Au Texas, au moins cinquante migrants morts dans un camion (Frédéric Autran / Libération)


Le camion a été découvert à San Antonio, où la température a frôlé lundi les 40 degrés. Une tragédie qui illustre à la fois le désespoir des Centraméricains et la paralysie politique aux États-Unis sur les questions migratoires.

Vue aérienne du camion abandonné dans une zone reculée de San Antonio au Texas. Photo : Jordan Vonderhaar / Getty Images / AFP

Un «appel au secours», un camion frigorifique aux portes entre-baillées et à l’intérieur, une vision d’horreur. Empilés dans une chaleur suffocante, des corps par dizaines, sans vie pour la plupart, agonisant pour les plus chanceux. Lundi soir vers 18 heures, heure locale, près du parking d’un supermarché de San Antonio, au Texas, une nouvelle tragédie migratoire a frappé les États-Unis. L’une des plus meurtrières de mémoire récente.

Selon le dernier bilan fourni par les autorités locales, quarante-six corps sans vie ont d’abord été retrouvés. Seize personnes – douze adultes et quatre enfants – ont été prises en charge et transportées, «conscientes»  mais souffrant d’insolation et de déshydratation, dans les hôpitaux de la région, a indiqué le chef des pompiers de San Antonio, Charles Hood, lors d’une conférence de presse. On ignore à ce stade leur état de santé. Mardi, le bilan est monté à cinquante morts, a indiqué à l’AFP un responsable de la police de l’immigration, sans préciser si de nouveaux corps avaient été découverts dans le camion ou si certains blessés étaient décédés.

La quasi-totalité des corps ont été retrouvés à l’intérieur du camion, un moyen de transport fréquemment utilisé par les réseaux de passeurs qui organisent le trajet depuis la frontière avec le Mexique, située à environ 240 kilomètres de San Antonio. Quoique conçu pour être réfrigéré, le camion n’avait «visiblement aucun système de climatisation fonctionnel», a ajouté Charles Hood, indiquant que les patients transportés à l’hôpital étaient «brûlants au toucher». Lundi, la température a frôlé les 40 degrés dans le sud du Texas.

«Une horrible tragédie humaine»

Le chef de la police de San Antonio, William McManus, a indiqué que trois personnes avaient été interpellées, sans pouvoir dire avec certitude si elles étaient liées au drame ou non. Aidée de brigades canines, la police locale a mené des recherches en fin de journée pour retrouver le chauffeur du véhicule, abandonné dans une zone isolée près de voies ferrées et de casses automobiles, dans le sud-ouest de la ville. On ignore si le chauffeur fait partie des trois personnes arrêtées.

Le maire démocrate de la ville, Ron Nirenberg, a déploré «la perte de plus de quarante vies remplies d’espoir» – «une horrible tragédie humaine» – et appelé à la «compassion» et à «prier pour les défunts, les rescapés et leurs familles»«Nous espérons que les personnes responsables d’avoir placé ces gens dans de telles conditions inhumaines seront poursuivies dans toutes les limites de la loi», a-t-il ajouté.

Mardi, le président mexicain a indiqué que vingt-deux Mexicains se trouvaient parmi les victimes. «C’est un immense malheur […] Pour le moment il y a cinquante morts : vingt-deux du Mexique, sept du Guatemala, deux du Honduras et dix-neuf dont on est toujours sans information sur la nationalité», a déclaré Andrés Manuel López Obrador lors d’une conférence de presse. Peu après le drame, le consul mexicain à San Antonio s’était rendu sur place et avait appris que deux des quatre enfants hospitalisés étaient de nationalité guatémaltèque, indiquait lundi soir le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcel Ebrard, déplorant sur Twitter une «tragédie».(…)

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