🇭🇹 HaĂŻti : crise politique et humanitaire (revue de presse)


Kidnappings, viols, meurtres, tirs au milieu des habitations, etc, les Haïtiens font face à « une violence cauchemardesque » de la part de gangs armés qui contrôlent quasiment la totalité de Port-au-Prince, selon le Haut Commissaire des Nations unies aux droits humains, Volker Türk. 531 personnes ont été tuées et 277 ont été kidnappées depuis le mois de janvier dans le pays.

Revue de presse (les articles les plus récents sont en haut de page)

Photo : Nations-Unies

Haïti: dix personnes tuées à Pétion-Ville, la vague de violence continue dans le pays (Marie André Bélange / RFI / 22 mars)

Lundi 20 mars, au moins dix personnes ont été tuées et leurs corps incendiés, dans la commune de Pétion-Ville, dans la périphérie est de la capitale, Port-au-Prince. Depuis plusieurs semaines, les gangs armés mènent une offensive contre la population de plusieurs quartiers. Et chaque jour, les habitants vivent un peu plus la peur au ventre.

Un policier lors d’une opĂ©ration anti-gang Ă  Port-au-Prince, le 3 mars 2023. Â© Ralph Tedy Erol / REUTERS

Jusqu’Ă  ce mardi matin encore, des tirs nourris ont rĂ©sonnĂ© dans l’est de la capitale, lĂ  oĂą au moins dix personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es la veille. Des actes commis en reprĂ©sailles Ă  l’exĂ©cution de trois membres du gang dirigĂ© par Vitel’homme Innocent.

« Lundi matin, les gens sont allĂ©s emmener leurs enfants très tĂ´t Ă  l’Ă©cole. C’est Ă  ce moment-lĂ  qu’Ă  Tunnel [un quartier de PĂ©tion-Ville, NDLR], des gens ont brĂ»lĂ© des passagers et le chauffeur d’une camionnette qui circulait », raconte Dominique St Roc, l’ancien maire de PĂ©tion-Ville.

Par ailleurs, les cas de kidnapping continuent d’ĂŞtre recensĂ©s dans la capitale haĂŻtienne. Plusieurs personnes ont Ă©tĂ© enlevĂ©es lundi, dont un avocat dans le centre-ville de Port-au-Prince. Face Ă  ce dĂ©chainement de violence depuis plusieurs semaines, la population des quartiers visĂ©s fuient leur maison en abandonnant tous leurs biens. Les activitĂ©s sont au ralenti, les rues dĂ©sertĂ©es et la police, souvent absente, se rĂ©vèle impuissante. Les autoritĂ©s politiques, quant Ă  elles, n’ont comme Ă  l’accoutumĂ©e, pas rĂ©agi.

Des centaines de morts depuis janvier

Dans le mĂŞme temps, l’ONU rappelle ce mardi que 531 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es et 277 ont Ă©tĂ© kidnappĂ©es depuis le mois de janvier dans le pays. Selon l’ONU, les gangs utilisent Ă©galement les violences sexuelles comme arme pour terroriser, soumettre et punir la population, ainsi que pour extorquer des rançons aux familles des victimes. « Nous sommes gravement prĂ©occupĂ©s par le fait que l’extrĂŞme violence continue d’Ă©chapper Ă  tout contrĂ´le en HaĂŻti. Les affrontements entre gangs sont de plus en plus violents et de plus en plus frĂ©quents, car ils tentent d’Ă©tendre leur contrĂ´le territorial dans la capitale et dans d’autres rĂ©gions », a dĂ©plorĂ© la porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, Marta Hurtado. (…)

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#JeVaisMourirBientĂ´t: en HaĂŻti, le cri de dĂ©sespoir d’une journaliste face Ă  l’insĂ©curitĂ© (Marie-AndrĂ© BĂ©lange / RFI / 22 mars)

LancĂ© lundi matin, sur sa page Facebook, le hashtag #JeVaisMourirBientĂ´t, initiĂ© par la journaliste Cyndie RĂ©gis, commence Ă  se propager sur les rĂ©seaux sociaux. Il s’agit d’un cri de dĂ©sespoir face au climat d’insĂ©curitĂ© qui sĂ©vit Ă  Port-au-Prince.

Page Facebook de Cyndie RĂ©gis

Sur une photo prise dans ce qui ressemble Ă  un jardin, deux doigts levĂ©s et une pancarte en main oĂą on peut lire : « I’m living in Haiti, #ImGonnaDieSoon Â», repris en français « Je vis en HaĂŻti, #JeVaisMourirBientĂ´t Â». La photo, publiĂ©e sur plusieurs rĂ©seaux sociaux, a vite Ă©tĂ© reprise.

