🇨🇱 Jorge Edwards, écrivain et diplomate chilien, s’est éteint à Madrid le 17 mars dernier (Espaces Latinos)


Dans sa résidence de Madrid, Jorge Edwards est décédé vendredi de la semaine dernière. Il est né le 29 juillet 1931 à Santiago. Dès son enfance, il a éprouvé un grand penchant pour la lecture, mais il n’a jamais pensé qu’il pourrait devenir un écrivain professionnel. Après avoir terminé ses études, Jorge Edwards a étudié le droit à l’université du Chili mais n’a pas exercé cette profession, préférant suivre sa vocation littéraire.

Photo : The Clinic

En 1952, il publie son premier recueil de nouvelles, El patio (La cour), qui reçoit un accueil très favorable. Deux ans plus tard, il entame une carrière de diplomate, pensant que cette activité répondra aux attentes de sa famille. Entre-temps, il continue à écrire à un rythme tranquille, sans pour autant se consacrer entièrement à cette activité. En 1962, il publie un autre volume de nouvelles, intitulé Gente de la ciudad (Gens de la ville). Au cours des années suivantes, il travaille comme secrétaire à l’ambassade du Chili à Paris et écrit parallèlement, non sans mal, El peso de la noche (Le poids de la nuit), qui est publié en 1965. Avec ce livre, Jorge Edwards entame une nouvelle étape de sa carrière littéraire et son style d’écriture évolue. Selon l’auteur, c’est avec ce premier roman qu’il a « vraiment commencé à écrire. En d’autres termes, à dire le plus de choses possible, à observer la réalité environnante et à laisser de côté l’obsession autobiographique ». De retour au Chili, il prépare, avec le poète Enrique Lihn, un recueil de nouvelles qu’ils intitulent Temas y variaciones (Thèmes et variations) (1969).

En 1970, le gouvernement chilien l’envoie en mission spéciale à La Havane pour rétablir les relations diplomatiques suspendues entre les deux pays. Trois mois suffisent pour qu’il soit déclaré par Fidel Castro persona non grata, pour son soutien aux intellectuels dissidents du régime. Cette expérience controversée a donné naissance au livre Persona non grata, publié en 1971, qui a suscité une vive controverse, car Jorge Edwards y critiquait directement la politique des contingents. Jorge Edwards était considéré à l’époque comme un écrivain très critique à l’égard de son environnement, ce qui lui valut d’être rejeté par différents secteurs de la politique et des classes sociales. Malgré cela, il a été reconnu comme un auteur important et certains critiques ont osé dire que, grâce à ses thèmes, centrés sur sa préoccupation concernant l’époque, la réalité historique du Chili et une classe particulière (la bourgeoisie), Edwards faisait partie de la Génération Littéraire des années 1950. Il n’est resté que deux ans au Chili, car après le coup d’État de 1973, il a décidé de partir pour l’Espagne. Là-bas, Edwards a pu orienter son travail littéraire et développer ses activités de romancier.

Son expérience en Espagne et l’éloignement de son pays lui ont également donné la perspective de s’établir sur le territoire du mémorialiste : « Vous voyez les choses si clairement, des choses que vous avez négligées alors que vous les rencontriez tous les jours ici. La littérature se fait avec la mémoire. Avec une mémoire créative, qui ne peut être éveillée ou provoquée, et que l’absence stimule ». Il s’installe à Barcelone et, à partir de 1973, à Calafell, une petite ville côtière. À Barcelone, il travaille comme conseiller littéraire pour Seix Barral et directeur d’une petite maison d’édition ; il contribue également à la rédaction d’articles pour les journaux les plus connus du pays. Pendant ses années d’exil, il écrit une compilation d’essais très appréciée, Desde la cola del dragón (Depuis la queue du dragon) (1977), un livre dans lequel Edwards tente d’établir un lien entre son travail journalistique et sa fiction afin que ses chroniques puissent également être lues comme des textes littéraires, et Los convidados de piedra (Les convives de pierre) (1978), un roman, critique directe de la bourgeoisie chilienne. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici


Voir également Adiós, Jorge Edwards (Philippe Lançon / Libération / article réservé aux abonné.e.s)