🇧🇷 Présidentielle au Brésil : Lula en tête avec 48 % mais Bolsonaro renforcé (Revue de presse)


Bien que Lula soit en tête de ce premier tour des élections brésiliennes avec un score de 48,43%, le candidat Bolsonaro sort de ses élections renforcé avec un score d’un peu plus de 43%. Plusieurs de ses ministres sont élus, et les autres scrutins (chambre des députés fédéraux, gouverneurs, sénateurs, chambres des députés des États fédérés) montrent que le bolsonarisme est bien implanté et même se consolide dans plusieurs territoires. Cela soutient l’idée d’un Brésil fracturé et divisé plus que jamais. Cette revue de presse a pour objectif de regrouper les réactions à chaud de quelques journaux français.


Présidentielle au Brésil : Lula en tête avec 48,43 %
(L’Humanité – le 03/10/2022)

Le pays-continent jouait son destin le 2 octobre avec le premier tour de la présidentielle. La victoire possible de Luiz Inacio Lula da Silva, largement en tête au premier tour, suscite d’immenses espérances. Mais « La lutte continue jusqu’à la victoire finale », a déclaré, Lula contraint à un second tour.

“Dès demain, nous serons en campagne. Ne vous reposez pas. Parlons à nos adversaires, à nos amis. Nous sommes la meilleure solution pour résoudre la vie du peuple brésilien. Bonne nuit et à demain.”

En effet, selon les résultats publiés par le Tribunal supérieur électoral (TSE)  portant sur 99,99 % des bulletins dépouillés, le représentant du Parti des travailleurs, ancien chef de l’Etat de 2003 à 2010, enregistre plus de cinq points d’avance avec 48,43 % des voix sur le président d’extrême droite sortant, Jair Bolsonaro (43,20 %). 

Lula recueille plus de 57,2 millions de votes en sa faveur. Mais faute de majorité absolue, un second tour aura lieu le dimanche 30 octobre.

La centriste Simone Tebet est troisième, loin derrière, avec 4,16 % des voix. Le travailliste Ciro Gomes la suit, à 3,04 %. Tous les autres candidats sont autour ou sous la barre des 0,50 %. Le taux de participation de ce premier tour a atteint 79 %.

Le dernier sondage Datafolha donnait le candidat du Parti des travailleurs (PT) largement en tête, avec 50 % des voix, contre 36 % pour Jair Bolsonaro. Plus que jamais les risques de déchirement d’une société dévastée et extrêmement polarisée restent présents. 

Rio de Janeiro, Sao Paulo (Brésil), envoyée spéciale.

Elle est restée quelques instants, presque une éternité compte tenu du tumulte qui l’entoure, à embrasser la foule du regard, à disséquer ses sourires, ses éclats et sa ferveur. C’est là, à Madureira, une banlieue populaire du nord de Rio de Janeiro, qu’elle a trouvé son pays. Loin du récit proposé depuis quatre ans par le pouvoir fasciste de Jair Bolsonaro.

« On nous a jeté tellement de haine à la figure. Le Brésil est un pays de couleurs, de mélange. Le bolsonarisme, c’est le noir, l’obscurantisme, les bruits de bottes. Il nie notre identité culturelle », souffle Marisa, lorsque la sono lui en laisse la possibilité. Le trop-plein est atteint, les corps parlent. « Désormais, je fais de la tachycardie quand je l’entends », explique cette mère de huit enfants.

Au cœur de l’école de samba de Portela, l’une des plus titrées du pays, Luiz Inacio Lula da Silva mène, en ce 25 septembre, l’un de ses derniers rendez-vous de campagne. Au projet de politique de blanchiment de la population brésilienne décrit par Marisa, le candidat de gauche oppose l’exaltation du métissage, la célébration d’une culture qui puise ses racines dans l’esclavage et d’un lieu largement fréquenté par une population marginalisée, voire criminalisée.

En 2019, l’ancien maire de Rio de Janeiro Marcelo Crivella, membre du Parti républicain brésilien et évangélique notoire, avait privé les écoles de samba de leurs subventions. Réponse des « carnavalescos » au triste sire : l’année suivante, le défilé était placé sous le signe des droits des minorités, de la dénonciation des violences policières et de la déforestation.

Trente-trois millions de Brésiliens souffrent de la faim

Avant la présidentielle et les élections générales du 2 octobre, Lula, l’enfant du Nordeste, concentre tous ses efforts sur la partie méridionale du pays, qui abrite plus de 40 % du corps électoral. L’enjeu est de taille. Dans ce Sud industrialisé et européanisé, Jair Bolsonaro a réalisé parmi ses meilleurs scores, il y a quatre ans. Même en ces terres cariocas, où ses trois fils sont élus, le président sortant est donné à égalité avec Lula.