La journaliste, ancienne employĂ©e de la Radio TĂ©lĂ©vision CaraĂŻbe (RTVC) entend ainsi exprimer son dĂ©sespoir face Ă  la situation sĂ©curitaire qui s’est encore largement dĂ©tĂ©riorĂ©e dans la capitale haĂŻtienne oĂą des bandits armĂ©s tuent, incendient et kidnappent sous le regard passif des autoritĂ©s.  (…)

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Haïti: «Il y a un génocide qui se prépare ici et on laisse la situation pourrir» (Interview de Jean William Pape / RFI / 9 mars)

Il faut Ă©viter « un massacre Ă  la Rwanda(ise) », a dĂ©clarĂ© en dĂ©but de semaine le Dr Jean William Pape, membre du comitĂ© scientifique de l’OMS, professeur de mĂ©decine Ă  l’universitĂ© Cornell Ă  New York, directeur et fondateur des centres GHESKIO en HaĂŻti.

Des Ă©coliers courent pour se mettre Ă  l’abri alors qu’ils quittent l’Ă©cole Ă  Port-au-Prince, HaĂŻti, le 3 mars 2023. REUTERS – RALPH TEDY EROL

RFI : Quelle est la situation aujourd’hui en HaĂŻti ?

Dr Jean William Pape : Il y a une situation tout Ă  fait dĂ©sespĂ©rĂ©e en HaĂŻti. On n’a plus de gouvernement, on n’a plus d’État, la situation d’insĂ©curitĂ© s’aggrave tous les jours, on voit de plus en plus que ça affecte tous les secteurs de la sociĂ©tĂ©, les enfants ne peuvent plus aller Ă  l’école, il n’y a pas un seul groupe de la sociĂ©tĂ© qui n’a pas Ă©tĂ© kidnappĂ©, les mĂ©decins en particulier. Je crois qu’il y en a plus de dix qui ont Ă©tĂ© kidnappĂ©s depuis le dĂ©but de l’annĂ©e, les prĂŞtres sont kidnappĂ©s, les professeurs sont kidnappĂ©s, les petits marchands de rue sont kidnappĂ©s. Donc, c’est un phĂ©nomène qui n’échappe Ă  personne. VoilĂ  le cri d’alarme. Il aurait dĂ» ĂŞtre lancĂ© dĂ©jĂ  depuis plusieurs mois.

Revenons sur ce terme de Rwanda. Pourquoi la référence à ce pays-là ?

On a beaucoup de caractéristiques en commun avec le Rwanda. On a à peu près le même nombre au point de vue population, on a un PIB plus ou moins comparable et un pays très montagneux de la même superficie environ qu’Haïti. Et ce qui se passe chez nous actuellement, c’est qu’il y a énormément d’armes de gros calibre en circulation, entre les mains de civils et de groupes armés. La police est tout à fait impuissante, nous avons une armée qui est sous-équipée en effectifs et en armes. Et il y a également l’incitation à la violence sur les réseaux sociaux. Vous vous rappelez la radio Mille collines au Rwanda, c’est comme ça que ça avait commencé. On va vers une guerre civile qui va provoquer un massacre considérable, à cause justement des protagonistes qui sont sur le terrain, des divergences politiques, et également de la quantité d’armes qui se trouvent en Haïti. (..)

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En Haïti, les gangs armés kidnappent et gagnent du terrain (RFI / 9 mars)

Le climat sécuritaire d’Haïti s’est largement détérioré ces derniers jours. Des affrontements entre bandes armées ont eu lieu dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince. Ces actes se sont même étendus dans d’autres quartiers qui étaient, jusque-là, moins touchés par l’insécurité qui sévit dans le pays.

Des enfants courent se mettre Ă  l’abri, Ă  Port-au-Prince, le 3 mars 2023. REUTERS – RALPH TEDY EROL

Bel Air, Solino, Delmas 24, Nazon… Depuis une semaine, les quartiers situĂ©s au cĹ“ur de Port-au-Prince vivent au rythme de la violence des gangs armĂ©s. 

Les bandes rivales s’affrontent et certains résidents ont dû fuir leur domicile pour échapper à la fureur des gangs sans savoir où se réfugier. Pas seulement à Port-au-Prince. Des tirs ont également été signalés dans la commune de la Croix-des-Bouquets.

