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DOSSIER















          Photo : Maurice Lemoine.
                        Une regrettable absence                   cela que nous insistons sur le fait que la paix, c’est
                                                                  le changement, pas des promesses», conclut le
               Le grand absent dans ces négociations              leader de l’ELN.
               est l’ELN, l'Armée de Libération Nationale,        Cette regrettable absence du processus de
               deuxième groupe rebelle  important après les       négociation peut conduire à son isolement sur
               FARC, qui a cinquante ans d'existence, aussi       le plan militaire et politique, le poussant ainsi
               emblématique et historiquement enraciné dans       à se retrancher dans un statut quo qui servirait
               les secteurs populaires, mais beaucoup moins       de prétexte pour justifier le maintien d'une
               fort militairement. Ceci reste un point sombre     politique  répressive contre  les mouvements
               du processus et une interrogation quant à la       sociaux. Un risque majeur pour une paix fragile
               réussite de la résolution du conflit. L’ELN a affirmé   qui commence à se construire.
               sa disposition à dialoguer dans une négociation
               parallèle mais les contacts ne semblent pas        Au-delà des accords entre belligérants et de
               avancer de la même manière qu'avec les FARC.       l'immense espoir suscité par la fin du conflit,
               Selon Nicolás Rodríguez «  Gabino », chef          la construction de la paix et la réconciliation
               de la  seconde guérilla  du pays,  le dialogue     restent un défi pour le pays tout entier. Malade
               exploratoire confidentiel avec le gouvernement     d’intolérance, prisonnière d'antagonismes et avec
               devrait déboucher très prochainement sur des       peu de possibilités d’exprimer ses contradictions
               conversations de paix officielles. Ces pourparlers   sociales, la Colombie portera longtemps encore
               se tiendront indépendamment de ceux réalisés       le  fardeau  des  chagrins  et frustrations  d'un
               avec les FARC, probablement en Équateur.           conflit trop long et douloureux qui se termine en
               Dans cette interview, l’emblématique dirigeant     laissant derrière lui un sentiment de gâchis et de
               guérillero affirme : «  Le régime veut faire taire   désillusion.
               les fusils de l’insurrection, afin de neutraliser les
               opposants, sans qu’il y ait de changements dans le   Un énorme défi pour les nouvelles générations
               pays. Pour nous, la paix est un chemin vers la justice   qui doivent recomposer une nation, sans jamais
               et l’égalité sociale en Colombie, dans un contexte de   oublier le passé. Un travail de deuil et de mémoire
               démocratie et de souveraineté ».                   pour résilier et reconstruire.
               «  En Colombie, on a déjà signé des accords de
               papier qui, dans les faits, n’ont pas été respectés.
               Des guérilleros signataires l’ont payé de leur vie, ont
               été incarcérés ou ont disparu. Il est très habituel,
               dans mon pays, que des accords signés entre les                                 rodrigo reSTrePo
               autorités et des mouvements de masse ne soient                              Bureau national de FAL et
               pas appliqués par les gouvernements. C’est pour                         Président de FAL Val-de-Marne


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