Face à l’affluence à Madureira, plusieurs centaines de sympathisants de gauche sont contraints d’écouter depuis la rue le meeting de « leur » président, le seul qu’ils reconnaissent. Accoudée à une barrière métallique, Gloria note à son tour : « Tout a changé avec Bolsonaro. La structure familiale a été durement touchée. Ma sœur est décédée du Covid. Il a pompé tout le sang du Brésil. Il y a tellement de souffrances. J’ai moi-même perdu mon emploi à l’hôpital. »

Jair Bolsonaro a beau se vanter d’un retour de la croissance (1,2 % au deuxième trimestre), la plus grande économie d’Amérique latine recense plus de 10 millions de chômeurs et un nombre croissant de travailleurs informels ; 33 millions de personnes souffrent par ailleurs de la faim, pourtant éradiquée grâce à la politique volontariste du Parti des travailleurs (PT) de Lula.

La démocratie, enjeu cardinal du scrutin

Des comités de quartier s’organisent, désormais, pour s’assurer que tout le monde mange à sa faim. Du PT à la Centrale unique des travailleurs (CUT) en passant par le Mouvement des sans-terre (MST), c’est une contre-société qui garantit le minimum décent en lieu et place du gouvernement. « Il devient difficile de s’acheter à manger. Je suis terrorisée à l’idée d’avoir faim », confirme Marlène. Comme un écho, sur la place du Marechal Deodoro de Sao Paulo, surplombée par la quatre-voies et saturée de tentes de sans-abri, une banderole aux couleurs du drapeau national témoigne que « le Brésil a empiré ».

Dans ce paysage de désolation, deux mots ont rythmé la campagne électorale de Lula, « bonheur » et « espoir ». L’hymne Sem medo de ser feliz (Sans avoir peur d’être heureux), reprise de la chanson de 1989, qui marqua la première élection post-dictature, s’avère être un clin d’œil au présent. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici


Présidentielle au Brésil : Lula devance Bolsonaro,
un second tour aura lieu le 30 octobre
(Le Monde – le 03/10/2022)

Avec 48,43 % des voix, le représentant du Parti des travailleurs, chef de l’Etat de 2003 à 2010, enregistre plus de cinq points d’avance sur le président d’extrême droite sortant.

Luiz Inacio Lula da Silva remercie ses supporteurs après l’annonce des résultats du premier tour de l’élection présidentielle brésilienne, à Sao Paulo, le 2 octobre 2022. ERNESTO BENAVIDES / AFP

L’élection présidentielle du Brésil se décidera au second tour. À l’issue du premier tour de scrutin, dimanche 2 octobre, l’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, dit « Lula », termine en tête devant le chef d’État d’extrême droite sortant, Jair Bolsonaro, avec 48,43 % des voix contre 43,20 %, selon les résultats publiés par le Tribunal supérieur électoral (TSE) portant sur 99,99 % des bulletins dépouillés.

Plus de six millions de voix séparent les deux hommes, Lula comptabilisant plus de 57,2 millions de votes en sa faveur. Mais aucun des deux candidats n’ayant atteint la majorité absolue, ils seront départagés lors d’un second tour, dimanche 30 octobre.

Quelque 156 millions de Brésiliens étaient appelés à voter pour ce premier tour afin de choisir leur président pour les quatre prochaines années. La centriste Simone Tebet récolte la troisième place, loin derrière, avec 4,16 % des voix. Le travailliste Ciro Gomes la suit, à 3,04 %. Tous les autres candidats sont autour ou au-dessous de 0,50 %. Le taux de participation de ce premier tour a atteint 79 %.

« La lutte continue jusqu’à la victoire finale », a déclaré, dimanche soir, « Lula », qui a admis qu’il espérait l’emporter dès le premier tour et semblait touché après l’annonce du résultat. « C’est juste une prolongation. Nous allons remporter cette élection », a-t-il prédit en utilisant une formule sportive, promettant « plus de déplacements, d’autres meetings » à la rencontre des Brésiliens pour décrocher un troisième mandat.

« Une surprise »

Parmi les onze prétendants à la fonction suprême, « Lula » partait favori. Samedi soir, le dernier sondage Datafolha donnait le candidat du Parti des travailleurs (PT) largement en tête, avec 50 % des voix, contre 36 % pour Jair Bolsonaro (Parti libéral).