Durant le week-end, le secteur de Bel Air a de nouveau Ă©tĂ© secouĂ© par les dĂ©tonations des armes Ă  feu. Les actes des bandits se sont mĂŞme Ă©tendus dans des endroits huppĂ©s d’HaĂŻti. Les gangs pĂ©nètrent dans des maisons et enlèvent des rĂ©sidents. Ă€ Fort Jacques, lieu historique et touristique du pays, des hommes armĂ©s ont incendiĂ© le sous-commissariat de la zone. 

Dans le centre de la capitale haĂŻtienne, les cas d’enlèvements s’accumulent Ă©galement. Une Ă©colière et son père ont Ă©tĂ© enlevĂ©s jeudi devant la barrière principale d’un Ă©tablissement scolaire au moment oĂą il dĂ©posait sa fille Ă  l’école. Un professeur, sa femme, son enfant et deux autres personnes qui les accompagnaient ont Ă©galement Ă©tĂ© kidnappĂ©s dans la mĂŞme journĂ©e.

Les heurts entre bandes armĂ©es dans les quartiers de la capitale haĂŻtienne ont provoquĂ© le dĂ©placement de nombreuses familles. Les HaĂŻtiens vivent dans la plus grande inquiĂ©tude, craignant les balles perdues des bandits. (…)

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En HaĂŻti, le trafic d’armes aggrave les crises sĂ©curitaires, selon l’ONUDC (ONU info)

Des armes Ă  feu et des munitions de plus en plus sophistiquĂ©es et de gros calibre sont acheminĂ©es vers HaĂŻti, frappĂ©e par la crise, rĂ©vèle une nouvelle Ă©tude publiĂ©e vendredi par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).   

© UNICEF/U.S. CDC/Roger LeMoyne

La violence liĂ©e aux gangs en HaĂŻti a atteint des niveaux jamais vus depuis des dĂ©cennies, selon un rapport du SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’ONU publiĂ© en janvier. Dans le mĂŞme temps, une augmentation rĂ©cente des saisies d’armes Ă  feu, ainsi que des rapports de services de renseignement et d’application de la loi, suggèrent que le trafic d’armes Ă  feu vers HaĂŻti connait une hausse. 

En outre, comme le dĂ©taille l’étude de l’ONUDC intitulĂ©e Haiti ‘s criminal markets: mapping trends in firearms and drug trafficking (MarchĂ©s criminels d’HaĂŻti : cartographie des tendances en matière d’armes Ă  feu et de trafic de drogue), HaĂŻti reste un pays de transbordement pour les drogues, principalement la cocaĂŻne et le cannabis qui entrent par bateau ou par avion dans les ports publics, privĂ©s et informels ainsi que par les nombreuses pistes clandestines.   

Des frontières poreuses 

« En fournissant une Ă©valuation rapide du trafic illicite d’armes Ă  feu et de drogue, cette Ă©tude de l’ONUDC cherche Ă  faire la lumière sur les flux de trafic qui bĂ©nĂ©ficient aux gangs en HaĂŻti et alimentent davantage de violence dans une situation volatile et dĂ©sespĂ©rĂ©e, afin d’aider Ă  Ă©clairer les rĂ©ponses et le soutien au peuple haĂŻtien », a dĂ©clarĂ© Angela Me, chef du Service de la recherche et de l’analyse des tendances de l’ONUDC.   

L’étude confirme que HaĂŻti est affligĂ©e de frontières poreuses – dont 1.771 kilomètres de cĂ´tes et une frontière terrestre de 392 kilomètres avec la RĂ©publique dominicaine – qui mettent gravement Ă  l’Ă©preuve les capacitĂ©s de la police nationale, des douanes, des patrouilles frontalières et des garde-cĂ´tes qui manquent de ressources et de personnel, et sont eux-mĂŞmes la cible de gangs.   

Un seul navire de garde-cĂ´tes 

L’ONUDC note que le pays ne compte que 181 garde-cĂ´tes, et un seul navire en Ă©tat de fonctionner. De plus le manque d’effectifs de police est aggravĂ© par leur mauvaise rĂ©partition gĂ©ographique. La plupart des agents sont concentrĂ©s dans la capitale, Port-au-Prince, parce qu’ils exercent d’autres emplois, souvent dans la sĂ©curitĂ© privĂ©e. Les postes-frontières ou les lieux connus comme des lieux de passage habituels des divers trafics sont particulièrement dĂ©garnis. La corruption, l’intimidation permanente illustrĂ©e par le saccage de nombreux postes de douane, les dĂ©parts en chaine de dirigeants contribuent Ă  affaiblir les forces de l’ordre haĂŻtiennes.   

