE et Amérique latine tentent de se rapprocher, malgré des divisions (Terre.net / AFP / 17 juillet)

Les dirigeants des pays de l’UE se réunissent avec leurs homologues d’Amérique latine et des Caraïbes durant deux jours à Bruxelles pour tenter de renforcer leurs liens, malgré des divergences notamment sur la guerre en Ukraine.


« Je salue le retour du Brésil comme un acteur majeur sur la scène internationale », a souligné lundi matin la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en accueillant le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva. « Nous avons besoin de nos amis proches à nos côtés en ces périodes d’incertitudes », a-t-elle ajouté.

Il s’agit du troisième sommet UE-Communauté d’Etats latino-américains et des Caraïbes (Celac). Le dernier remonte à 2015, et les deux parties essaient de rattraper le temps perdu. Mais le rapprochement n’est pas sans difficultés. Des désaccords sont apparus dès le début des négociations sur une déclaration commune, notamment en raison de la volonté des Européens de mentionner la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine.

L’UE cherche à rallier un maximum de soutiens internationaux face à Moscou, mais les trente-trois pays latino-américains et caribéens n’ont pas de position commune sur la question, et ne veulent pas voir ce sujet accaparer les discussions. L’intervention du président ukrainien Volodymyr Zelensky lors du sommet, un temps pressentie, n’aura finalement pas lieu. « Notre objectif (…) c’est que l’ensemble des pays de la région soutiennent l’Ukraine, apportent un appui au gouvernement ukrainien a minima dans leurs déclarations, pour signaler les violations du droit international auquel le pays est confronté », indique-t-on à l’Elysée. Le Brésil s’est refusé à fournir des armes à l’Ukraine ou à imposer des sanctions contre la Russie de Vladimir Poutine. Lula a suscité la polémique en affirmant à plusieurs reprises que les responsabilités du conflit étaient partagées, même s’il a condamné l’invasion russe de l’Ukraine. Et des pays comme Cuba et le Venezuela restent des alliés de Moscou. Lors d’une brève déclaration lundi matin, le président brésilien n’a pas dit un mot sur l’Ukraine, concentrant son allocution sur la question du climat.

La lutte contre l’exploitation de la forêt amazonienne est l’un des principaux objectifs de son gouvernement, à l’opposé des politiques de son prédécesseur Jair Bolsonaro. Il entend mettre fin à la déforestation illégale d’ici à 2030.

Le sommet « ne va pas être facile », a estimé vendredi la ministre mexicaine des affaires étrangères Alicia Barcena, qui représentera son pays à Bruxelles à la place du président de gauche Andres Manuel Lopez Obrador. Elle a cité parmi les sujets difficiles une récente résolution du Parlement européen dénonçant la situation des droits humains à Cuba.

L’UE a aussi des relations particulièrement tendues avec le Nicaragua de Daniel Ortega, depuis la répression des manifestations de 2018, et avec le Venezuela de Nicolás Maduro depuis la réélection contestée de ce dernier.

Une partie des pays de la Celac a par ailleurs demandé que la déclaration finale mentionne la question des réparations concernant la traite des esclaves.

Lithium convoité

Côté commercial, la question de l’accord de libre-échange avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) planera sur le sommet, même si aucune percée n’y est attendue.

Cet accord a été conclu en 2019, après plus de 20 ans de négociations complexes, il n’a pas été ratifié en raison notamment des préoccupations européennes concernant les politiques environnementales de Jair Bolsonaro.

L’Espagne, qui exerce la présidence semestrielle de l’UE, espère une ratification d’ici la fin de l’année.

En amont du sommet, Ursula von der Leyen a fait une tournée dans la région à la mi-juin (Brésil, Argentine, Chili et Mexique), où elle a annoncé un renforcement des investissements européens, à dix milliards d’euros, à travers la stratégie « Global Gateway » destinée à contrer l’influence du programme chinois des « Nouvelles routes de la soie ».