Lula, qui a passé cinq cent quatre-vingts jours en prison pour corruption en 2018 et 2019, a fait un retour en force après l’annulation de ses condamnations, en 2021. A 76 ans, il fait une campagne sur la « reconstruction » d’un pays très divisé, promettant l’éradication de la faim, ainsi qu’une lutte en faveur de la préservation de l’environnement.

Le président brésilien, Jair Bolsonaro, candidat à sa réélection, s’adresse à la presse après l’annonce des résultats du premier tour le plaçant en deuxième position, à Sao Paulo, le 2 octobre 2022. EVARISTO SA / AFP

Jair Bolsonaro a déclaré, dans la soirée, avoir « vaincu les mensonges » des sondages, et s’est montré optimiste pour le second tour. Les Brésiliens ont moins sanctionné que prévu le président d’extrême droite pour son déni du Covid-19 (685 000 morts), la crise économique, dans un pays où plus de 30 millions de personnes souffrent de la faim, et les crises ayant émaillé tout son mandat. D’ici au 30 octobre, le dirigeant d’extrême droite aura l’occasion de galvaniser ses troupes dans les rues et de trouver un nouvel élan.

« C’est une surprise, Bolsonaro a obtenu plus de votes que ce que l’on attendait, notamment à Sao Paulo et Rio de Janeiro, les deux Etats les plus importants du pays », dit à l’Agence France-Presse (AFP) Paulo Calmon, politologue de l’université de Brasilia. « Au second tour, la course présidentielle reste ouverte et promet d’être très disputée. Bolsonaro a encore toutes ses chances d’être réélu », ajoute-t-il. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici


Présidentielle au Brésil:
Lula en tête mais Bolsonaro renforcé
(Libération – le 03/10/2022)

Au terme d’une campagne extrêmement polarisée, les résultats sont bien plus serrés que ce que ne prédisaient les sondages. L’ancien président, qui récolte 48,4 % des voix, et le sortant, Jair Bolsonaro, (43,2 %) s’affronteront au second tour, le 30 octobre.

Lula après l’annonce des résultats, à São Paulo, le 2 octobre. (Ernesto Benavides/AFP)

«Nous allons gagner. Ce n’est que partie remise», réagissait un Lula abattu, la voix éraillée, et désormais contraint de faire encore un mois de campagne. Car s’il est bien arrivé en tête du premier tour de la présidentielle, avec 48,39 % des suffrages exprimés, le leader de gauche ne l’a pas emporté dès le premier tour, comme il l’escomptait, et devra affronter en ballottage, le 30 octobre, un Jair Bolsonaro requinqué, qui fait un score largement supérieur à ce que lui prédisaient les sondages : 43,33 %. Malgré le fort rejet qu’il inspire à une large part des Brésiliens, le chef de l’Etat s’est payé le luxe d’engranger environ 1,5 million de voix de plus qu’en 2018.

«Nous avons vaincu le mensonge de Datafolha [le principal institut de sondage, ndlr]», a réagi pour sa part l’intéressé, tout en mettant en garde «ceux qui veulent le changement. Parfois, le changement peut être négatif».

«L’extrême droite a phagocyté la droite traditionnelle»

Le suspense aura duré jusqu’au bout. Jusqu’à 20 heures, heure de Brasília, Jair Bolsonaro (Parti libéral, PL) est même en tête. Puis Lula passe devant, avec le début du dépouillement dans le Nordeste, le bastion de son Parti des travailleurs (PT). Au final, le score est beaucoup plus serré que prévu. Il est même le plus serré depuis le retour au suffrage universel en 1989, après la dictature.

«Comme aux États-Unis entre Biden et Trump en 2020, Lula et Bolsonaro font des scores historiquement élevés, ce qui démontre une forte polarisation de l’opinion, analyse Habib Nassar, associatif brésilo-américain et fin observateur des deux pays. Il est clair que l’extrême droite brésilienne a phagocyté la droite traditionnelle, comme c’est le cas dans d’autres pays également.» Victime de cette cannibalisation: le parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB), qui vient de perdre son assise de São Paulo. Ce qui devrait enterrer le projet d’une alliance voulue par le PT avec ce parti, afin de reproduire l’expérience chilienne de la Concertación, cette coalition qui avait stabilisé le pays après la fin de la dictature de Pinochet.