Les armes proviennent de tous les États-Unis via la Floride 

S’agissant du trafic d’armes, l’étude dĂ©montre que la plupart des armes à feu et munitions en HaĂŻti proviennent des États-Unis, et en particulier de Floride. Les armes de poing vendues entre 400 et 500 dollars dans les points de vente lĂ©gaux aux États-Unis peuvent ĂŞtre revendues jusqu’à 10.000 dollars en HaĂŻti. Les fusils de plus grande puissance, comme les AK47, les AR15 et les fusils d’assaut Galil sont gĂ©nĂ©ralement plus demandĂ©s par les gangs, ce qui entraĂ®ne des prix plus Ă©levĂ©s. L’ONUDC rĂ©vèle que des armes de calibres de plus en plus Ă©levĂ©s, parfois des mitrailleuses lourdes, sont aujourd’hui importĂ©es illĂ©galement.   

Les armes sont souvent achetĂ©es par des hommes de paille dans les États amĂ©ricains dotĂ©es de règlementations souples sur les armes Ă  feu et sont ensuite transportĂ©es en Floride oĂą un rĂ©seau complice, souvent composĂ© de membres de la diaspora haĂŻtienne, se charge de les expĂ©dier à partir des ports du sud de l’Etat vers HaĂŻti, cachĂ©s dans des conteneurs au milieu d’articles d’importation usuels. Ă€ l’arrivĂ©e dans les grandes plaques tournantes comme Port-de-Paix et Port-au-Prince, les cargaisons sont confiĂ©es Ă  une multitude d’intermĂ©diaires.  

DĂ©tournements divers 

L’ONUDC ajoute que des armes Ă  feu, des munitions et des pièces peuvent ĂŞtre importĂ©es lĂ©galement par les agences de sĂ©curitĂ© publique et les sociĂ©tĂ©s de sĂ©curitĂ© privĂ©es. Bien qu’HaĂŻti soit soumis Ă  un embargo amĂ©ricain, plusieurs amendements permettent l’exportation de certaines armes Ă  feu et munitions aux forces de sĂ©curitĂ© haĂŻtiennes.  

Les États-Unis ont Ă©galement augmentĂ© leur soutien Ă  la Police nationale haĂŻtienne de 2,8 millions de dollars en 2016 Ă  plus de 12,4 millions de dollars en 2020. L’assistance directe et le soutien Ă  la formation sont souvent fournis par des intermĂ©diaires et des fournisseurs Ă©tablis, prĂ©cise le rapport. Et en 2022, les États-Unis et le Canada ont Ă©largi de nouveaux engagements, y compris des fournitures militaires et policières.   

Cependant, en raison de la faiblesse de la surveillance et des contrĂ´les, les armes et les munitions sont pĂ©riodiquement dĂ©tournĂ©es et remises en circulation sur les marchĂ©s civils par des policiers ou des employĂ©s de sĂ©curitĂ©.    (…)

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Haïti pris en étau entre le trafic d’armes et le retour du choléra (Libération)

L’ONU et la Croix-Rouge s’alarment de la dégradation de la sécurité dans le pays, en partie contrôlé par des gangs criminels qui ciblent de plus en plus les ONG médicales.

Un rapport de l’ONU dĂ©nonçant une alarmante accĂ©lĂ©ration du trafic d’armes de gros calibre, un appel de la Croix-Rouge Ă  sauvegarder la vie des mĂ©decins et des personnes hospitalisĂ©es : ces derniers jours, deux organismes internationaux ont attirĂ© l’attention sur le chaos dans lequel s’enfonce inexorablement la RĂ©publique d’HaĂŻti. Le pays le moins riche du continent amĂ©ricain, avec 60% de la population sous le seuil de pauvretĂ©, vit Â«une dĂ©gradation rapide et sans prĂ©cĂ©dent de la situation sĂ©curitaire», souligne l’ONU. (…)

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En Haïti, une «guerre qui ne dit pas son nom» qui tue, affame et viole les civils (Le Soir)

Ce qui se passe en HaĂŻti s’apparente Ă  une guerre qui ne dit pas son nom Â», dĂ©code FrĂ©dĂ©ric Thomas, chargĂ© d’études au Cetri et spĂ©cialiste de HaĂŻti. « Une guerre contre la population, avec un haut niveau d’enlèvements accompagnĂ© de viols systĂ©matiques et d’homicides, qui n’a cessĂ© de grimper en intensitĂ©. Â» (…)

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