Au moins 750 000 hectares de forêt détruits par le feu en Bolivie (Amanda Chaparro/ Le Monde)

Depuis début août, la Bolivie, comme son voisin brésilien, est confrontée à d’immenses feux de forêts qui, selon les estimations officielles, ont déjà ravagé entre 750 000 et un million d’hectares. Les incendies touchent la région de la Chiquitania, une zone de plaine à l’est du pays, jouxtant le bassin amazonien, sans que la tragédie au Brésil y soit directement liée.

La zone est « d’une grande biodiversité et renferme la réserve naturelle de Tucavaca », explique Cecilia Martinez, anthropologue à l’université de Buenos Aires. Elle abrite des centaines d’espèces d’animaux et de plantes endémiques « uniques au monde » et de « nombreuses population indigènes et métisses » y vivent. Les feux touchent également la région frontalière du Paraguay et les deux pays ont annoncé avoir mis en commun leurs forces pour les éteindre.

Photo diffusée par le gouvernement de la province bolivienne de Santa Cruz : un pompier face au feu près de Robore le 19 août 2019

Vendredi 23 août, le gouvernement d’Evo Morales a déployé d’importants moyens pour venir à bout des flammes, avec notamment la location d’un Boeing Supertanker aux Etats-Unis, un avion-citerne capable de transporter jusqu’à 75 000 litres d’eau par vol et ayant une autonomie de treize heures.

Une réponse jugée « tardive » par les associations environnementales. « Il a fallu que le feu s’étende et arrive à un niveau hors de contrôle pour que le gouvernement envoie des hélicoptères et des avions », dénonce Pablo Villegas, chercheur au Centre de documentation et d’information de Bolivie (Cedib), une organisation proche des milieux écologistes.

Six vols ont été réalisés depuis samedi, qualifiés de « succès » par le ministre de la présidence, Juan Ramon Quintana, qui a déclaré que les pompiers avaient pu circonscrire plusieurs foyers. Quelque 2 000 militaires et 450 policiers ont également été dépêchés, selon le ministère de la présidence.

« Agrandissement de monocultures »

Néanmoins, les incendies n’étaient toujours pas maîtrisés dimanche soir, en raison surtout des vents particulièrement violents en cette période de l’année. Selon les autorités, les foyers s’étendaient sur plus de 4 000 hectares dans des zones toujours « inaccessibles ».

Les critiques n’ont pas tardé à émerger de la part de groupes d’opposition et d’organisations écologistes, qui demandent la « proclamation de désastre national » et le déploiement d’une « aide internationale ». Dimanche dans la soirée, le gouvernement bolivien a annoncé que l’aide était « bienvenue ».

Les ONG accusent également le président Evo Morales – qui sera candidat à sa réélection le 20 octobre et a demandé la suspension pour une semaine de la campagne présidentielle – d’être responsable de ces incendies, comme son homologue brésilien. Les feux sont favorisés selon elles par une politique de déprédation de l’environnement qui participe « à la déforestation » et à « l’avancée de la frontière agricole ».

La Coordination nationale de défense des territoires indigènes paysans originels et des aires protégées (Contiocap) estime que cette « dévastation » est « le fruit d’une politique économique irrationnelle d’agrandissement de monocultures [de soja et de canne à sucre] et d’une extension de l’élevage » (…)

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