Elle a aussi annoncé la signature d’un protocole d’accord avec l’Argentine sur les matières premières essentielles, notamment le lithium, indispensable à la fabrication de batteries de voitures électriques. Un métal essentiel pour la stratégie de décarbonation de l’UE, qui va interdire la vente de voitures neuves à moteurs thermiques à partir de 2035. (…)

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Ouverture du sommet UE-CELAC entre Européens et Latino-Américains après huit ans d’absence (Aabla Jounaïdi / RFI / 17 juillet)

Voilà huit ans qu’ils ne s’étaient plus rencontrés à ce niveau. Brexit, crise catalane, dette grecque, crise migratoire, crise sanitaire et pour finir la guerre en Ukraine. Les Européens en avaient perdu de vue l’Amérique latine et les Caraïbes. Du côté des trente-trois États de la CELAC, la crise politique et migratoire au Venezuela et la fermeture politique opérée par Jair Bolsonaro au Brésil, ont instauré une distance entre les deux régions aux liens historiques et culturels pourtant forts. 

Le président brésilien Lula et la présidente de la commission européenne Ursula von der Leyen, le 17 juillet 2023 à Bruxelles pour le sommet UE-CELAC. © Yves Herman / REUTERS

La Chine s’est engouffrée dans la brèche, multipliant les accords commerciaux avec les pays de la région. L’heure est au « réinvestissement politique » de ce partenariat stratégique. Le retour au pouvoir du président Lula, un des instigateurs du premier sommet en 2013, a changé la donne. Il a réintégré le Brésil à la Celac. Du côté européen, l’Espagne qui a pris la présidence tournante de l’UE, a aussi mis tout son poids politique afin d’organiser ce sommet UE-Celac. 

L’invasion de l’Ukraine par la Russie et ses conséquences géopolitiques et économiques ont rendu ce rapprochement urgent. La rupture énergétique avec l’État agresseur, la Russie, poussent les Européens à se tourner vers les États américains. Pour l’Union européenne, « il est important de renforcer les liens avec un continent très spécialisé, très riche en ressources naturelles et qui peut permettre de développer fortement les énergies renouvelables », souligne Carlos Quenan, professeur d’économie à l’université IHEAL-Sorbonne Nouvelle.

Quel message commun sur la guerre en Ukraine ?

Si la situation en Ukraine contribue au rapprochement, elle constitue aussi un facteur de division entre les deux régions. L’invitation faite au président ukrainien Volodymyr Zelensky par l’Union européenne, aurait été rejetée par les Etats de la Celav, selon le média Euractiv. Ce dimanche soir, le projet de déclaration finale du sommet était encore au cœur d’intenses tractations. Faut-il apporter un soutien explicite à Kiev et condamner l’agression russe, comme le souhaiteraient les Européens ? Ou appeler à la fin des hostilités sans pointer directement Moscou, tel que l’envisagent plusieurs pays latino-américains, désireux de ne pas rompre avec le Kremlin ? « Les diplomates trouveront bien la formule pour concilier les positions » veut croire l’un d’eux.

Mais là n’est pas le seul différend. Il y a aussi l’impasse de l’accord UE-Mercosur [Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay] qui tarde à être ratifié. Officiellement, le blocage que connaît l’accord de libre-échange signé en 2019 n’est pas au programme du sommet européen. Mais le sujet est sur toutes les lèvres et alimente les tractations parallèles entre les délégations qui se retrouvent à Bruxelles. Le Brésil, qui préside le Mercosur tient à présenter une contre-proposition à celle formulée par la Commission européenne et qui pose des conditions drastiques aux produits latino-américains en termes de normes environnementales. L’une des exigences de Brasilia concerne l’accès aux marchés publics brésiliens sur lequel il entend poser aussi ses conditions. Le sujet divise au sein même des États latino-américains, puisque l’Uruguay a montré son empressement à voir affluer les investissements européens. 

Dix milliards d’euros d’investissements 

C’est ce que promet l’Union européenne à travers son partenariat « Global Gateway », sorte de pendant européen des « Nouvelles routes de la Soie » chinoises. Pour la zone CELAC, la Commission européenne a annoncé ce lundi à Bruxelles des investissements à hauteur de 45 milliards d’euros d’ici 2027. Lors de sa tournée sur le continent, Ursula von der Leyen avait promis des investissements dans plusieurs domaines: les infrastructures numériques, les transports, le secteur énergétique, l’éducation ou la santé. (…)

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L’Europe relance un accord de libre-échange décrié avec l’Amérique latine ( Lorène Lavocat / Reporterre / 17 juillet)

Le projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, aux nombreux effets néfastes sur l’environnement, pourrait être accéléré en marge d’un sommet en Belgique, les 17 et 18 juillet.

