🇨🇴 Le Catatumbo, royaume de la coca et chantier anti-drogue de Petro (TV5 Monde)


Quand il a dĂ©posĂ© les armes, Eiber Andrade pensait en avoir fini avec l’illĂ©galitĂ©. Cinq ans plus tard, l’ex-guĂ©rillero rĂ©colte les feuilles de coca dans le nord-est de la Colombie oĂą la guerre contre la drogue a Ă©chouĂ© et oĂą les promesses de l’État se sont Ă©vaporĂ©es.


En 2017, Eiber, 24 ans, quittait les rangs des FARC marxistes (Forces armĂ©es rĂ©volutionnaires de Colombie), Ă  la faveur de l’accord de paix signĂ© un an plus tĂ´t.

L’accord prĂ©voyait une reconversion des combattants, et faisait espĂ©rer au jeune homme qu’il pourrait se consacrer Ă  l’agriculture dans la rĂ©gion du Catatumbo, frontalière avec le Venezuela, oĂą se concentre la plus grande quantitĂ© de cultures de drogue au monde (40.084 hectares en 2020 selon l’ONU).

Comme beaucoup des 13.000 ex-combattants des dĂ©funtes FARC, Eiber, enrĂ´lĂ© Ă  10 ans, se sent aujourd’hui flouĂ©.

L’argent promis n’est jamais arrivĂ©, fustige-t-il. De retour Ă  la vie civile, il se retrouve sans ressource, sans travail.

Avec une jeune Ă©pouse et un enfant Ă  charge, le choix est vite fait: il sera cultivateur de coca.

“Aucun de nos prĂ©sidents ne nous est jamais venu en aide”, accuse Eiber, occupĂ© Ă  rĂ©colter, sous un soleil de plomb et au milieu des champs de coca, la prĂ©cieuse feuille verte Ă  la base de la pâte de cocaĂŻne.

Plusieurs de ses ex-compagnons d’armes ont repris le maquis au sein de la dissidence des FARC qui rejette l’accord de 2016. L’ELN rival, guĂ©rilla guĂ©variste, opère Ă©galement dans cette zone.

Des pancartes dans la montagne, faisant l’apologie de leur “lutte populaire”, tĂ©moignent de l’emprise des deux groupes. La bannière noire et rouge de l’ELN orne de nombreuses routes menant aux champs. Plus prosaĂŻquement, d’autres panneaux mettent en garde contre les mines antipersonnel posĂ©es par les guĂ©rilleros.

Au pouvoir depuis dĂ©but aoĂ»t, le nouveau prĂ©sident de gauche Gustavo Petro n’a de cesse de dĂ©noncer l’Ă©chec de la lutte antidrogue menĂ©e depuis quatre dĂ©cennies par ses prĂ©dĂ©cesseurs. Une guerre qui a fait des dizaines de milliers de morts, policiers, militaires, paysans, juges, journalistes, trafiquants… En vain puisque la Colombie reste le premier producteur et exportateur de cocaĂŻne au monde.

Carburant de la violence des groupes armĂ©s sĂ©vissant dans les rĂ©gions isolĂ©es, le nombre d’hectares plantĂ©s en Colombie est similaire Ă  celui de 2016 (autour de 145.000).

“Petro doit nous aider (…) Ă  voir ce que nous pouvons changer, parce que s’il ne nous aide en rien, nous allons continuer, mĂŞme si c’est un crime”, met en garde Eiber. (…)

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