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Photo d'une réunion de la conférence des Commandants en Chef des Armées Américaines (CEA), niveau des attachés militaires à Santiago du Chili en
1981. Un document typique de la coopération entre États avant Condor, en 1974. Ici, il s'agit de "contrebandiers", dont il est difficile de savoir s'il s'agit
bien d'authentiques criminels de droit commun ou de militants qui passaient les frontières. On voit ici la coopération entre services exclusivement
politiques, les attachés militaires de plusieurs pays, le SID et l'Escadron de la mort uruguayen, l'OCOA (Oficina Coordinadora de Operaciones
Antisubversivas). Source : Pierre Abramovici.
personnes politiques (...) il faudrait que nous puissions Un condor qui frappe bien au-delà des frontières
(…) nous déplacer dans ces pays (Bolivie, Chili, Argentine) Selon la CIA qui prétend n’en avoir réellement entendu
sans qu'il soit besoin d'une enquête formelle »4. parler qu’en 1976, trois pays membres de Condor, le
Le commissaire Villar promet donc que la DAE Chili, l’Argentine et l’Uruguay, « auraient étendu leurs
(Département des Affaires Étrangères de la activités de coopération antisubversive afin d’inclure
Surintendance de Sécurité de la Police Fédérale l’assassinat de terroristes de haut rang en exil en
Argentine) s'occuperait des étrangers qui intéressent Europe ».
les juntes voisines. Alors qu’il était acquis que l’échange d’informations
Comme à Alger, où l’armée a saisi des fichiers de la et de renseignements fonctionnait bien de manière
police, des membres de l’AAA volent le fichier des bilatérale, « une troisième et très secrète phase de
réfugiés étrangers. l’Opération Condor aurait concerné la formation
En août 1974 commencent à apparaître dans les d’équipes spéciales venant des pays membres
dépôts d'ordures de la capitale fédérale argentine impliqués dans des opérations qui incluraient des
les premiers cadavres de réfugiés étrangers. Les assassinats contre des terroristes ou des sympathisants
exécuteurs des autres pays font de même : le 30 d’organisations terroristes. Par exemple, si un terroriste
septembre, à Buenos Aires, une bombe posée par un ou un sympathisant d’une organisation terroriste
commando chilien tue le général Carlos Prats, ancien d’un pays membre était identifié, une équipe spéciale
commandant en chef de l'armée chilienne pendant serait expédiée afin de repérer et surveiller la cible.
l'Unité Populaire et fer de lance de l’opposition au Puis une deuxième équipe serait envoyée pour opérer
général Pinochet. Des commandos policiers ou contre la cible. L’équipe spéciale serait équipée de faux
militaires franchissent en toute impunité les frontières. documents issus des pays membres. Elle pourrait être
Au cours des mois de mars et avril 1975, par exemple, composée d’individus venus d’une ou de plusieurs
plus de vingt-cinq Uruguayens sont arrêtés à Buenos nations membres ».
Aires par des policiers argentins et uruguayens. Ils sont Pour la CIA, le centre opérationnel de cette phase
conduits dans les locaux de la police argentine où les particulière de Condor est Buenos Aires où une équipe
interrogatoires sont menés conjointement par des spéciale aurait été constituée pour la Phase Trois,
militaires et des policiers, uruguayens et argentins5. organisée, à l’image des unités des Forces Spéciales
Rassemblée à Montevideo du 19 au 26 octobre étasuniennes, avec médecin, expert en sabotage,
1975, la conférence du Renseignement de la CEA interrogateur, etc.
approuve l'organisation d'une réunion opérationnelle Les réunions bilatérales du renseignement de la CEA
continentale du renseignement préparée par Manuel continuent entre les différents pays du Cône Sud et
Contreras, chef de la DINA chilienne pour le 25 leurs effets sont tout aussi brutaux.
novembre au 1er décembre. Au cours de l’année 1976, de nombreuses réunions
Contreras propose notamment la création d'un fichier Condor ont lieu. Selon la CIA, "même si la coopération
continental d'opposants «dans ses lignes générales, existait entre leurs services de renseignement et de
semblable à Interpol à Paris, mais spécialisé en sécurité respectifs depuis quelques temps (...) l’effort de
subversion ». coopération n’a pas été formalisé avant la fin mai 1976"
L’opération Condor, version chilienne, est née. lors d’un meeting Condor réuni à Santiago du Chili
pour organiser une coopération à long terme entre
4 Version sténographique. El Auténtico.10 décembre 1975. les services des pays participants, bien au-delà de
5 Témoignage de Graciela Tadey devant le tribunal Russel, à Rome en l’échange d’informations.
février 1976.
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