🇺🇾 L’Uruguay renonce à transformer un aigle nazi en bronze en colombe de la paix (Simon Cherner / Le Figaro)


Initialement, un artiste devait sculpter une colombe de paix à partir du rapace de bronze. L’emblème avait été découvert en 2006 lors de la fouille de l’épave d’un cuirassé allemand de la Seconde Guerre mondiale.

L’aigle nazi avait été récupéré en 2006, à partir de l’épave du cuirassé « Admiral Graf Spee », après presque sept décennies sous l’eau. Photo : AFP – HO

L’aigle monumental du Graf Spee – emblème de bronze haut de deux mètres qui embarrassait l’Uruguay depuis des années – devait être prochainement confié à un artiste pour être fondu puis sculpté de zéro. «Symbole de violence et de la guerre», le rapace juché – les ailes déployées – sur l’insigne du parti nazi était voué à être transformé en «symbole de paix et d’union», selon les déclarations, vendredi, du président de l’Uruguay, Luis Lacalle Pou.

Mais dimanche 18 juin, marche arrière puisque Luis Lacalle Pou a annoncé qu’il renonçait à son projet. «Il y a une majorité écrasante qui n’est pas d’accord avec cette décision et si l’on veut la paix, la première des choses est de faire l’unité. Il est clair que (ce projet) n’y parvient pas», a déclaré le président, durant un déplacement dans l’est du pays.

Une transformation en colombe prévue

Ancien ornement de la proue d’un cuirassé allemand sabordé en décembre 1939, au large de la capitale uruguayenne de Montevideo, l’aigle devait être transformé en colombe de la paix.

Pour les autorités uruguayennes, la réappropriation artistique de cet objet de 350 kilos devait refermer un feuilleton judiciaire ouvert il y a plus de 17 ans. L’aigle avait été exhumé en 2006 des profondeurs du Rio de la Plata. Il reposait dans le fond de l’estuaire aux côtés de l’épave du Graf Spee, prospectée à l’époque au cours de plusieurs campagnes de fouilles subaquatiques.

Montée par l’entrepreneur uruguayen Alfredo Etchegaray, l’opération avait été subventionnée en partie par l’État. La propriété de l’emblème a cependant fait l’objet d’une dispute entre les deux parties – un conflit envenimé par les velléités commerciales de l’entrepreneur, qui prétendait à la moitié de la valeur marchande de l’objet.

Bataille juridique

D’une valeur estimée de plus de dix millions d’euros, l’emblème nazi du Graf Spee a ainsi été un temps exposé dans un hôtel de Montevideo et a failli être vendu plusieurs fois – un sort que les autorités uruguayennes comme allemandes souhaitaient éviter à tout prix, de crainte de voir l’aigle atterrir entre les mains d’un collectionneur néonazi. D’autres acheteurs potentiels avaient également exprimé leur désir d’acquérir l’objet pour le détruire, à l’image de l’homme d’affaires Daniel Sielecky. «Une fois que je l’aurai en ma possession, je le ferai immédiatement exploser en mille morceaux», déclarait-il l’an passé à la presse uruguayenne, lorsque l’emblème a failli finir aux enchères. (…)

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