Un village du Chili (Caimanes) mis sur le banc des accusés pour avoir revendiqué son droit à l’eau

Le village de Caimanes au Chili est menacé d’être enseveli à tout moment par des milliers de tonnes de déchets toxiques accumulés dans un réservoir quelques kms en amont par l’entreprise minière Los Pelambres. Le méga-réservoir a en outre été installé sur les nappes phréatiques et sa construction en 2008 a entrainé l’assèchement total de la vallée.

Non content d’avoir privé la communauté d’eau, ruiné la vie économique culturelle et sociale des habitants et mis en péril leur vie, l’entreprise minière Los Pelambres, propriété des Luksic, une des familles les plus riches du monde, intente aujourd’hui un procès contre le dirigeant du Comité de Défense Personnelle de Caimanes et les avocats de la communauté. Le procès aura lieu à Ovalle, IV région du Chili à partir du 7 juin.

En attaquant les défenseurs de l’environnement et des droits des villageois, l’entreprise cherche à asseoir impunément son droit à contaminer et à spolier le Bien Commun, muselant toutes les voix qui s’élèvent contre elle. L’objectif de cet déclaration est de briser le mur du silence, de mettre un frein aux tentatives d’intimidation de l’entreprise minière et de lancer un appel aux institutions de l’Etat chilien pour le respect du droit à l’eau et du droit des populations locales à vivre sur un territoire non contaminé.

Nous vous invitons à adhérer à la déclaration adjointe en la renvoyant par email à : [email protected] avec vos noms/prénoms/organisation (vous pouvez le faire en tant que citoyens et/ou en tant qu’organisation).Dans un deuxième temps nous vous proposerons de constituer une délégation d’organisations sociales pour remettre la déclaration signée à l’Ambassade du Chili en France.

Voir plus d’informations sur :
http://www.fame2012.org/fr/2012/05/26/solidarite-caimanes/
http://www.bastamag.net/article2453.html

Déclaration de solidarité avec les défenseurs de Caimanes

Face au procès débutant le 7 juin 2012 dans la ville d’Ovalle, IV Région du Chili, opposant la Mine Los Pelambres, au président du Comité de Défense Personnelle de Caimanes et aux quatre avocats du Comité, nous, citoyens et organisations sociales et environnementales internationales, souhaitons exprimer notre plus vive préoccupation. :

1. Le réservoir-décharge « El Mauro », construit pour recevoir les déchets toxiques de l’exploitation minière de Los Pelambres, propriété de la famille Luksic, est le plus grand d’Amérique Latine. Il occupe une superficie de 7 km de long, 1,5km de largeur et atteint 270 mètres de haut. Situé à 8 km en amont du village de Caimanes, il porte atteinte à l’intégrité physique des habitantes du village. Le mur de contention du réservoir, fait d’un matériau sablonneux non solide, risque à tout moment de céder soit au cours de précipitations importantes soit suite à un tremblement de terre de force supérieure à 8.5 degré sur l’échelle de Richter, deux probabilités importantes dans cette région hautement sismique et sujette à des pluies rares mais fortes. Dans un tel cas, les boues toxiques enseveliraient le village en seulement 5 minutes.
Nous dénonçons également le fait que ce réservoir ait été édifié sur les nappes phréatiques approvisionnant en eau la vallée. Depuis la construction du réservoir de déchets miniers, la vallée du Pupio a vu ses cours d’eau s’assécher presque totalement, générant un état de stress hydrique insupportable pour les agriculteurs ; dans le même temps les ressources en eau s’accumulent en amont de la décharge, elles empêchent tout processus de séchage des résidus toxiques, et engendre de ce fait une contamination perpétuelle.

2. Le Comité de Défense Personnelle de Caimanes s’est opposé avec force et détermination à la construction de cette méga-décharge au-dessus de leur village. Au travers d’actions de résistance non violentes et d’une grève de la faim de plus de 80 jours l’année dernière, les habitants ont exprimé leur refus de la spoliation de leur eau et du mépris de leur droit sur leur territoire. Face aux actions de défense et de communication de la communauté de Caimanes, la Mine Los Pelambres intente aujourd’hui un procès au président du Comité de Défense et aux avocats du Comité pour le délit « d’association illicite » et de prévarication, soutenant que ces derniers ont créé un conflit artificiel pour en tirer un profit économique.

3. Nous regrettons que ce procès intervienne justement au moment où le Comité de Défense Personnelle avait intenté un autre procès contre la mine pour que soit reconnue et mise en l’application la résolution de la Cour Suprême de Santiago de 2006 interdisant la construction de ce même réservoir-décharge. En ce sens, le procès intenté aux Défenseurs de l’environnement pour « association illicite » a pour conséquence évidente de faire taire les voix de la justice environnementale et d’intimider toute personne dans la Défense de ses droits fondamentaux comme celui de vivre dans un environnement libre de contamination et de disposer du droit à l’eau.

4. Conscients de l’inégalité des rapports de force et de l’insuffisance d’attention médiatique dont peut bénéficier un petit village victime d’un géant minier, nous appelons toutes les organisations à briser le mur du silence et à diffuser les informations à leurs réseaux.

5.- Nous appelons à la responsabilité des institutions de l’Etat chilien : celle de garantir la protection des citoyens face aux interventions envahissantes d’entreprises extractives qui privent la population de leurs droits les plus fondamentaux, comme le droit à disposer d’eau et le droit à vivre dans un environnement sain et sûr. Nous exigeons que les revendications des citoyens et des communautés face aux projets qui affectent leur territoire soient entendues et prises en compte. Nous rappelons que les autorités doivent agir pour le bien de la population et ne doivent pas céder aux pressions ni aux incitations des entreprises.

6.- Nous dénonçons la criminalisation de la protestation sociale, la violence exercée par la police et l’impunité qui entoure ces faits graves. Nous refusons la loi « Hinzpeter » qui prétend punir avec des peines de prison ceux qui exercent leur droit de manifester.

7. Nous exprimons notre plus vive inquiétude face au risque que le procès intenté par Los Pelambres instaure une base pour la violation systématique de l’état de droit au Chili. En ce sens, notre voix se joint à celle de la citoyenneté consciente et souveraine qui réclame son droit à vivre dans un environnement non pollué, d’avoir accès à une eau non polluée et de pouvoir s’exprimer sur les atteintes à ces droits.

Contact email : [email protected]

Signataires :

France Amérique Latine