2022, une année décisive : radicaliser le féminisme, transformer le Brésil (Nalu Faria / Capire)


Cette année qui commence sera décisive pour les femmes et les mouvements populaires en général au Brésil. Une année de luttes, cruciale pour dire non au néolibéralisme, à l’autoritarisme, au négationnisme, et pour élaborer et affirmer à quoi ressemble le pays dans lequel nous voulons vivre.


Nalu Faria est membre du Comité international de la Marche Mondiale des Femmes représentant les Amériques. Elle parle de la situation brésilienne, des élections présidentielles et de la campagne « Dégage Bolsonaro ». Ce texte est une adaptation du texte original publié dans la « Coluna Sempreviva », du journal Brasil de Fato. Le contenu du site Capire est produit par des femmes liées aux mouvements sociaux de différentes parties du monde. 

Ler em Português: 2022, um ano decisivo: radicalizar o feminismo, transformar nosso país

Chaque jour et aussi lors des élections qui auront lieu en octobre, nous avons pour tâche de chasser l’extrême droite du pouvoir. La situation politique actuelle au Brésil trouve son origine dans le coup d’État contre le gouvernement de la présidente Dilma Rousseff (PT), qui s’est produit en 2016. Peu après le coup d’État, les politiques d’austérité néolibérales ont repris et les politiques du gouvernement précédent ont été démantelées. Des projets rétrogrades ont été approuvés, tels que l’amendement constitutionnel 95, qui a gelé les dépenses sociales pendant 20 ans, et la contre-réforme du travail.

Malgré le scénario d’une attaque idéologique permanente contre la gauche, Lula était le candidat préféré dans les sondages avant les élections de 2018. En avril de la même année, il a été arrêté arbitrairement, dans un processus de lawfare[1] qui l’a retenu en prison pendant 580 jours.

Au cours de ce conflit politique, les élites ont rejoint la campagne du candidat Jair Bolsonaro, de l’extrême droite. Sa campagne électorale était basée sur des fake news, mobilisant les valeurs conservatrices au nom de la famille et de la religion, et associant le communisme à la corruption. Il n’a pas participé à des débats publics, mais a diffusé son discours grâce à un réseau numérique de diffusion de mensonges et de peur, avec de nombreux robots et aussi beaucoup d’argent.

Le gouvernement Bolsonaro a poursuivi le processus de démantèlement des politiques publiques au service de la population. Il a intensifié la libéralisation de l’économie à tous les niveaux, en particulier en matière de déforestation, d’exploitation minière et de privatisation. Le caractère génocidaire de son gouvernement était déjà visible dans sa position raciste et militariste, et s’est manifesté avec plus de force lors de la pandémie de covid-19, avec une position négationniste, des attaques contre les mesures d’isolement social, le boycott de l’achat de vaccins.

Le processus d’élection présidentielle qui aura lieu en octobre de cette année pourrait signifier la défaite du gouvernement d’extrême droite et néolibéral de Bolsonaro. La possibilité concrète de consolider un changement stratégique de direction politique au niveau gouvernemental est posée.

Face à cette contestation qui se place aujourd’hui dans notre société, il est essentiel d’élire un gouvernement guidé par un autre projet de pays. Un projet populaire, féministe et antiraciste, qui pour être mis en pratique doit être ancré en permanence dans les luttes et les organisations populaires. La candidature de Lula, du Parti des Travailleurs [Partido dos Trabalhadores], a aujourd’hui le soutien de cet ensemble de mouvements et de partis qui constituaient un large front de gauche dans la campagne Dégage Bolsonaro [Fora Bolsonaro].

Les mouvements s’organisent pour soutenir son élection, avec un large processus d’organisation populaire comme élément clé pour la construction de ce projet. Une rupture profonde avec le néolibéralisme est nécessaire, liée au rétablissement et à la construction d’une démocratie avec une large participation populaire. Ce n’est que de cette manière que nous pourrons garantir la transformation de l’État pour rendre effectif son sens public et sa garantie des biens communs.

Les femmes organisent la résistance

Pendant la période d’emprisonnement de Lula, les mouvements sociaux et les partis progressistes ont fermement maintenu la campagne pour sa liberté, avec des mobilisations dans tout le pays et une veille permanente devant le lieu où Lula a été emprisonné. Les femmes ont été très actives dans la lutte contre le coup d’État et dans la campagne pour la libération de Lula. Par la suite, ce processus a été lié à la construction d’un large front qui organise la campagne Dégage Bolsonaro et la lutte pour les politiques d’urgence, les vaccins et les soins de santé pendant la pandémie.

Lors de la campagne électorale de 2018, un fait marquant a été le positionnement des femmes. Les manifestations ont été organisées par « Pas lui » [Ele não] dans lesquelles les femmes se sont fermement positionnées contre la candidature de Bolsonaro. Il s’agissait de manifestations massives, organisées et dirigées par le mouvement féministe dans toute sa diversité d’expressions. À ce moment-là, les femmes ont rejeté le projet politique de Bolsonaro et ont exposé son caractère rétrograde, conservateur et ennemi de la classe ouvrière, des femmes et des personnes noires, autochtones et LGBTQIA +. (…)

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