🇪🇨 Colombie: l’ELN reconnue comme «organisation politique armée rebelle» par le gouvernement Petro (RFI)


C’était l’une des revendications de l’ELN pour que les discussions avec le gouvernement avancent. Le gouvernement colombien a accordé à l’ELN le statut «d’organisation politique armée rebelle» à Mexico, où se tiennent les discussions de paix entre les deux parties. 

Ouverture du deuxième round de discussions de paix à Mexico entre le gouvernement colombien et la guérilla de l’ELN : à gauche Jose Otty Patiño, chef négociateur pour Bogota et à droite Pablo Beltran, commandant en chef de l’ELN et négociateur de la guérilla. AP – Marco Ugarte

Le geste du gouvernement a été salué par l’ELN qui avait déclaré cette reconnaissance juridique comme indispensable à la poursuite du processus de paix initié par le président de gauche Gustavo Petro. L’ELN avait menacé début février mettre fin à toute négociation si elle ne se voyait pas accorder ce statut, destiné à la distinguer d’autres groupes armés, tels les narcotrafiquants, avec lesquels M. Petro s’efforce également de conclure une « paix totale ».

Le 6 février dernier, Antonio García, un des responsables du mouvement, avait martelé que si l’ELN était toujours considéré comme un Groupe armé organisé, les négociations resteraient au point mort, là où les avait laissées l’ancien président Ivan Duque (2018-2022). La guérilla a aussitôt salué samedi sur Twitter un « accord sur les questions sans lesquelles il est impossible de développer clairement et fermement ce processus de paix : la qualification juridique de l’ELN comme organisation politique armée rebelle ».

« Ce qu’il faut voir en Colombie, c’est qu’il y a plusieurs types de groupes armés, et notamment, il y a des groupes armés qui sont des groupes criminels, appelés des Bacrim, des bandes criminelles qui sont généralement issues du paramilitarisme, rappelle Sébastien Velut, professeur à l’Institut des Hautes études d’Amérique latine. La demande de l’ELN en fait, c’est de se différencier de ces groupes armés criminels et de faire reconnaître que leur combat est un combat politique. C’est un signe de bonne volonté de la part de Petro qui, lui-même, il faut le rappeler, a un passé dans la guérilla… Et la négociation qu’il a lancée depuis qu’il est arrivé au pouvoir, au milieu de l’année dernière, avait du mal à avancer avec l’ELN. On disait qu’elle avançait, il y avait encore des affrontements, donc c’est un signe d’apaisement important qu’il lance à l’autre partie dans les négociations. Ça met quand même l’ELN sur un pied d’égalité avec le gouvernement en tout cas pour discuter de sujets politiques. Et je crois que dans le cadre du conflit colombien, il y a la conscience en Colombie qu’il y a une responsabilité collective des violences qui ont été commises, et que finalement, il y a des responsabilités partagées de ces violences, et donc c’est un pas important par rapport à l’avancée de ces négociations. » 

Lors de cette deuxième réunion de négociation à Mexico -qui a débuté le 13 février-, sous l’égide du Brésil, du Chili, du Mexique, du Venezuela et de la Norvège, les délégués ont notamment décidé la mise en place d’un canal de communication fonctionnant pendant les suspensions de discussions.

Le cafouillage du cessez-le-feu  

Lors de la première session fin 2022 au Venezuela, qui avait duré une vingtaine de jours, les deux parties étaient arrivées à plusieurs accords sur des actions humanitaires et des libérations d’otages, mais sans décider d’un cessez-le-feu. 

Puis le président Petro, lui-même un ancien guérillero du mouvement M-19, avait décrété le 1er janvier un cessez-le-feu avec cinq groupes armés, dont l’ELN, qui a peu après démenti l’annonce présidentielle. L’armée colombienne avait ensuite tué neuf membres présumés de l’ELN dans une opération, fin janvier, menée par la marine colombienne, près de Buenaventura (sud-ouest). Un militaire colombien a été blessé lors de ces affrontements, et est décédé des suites de ses blessures.

L’Armée de libération nationale (d’inspiration guévariste), dernière guérilla constituée comme telle encore active dans le pays -fondée en 1964 et qui dispose de quelque 3500 combattants-, avait repris ses discussions avec le gouvernement en novembre 2022, après quatre ans d’interruption. Gustavo Petro, qui a pris ses fonctions en août comme premier président de gauche de l’histoire de la Colombie, avait déclaré vouloir aboutir à une « paix totale » avec la multitude de groupes armés opérant dans le pays, très souvent impliqués dans le narcotrafic. (…)

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