Un camp minier illégal déforestant une partie de l’Amazonie en Brésil, février 2023. – © AFP / Alan Chaves

On le croyait tombé aux oubliettes politiques. Mais voilà qu’il refait surface : l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, le plus grand marché commun d’Amérique du Sud — réunissant le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay. « Chaque jour, la menace se fait plus pressantealerte ainsi le collectif Stop Ceta-MercosurLa Commission européenne et plusieurs États veulent ressusciter ce qui serait l’un des plus vastes accords de libéralisation du commerce au monde. » Et le sommet entre l’UE et plusieurs pays latino-américains, qui se tient les 17 et 18 juillet, pourrait bien être l’occasion d’accélérer les négociations.

Petit retour en arrière : il y a trois ans, « ce projet d’accord avait été gelé en raison de la mobilisation de la société civile dénonçant les conséquences de l’accord tant sur le plan écologique et social, qu’en termes de violations des droits humains, ainsi qu’en raison de la situation politique au Brésil », rappelle le groupe d’opposants dans une note. Pas question de négocier avec l’indésirable Jair Bolsonaro. Mais avec l’élection de Luiz Inácio Lula da Silva, la donne a changé : « La Commission européenne estime que s’est ouverte une fenêtre d’opportunité », explique l’économiste Maxime Combes, membre du collectif.

Une vision néocoloniale et mortifère

Depuis quelques mois, Bruxelles s’active donc en coulisses pour remettre les négociations sur les rails. Avec un objectif : lever les obstacles à la ratification, notamment sur les enjeux écologiques. En secret, les autorités européennes ont ainsi élaboré une proposition censée améliorer l’ambition environnementale de l’accord. Mais dans les faits, « ce texte ne change rien au traité lui-mêmeont analysé les scientifiques de l’Aitec, une association internationale d’experts. Il ne crée aucune véritable obligation nouvelle ». Autrement dit, une déclaration de bonnes intentions vertes, mais sans aspect contraignant.

Ainsi, s’il était signé, l’accord UE-Mercosur aurait moult effets négatifs sur le climat et la nature : pollution due aux transports, déforestation, pesticides… « En 2030, le Mercosur pourrait fournir jusqu’à 26 % du rumsteck servi en Europe, rappelait Maxime Combes dans une tribune récenteIl s’agit aussi d’importer plus de soja ou d’éthanol tiré de la canne à sucre, productions de monoculture qui engendrent toujours plus de déforestation. »

L’économiste déplorait ainsi une vision néocoloniale et mortifère : « Nous continuerions à puiser dans les pays du Sud les matières premières agricoles, minières ou énergétiques nécessaires pour maintenir quoi qu’il en coûte nos modes de vie dispendieux en ressources, écrivait-il, tout en laissant aux pays du Sud la charge de vivre avec les conséquences environnementales et sociales qu’un tel modèle si déséquilibré engendre immanquablement. »

Des actions en marge du sommet

Mais les espoirs de Bruxelles pourraient bien être douchés. Car Lula a récemment indiqué que le Brésil ne signerait pas l’accord sans des modifications substantielles : il veut protéger son industrie, notamment pharmaceutique, d’une trop forte concurrence européenne. En gros, remettre une dose de protectionnisme. (…)

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Un sommet européen très attendu (TV5 Monde / 17 juillet)

C’est un sommet très attendu à Bruxelles, celui entre l’Union Européenne et les pays du Mercosur, qui regroupent quatre pays d’Amérique Latine (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay). Plusieurs thématiques au programme et notamment le sujet de l’accord de libre échange.