Lors du discours de Lula devant les militants, dimanche, à São Paulo. (Matias Delacroix/AP)

«Le bolsonarisme vainqueur»

Au Congrès de Brasília ainsi que dans les scrutins régionaux qui se tenaient en parallèle, même constat : «Le bolsonarisme est le grand vainqueur des urnes», reconnaissait, sur Twitter, le sociologue Alberto Carlos Almeida, spécialiste des enquêtes d’opinion. «L’extrême droite s’est bel et bien enracinée dans le pays», renchérissait le commentateur Octavio Guedes sur GloboNews. Et sa résilience s’ancre dans le Sudeste prospère et très peuplé (près de la moitié de l’électorat). A São Paulo, l’Etat le plus puissant du pays, le candidat bolsonariste au poste de gouverneur, Tarcísio Freitas, arrive en tête, alors qu’il était donné bon second derrière Fernando Haddad, poulain de Lula (ils disputeront également un second tour). A Rio et dans le Minas Gerais, deux gouverneurs bolso-compatibles ont été élus haut la main dès dimanche soir. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici


Brésil : Lula en tête, Bolsonaro résiste
(Pierre le Duff – Reporterre – le 03 / 10 / 2022)

L’ex-président Lula est sorti en tête du premier tour de la présidentielle avec 48,4 % des voix. Le président sortant Jair Bolsonaro (43,2 %) a toutefois huit anciens ministres déjà élus au Congrès national.

Lors de l’annonce des résultats au Brésil le 2 octobre 2022. – © AFP/Sergio Lima

Il est 21 h 30, dimanche 2 octobre. Une pluie fine s’abat sur la place São Salvador à Rio de Janeiro. Les résultats viennent d’être consolidés et la foule s’est déjà bien dispersée dans ce bastion festif de la gauche carioca. Derrière Jair Bolsonaro, puis au coude-à-coude avec lui pendant une bonne partie du dépouillement, Luiz Inácio Lula da Silva a finalement vu son score remonter dans la dernière ligne droite : il a obtenu 48,4 % des voix ; Bolsonaro 43,2 %. Pour les militants, c’est un soulagement, mêlé à une déception, tant les derniers sondages prédisaient une victoire du leader de la gauche dès le premier tour.

« Avec toutes les tragédies causées, les erreurs et les inepties de ce gouvernement, c’est difficile de croire que le Brésil puisse encore supporter un tel mépris pour le service public, pour l’environnement, pour la vie », se désespère Manuel, fonctionnaire au ministère du Travail. Son ami José, photographe, barbe grisonnante et bob vissé sur la tête, reste optimiste : « Au deuxième tour [le 30 octobre prochain], les deux camps vont se rassembler, mais Lula dispose d’une plus grande réserve de voix. Il est davantage en mesure d’obtenir le soutien de Simone Tebet et Ciro Gomes », arrivés troisième et quatrième, avec respectivement 4 % et 3 % des voix.

Manuela, une jeune étudiante en lettres, n’en est pas persuadée : « Ce sont deux candidats du centre, et la possibilité est réelle que leurs électeurs se tournent vers Bolsonaro », estime-t-elle. Le sort réservé à l’écologie, l’un des enjeux de ce scrutin — notamment pour la déforestation de l’Amazonie, qui dépend des choix politiques — reste donc entier.

Des personnalités controversées élues

Outre l’écart bien plus faible qu’attendu entre Lula et Bolsonaro, l’autre surprise de cette soirée électorale sont les bons résultats des candidats alignés sur le président d’extrême droite au Congrès national et dans la course aux postes de gouverneurs. Huit anciens ministres de Jair Bolsonaro ont été élus dimanche, dont Tereza Cristina, élue sénatrice. Cette ex-ministre de l’Agriculture a contribué à légaliser l’usage en quatre ans de 40 % des pesticides autorisés à ce jour au Brésil. L’ex-ministre de l’Environnement Ricardo Salles, contraint à la démission après avoir été accusé de favoriser le trafic international de bois, a lui été élu député fédéral. « Tous ces élus conservateurs vont poser un problème de gouvernance au gouvernement de Lula, s’il est élu », prévoit Manuela. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici


Après un premier tour serré entre Lula et Bolsonaro,
la campagne reprend
(France 24 – le 03 / 10 / 2022)

La courte victoire de Lula au premier tour de la présidentielle contre Jair Bolsonaro, qui a obtenu un résultat meilleur que prévu, ouvre lundi une nouvelle période de campagne de quatre semaines qui s’annonce acharnée et chargée d’incertitudes au Brésil.

Voir également Brésil : vers un second tour à hauts risques (Analyses et débats)