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Où en est le processus de paix

en Colombie ?

Dossier coordonné par Hernando Franco, Président de FAL Gentilly et Rodrigo Restrepo, membre du Bureau National de FAL.

La dernière ligne droite vers la paix

Avec une poignée de main historique et en présence de Raúl Castro, président de Cuba, pays
garant du processus de paix, le président colombien Juan Manuel Santos et le commandant
des FARC-EP, Rodrigo Londoño (Timochenko) ont scellé à La Havane un accord sur la Justice
Transactionnelle qui sera appliquée après la fin du conflit armé. Il s'agit d'une Juridiction Spé-
ciale pour la Paix qui assure aux victimes de la guerre, vérité, réparation et garantie de non
répétition. Ils ont annoncé que l'accord de paix définitif sera signé, au plus tard, dans les six
prochains mois. DOSSIER

Le 17 octobre 2012, la capitale norvégienne nouveau communiqué conjoint le 16 mai 2014.
accueillait la première réunion fixant les bases Après l'accord annoncé le 23 septembre dernier
des négociations de paix en Colombie, qui ont sur la justice et les victimes, il reste un dernier point
débuté le 19 novembre 2012 à Cuba. Trois ans dans l'agenda qui concerne la mise en œuvre, la
après le lancement des discussions à La Havane, vérification, le mécanisme de ratification et la fin
le gouvernement colombien et les Forces armées effective du conflit armé.
révolutionnaires de Colombie (FARC-EP) ont La signature de ces accords a été possible
conclu des accords sur quatre des cinq points de grâce à deux facteurs principaux. D’abord,
l'agenda des négociations : la question agraire, le gouvernement colombien et les FARC ont
la future participation politique des FARC, les vraisemblablement compris qu’au-delà de leurs
drogues illicites, la justice et victimes. Il reste calculs stratégiques respectifs, la seule issue à
encore une dernière ligne droite à parcourir cette guerre passait par la négociation politique.
pour mettre fin à ce conflit armé qui dure depuis Ensuite, la signature de ces premiers accords
plus de 50 ans et dont la résolution améliorerait est aussi due à la participation des pays garants
la stabilité non seulement en Colombie, mais du processus de paix, la Norvège et Cuba, ainsi
également dans toute l’Amérique latine. que des pays facilitateurs que sont le Chili et le
Venezuela.
Un processus de paix en cinq points
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Un chemin semé d'embûches
Avec ce nouveau processus de négociations entre
le gouvernement colombien et les FARC, le pays L’actuel processus de paix avait suscité cependant
se retrouve à un moment crucial de son histoire un certain scepticisme quant à la possibilité
et les deux parties ont là une opportunité sans d’arriver à une issue positive et cela pour diverses
précédent de mettre fin à l’un des plus anciens raisons. Tout d’abord, il y avait l'ombre de l’échec
conflits du monde. des trois principales tentatives de négociations
Les pays de la région et la communauté engagées avec les FARC depuis les années 1980.
internationale ont exprimé leur optimisme suite En effet, le cessez-le-feu signé en 1984 sous la
à la signature, après six mois de pourparlers, présidence de Belisario Betancur, le dialogue de
de deux accords partiels concernant les deux Tlaxcala (Mexique) en 1992 sous la présidence de
premiers points du processus de paix. César Gaviria, tout comme les négociations entre
En mai 2013, les deux parties ont d’abord conclu un le président Andrés Pastrana et les FARC entre
premier accord portant sur la réforme du système 1999 et 2002, sont des tentatives qui ont toutes
agraire, qui constitue un point essentiel du conflit. échoué. Ces trois échecs, et particulièrement la
L’accord prévoit notamment la régularisation de dernière, ont laissé une flagrante évidence de
la propriété terrienne, la distribution des terres l'absence de volonté réelle des deux parties pour
aux agriculteurs et l’indemnisation des personnes s'engager dans un processus de paix. Le pays
qui ont été spoliées ou contraintes de se déplacer. se souvient encore du fiasco des négociations
Un second accord sur une éventuelle participation réalisées dans la région de El Caguán sous la
des FARC à la vie politique colombienne a, par la présidence de Pastrana et utilisées, aussi bien
suite, été signé, le 6 novembre 2013. par le gouvernement que par les FARC, comme
Le troisième accord partiel concernant les une stratégie pour se renforcer militairement
drogues illicites a été annoncé, par le biais d’un pendant la trêve.

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