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De plus, le discours politique gouvernemental Questionner sans juger
demeure celui d’hier mais, bolivarien, nationaliste, Nous entrons dans une ère de grandes incertitudes.
ou révolutionnaire suivant le pays, a perdu de son Comment respecter la démocratie et ne pas risquer
impact car il s’adresse prioritairement aux pauvres, des dérapages ?
moins nombreux, et reste d’ordre quantitatif alors Comment maîtriser les défaites des uns, les victoires
que les besoins et les mentalités ont changé. En des autres ?
effet, les nouvelles classes moyennes créées par les Entre-t-on dans une période « post-gauche » en
politiques de redistribution des gouvernements Amérique latine ?
progressistes demandent davantage, et en particulier, Assiste-t-on à une défaillance progressiste ou à une
elles expriment des besoins d’ordre qualitatif. Elles ne restauration conservatrice ?
se contentent plus de réclamer un service de santé ou Quelles sont les alternatives aux systèmes progressistes,
d’éducation, mais elles exigent une bonne école, un sociaux et nationalistes que l’on a connus ces dernières
vrai hôpital, des moyens de transport modernes. années ?
Alors qu’on constate récemment une stagnation Ces gouvernements qui ont essayé de défendre leur
économique et donc la baisse des possibilités de marché intérieur, qui ont pris des mesures offensives
financement des politiques sociales, de nombreux à l’égard des entreprises étrangères, qui se sont basés
citoyens issus des nouvelles classes moyennes sur l’exportation des matières premières pour financer
regardent vers la droite qui a su adapter son discours des états rentiers ont-ils manqué d’attention ?
et s’est modernisée, intégrant désormais les avancées Il ne s’agit pas de poser un jugement mais de
sociales et promettant de faire mieux. questionner.
De nouveaux pouvoirs complexes Les mots de la fin ?
Avec l’élection de Macri à la présidence de l’Argentine, Ignacio Ramonet : « Pour sortir de l’État-rentier, il faut
la procédure de destitution contre Dilma Rousseff au créer un marché intérieur à l’abri d’un protectionnisme
Brésil, la nette défaite du PSUV aux élections législatives sévère. C’est ce qu’on fait les États-Unis. Une telle politique
du Venezuela, il semble bien que les gouvernements ne serait admise que par une conscience politique battue
qui ont dirigé depuis le début des années 2000 ces en brèche par le consumérisme ».
trois pays n’ont plus les moyens de tenir les manettes. Jean-Jacques Kourlianski : ces mots sont empruntés à
Mais les nouveaux élus les ont-ils prises pour autant l’ancien président uruguayen Pepe Mujica. « Que faire
et représentent-ils une alternative aux systèmes si la droite gagne ? Ne vous affolez pas, il y a des cycles en
politiques progressistes, sociaux et nationalistes ? démocratie. Que va faire la droite ? Elle fera les mêmes
En Argentine, le pouvoir législatif reste aux mains erreurs qu’elle a toujours commises par le passé. Il faut
des péronistes ; au Brésil, le parti des Travailleurs se retrousser les manches et se préparer à une deuxième
favorable à Dilma Rousseff est minoritaire au alternance ».
congrès ; au Venezuela, la cohabitation du nouveau Georges Couffignal : « En dépit des incertitudes et au vu
pouvoir législatif avec le gouvernement est confuse de tout cela, l’Amérique Latine saura inventer sa manière
et brutale, l’opposition majoritaire au Parlement ne d’aller de l’avant dans un contexte mondial de plus en
s’est pas mise d’accord sur de nouvelles orientations plus complexe ».
économiques et sa priorité est la destitution du
président Maduro. Propos rapportés par Adèle Goliot (service civique au
Fait nouveau : les pouvoirs exécutifs et législatifs vont siège de FAL) et Gérard Fenoy (BN de FAL)
donc devoir négocier, trouver des terrains d’ententes,
des accords alors que la soif de participation politique Synthèse rédigée par Cathy Ferré (BN de FAL) et
des mouvements sociaux s’étend. Il existe aussi, Patrice Issartelle (FAL Paris)
comme cela s’est produit il y a peu au Guatemala, le
risque de voir surgir des outsiders antisystèmes, sans
expérience, sans vrai programme politique sur le
thème « je ne serai pas corrompu ». En effet, la corruption
est la « tarte à la crème » des médias et l’électorat exige
désormais des gouvernants inattaquables.
Alors, s’agit-il d’un nouveau cycle en Amérique latine ?
Si l’on regarde les propositions des partis d’opposition
on peut parler d’un panorama nouveau, en rupture
avec ce qui s’est déroulé toutes ces dernières années.
Les nouveaux partis qui arrivent au pouvoir cherchent
à déstabiliser les anciens pouvoirs par tous les moyens
et comptent sur l’appui des puissants médias qu’ils
contrôlent. Mais nous ne sommes pas face à un retour
aux dictatures militaires et les formes sont respectées,
notamment les calendriers démocratiques avec des
élections régulières, ce qui peut faire espérer une
alternance ultérieure.
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