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DOSSIER toyens à être critiques vis-à-vis des médias plutôt Quel sera l’impact de la NLOC sur le secteur cultu-
© DR que d’attendre que ce travail soit fait par ces der- rel?
niers. La production nationale va être dynamisée puis-
Que penses-tu du concept de «linchamiento me- que 60% des contenus de télévision, radio, ciné-
diático» («lynchage» médiatique)? ma, musique etc. diffusés devront être produits
La loi prévoit de sanctionner si la presse, de façon par le pays. Le cinéma équatorien est stimulé, il
concertée et répétée, «s’acharne» sur une per- est dorénavant doté d’un financement public
sonne, mais c’est un délit très étrange et difficile sérieux dirigé par le Conseil National de Cinéma.
à identifier. En réalité, les équipes de journalis- En musique, il y a énormément d’artistes talen-
tes, dans la pression de la production éditoriale, tueux qui ont seulement besoin d’un espace, et
n’ont pas le temps de s’adonner à cette «activité», cette loi peut ouvrir la brèche pour qu’il se passe
ni de s’accorder pour fustiger untel. Cet espace ce qui s’est passé pour le Rock Argentin pendant
n’existe pas dans le monde de la presse, il s’agit la guerre des Malouines, lorsque les chansons en
plutôt d’une paranoïa des politiques que d’une anglais ont été interdites et que l’on on a décou-
réalité. Si l’enquête journalistique révèle des faits vert que les musiciens argentins aussi avaient du
préjudiciables pour une personne, mais avérés et talent.
d’intérêt général, il n’y a pas de raison de ne pas
les publier : le journalisme n’a pas vocation à être Propos recueillis et traduits par
confortable et sympathique. Lucía Villaruel, consultante en
La nouvelle loi de communication prévoit d’en- projets de coopération sociaux et
courager les médias communautaires : comment
perçois-tu cette mesure? environnementaux à Quito
Il va y avoir une démocratisation des fréquen-
ces de radio, un partage de 33% pour le secteur
privé, 33% pour le secteur public et 34% pour les
radios communautaires. Même si ce découpage
semble un peu arbitraire et pas forcément adapté
à la réalité, les mécanismes d’accès aux radios ne
sont plus seulement le privilège du capital mais
deviennent plus accessibles à tous. L’idéal serait
d’intégrer également à cet espace des médias di-
gitaux alternatifs de qualité qui sont déjà sur la
toile et viennent rafraichir le langage.
Il faut espérer que dans la pratique, la parole
sera donnée à l’expression populaire, aux orga-
nisations de quartiers, de femmes, d’indigènes,
d’afro-équatoriens, de jeunes, aux syndicats, aux
artistes...
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