Un sommet européen très attendu

L’UE promet plusieurs dizaines de milliards d’euros d’investissements à la Celac (Aabla Jounaïdi / RFI / 17 juillet)

À Bruxelles, l’Union européenne et la Celac, la Communauté économique des États d’Amérique latine et des Caraïbes, ont appelé ce lundi 17 juillet à renforcer leur coopération et leur dialogue, après huit ans sans forum commun. Il a été surtout question d’économie. L’Union européenne a promis plusieurs dizaines de milliards d’euros d’investissements.

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, le président du Conseil européen Charles Michel, le président colombien Gustavo Petro et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, ce lundi 17 juillet 2023 à Bruxelles. AP – Francois Walschaerts

Quelque 45 milliards d’euros jusqu’en 2027, pour cette déclinaison du « Global Gateway ». Il s’agit de la stratégie globale de l’UE, qui consiste à financer des projets d’infrastructures dans les pays en développement, une alternative aux « nouvelles routes de la soie chinoises ».

Les 130 projets annoncés concernent des domaines comme la transition écologique, la transformation numérique, la formation professionnelle et la santé, notamment la fabrication de vaccins.

Les Européens insistent sur ces aspects, car ils savent qu’ils sont une priorité pour les pays de la Celac, frappés de plein fouet par la crise sanitaire et qui aspirent à des partenariats économiques créateurs de valeur, chez eux.

Un de ces projets concerne la transformation des matériaux critiques pour la transition énergétique. L’UE a grand besoin de lithium pour ses batteries.

Un autre a trait à la connectivité et à la gestion des risques climatiques. Plusieurs protocoles d’entente ont été signés avec les pays de la région dans ce cadre.

Mardi, on attend la signature d’un accord libre-échange modernisé avec le Chili. Celui avec le Mexique n’est pas finalisé. Quant aux accords UE -Mercosur, en souffrance depuis des années, ils étaient sur toutes les lèvres à Bruxelles, mais sans signe concret d’avancée. (…)

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Sommet Union européenne-Celac : enjeux et blocages (Nicolas George / TV5 Monde / 17 juillet)

Le troisième sommet UE-CELAC réunit à Bruxelles les dirigeants de l’Union européenne et de la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes (CELAC). Le sommet vise la signature d’un accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur, un accord qui est négociation depuis des années.

Pour en parler Maurice Lemoine, spécialiste de l’Amérique Latine, ancien rédacteur en chef du “Monde diplomatique” et Saskia Bricmon, députée européenne belge du groupe des Verts.

Sommet Union européenne-Celac : enjeux et blocages (TV5 Monde)

Union européenne / Amérique latine: bonnes intentions, réalités compliquées (Marie-France Chatin / Géopolitique / RFI)

L’Union européenne et l’Amérique latine s’apprêtent à renouer, les 17 et 18 juillet 2023, avec une tradition diplomatique. Celle des rencontres bilatérales, tombées dans un oubli institutionnel prolongé. Le prochain sommet est convoqué à l’initiative de l’Espagne qui préside pour six mois depuis le 1er juillet 2023, les destinées de l’Union européenne. Une tâche ambitieuse. L’Amérique latine a disparu du radar de la politique extérieure européenne au début de ce siècle.


Les chefs d’États européens se sont retrouvés, ces dernières années, accaparés par le déplacement des crises et conflits vers le Moyen-Orient et l’Europe. Printemps arabes, annexion de la Crimée en 2014 par la Russie, montée des tensions entre Russie et Ukraine, élargissement européen vers l’Est… ont déboussolé les dirigeants européens. Depuis 2015, l’Amérique latine est à quai et la guerre d’Ukraine a rendu plus lointaine la perspective d’un dialogue stratégique entre l’Union européenne et l’Amérique du Sud et Centrale. Cela peut-il changer ? 

Invités :  

  • Gaspard Estrada, directeur exécutif de l’Observatoire Politique de l’Amérique latine et des Caraïbes (OPALC) de Sciences Po
  • Christophe Ventura, directeur de Recherche à l’IRIS, en charge du programme Amérique latine et Caraïbes  
  • Kevin Parthenay, professeur de Science Politique à l’Université de Tours et membre de l’Institut Universitaire de France  
  • Sébastien Velut, géographe, professeur à la Sorbonne Nouvelle à l’Institut des Hautes Études d’Amérique latine.   

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