Clara sola : entre féminisme et réalisme magique (Élise Jeanne – Faire face / Alain Liatard – Espaces latinos)


Clara Sola, premier long métrage de Nathalie Álvarez Mesén, en salles mercredi 1er juin, nous mène tout droit dans un village perdu du Costa Rica. Clara, 40 ans, atteinte d’une grave scoliose, de troubles mentaux et comportementaux, y vit sous l’emprise d’une mère qui a fait de sa déficience une source de revenu. Un film que France Amérique Latine vous conseille.


Un premier film ardent et charnel
sur l’émancipation d’une femme
(Élise Jeanne – Faire face)

Dès les premières minutes, nous voilà saisis par des gros plans à la poésie subtile sur une végétation luxuriante, plongée dans la brume, et sur la manière viscérale dont une femme touche cette nature : la taiseuse Clara préfère le monde animal à celui des humains. Considérée et présentée comme une “madone” dont les mains guérisseuses, nées d’une hypothétique vision de la Vierge Marie, auraient le pouvoir de secourir les malades, elle va brûler les normes religieuses et sociales. Se libérer d’une oppression de son corps et de son existence et s’éveiller à la sexualité.

Un conte anticlérical et antipatriarcal

La réalisatrice costaricienne-suédoise, Nathalie Álvarez Mesén revendique ce premier long métrage comme « un appel à la désobéissance, à se guérir grâce à la nature ». Comme aussi une dénonciation des « femmes qui vont dans le sens du patriarcat » sans se poser de questions et reproduisent des schémas « déguisés en traditions ». Schémas qu’elle estime « rétrogrades » et « malsains ».

La singularité du regard et du ton – avec laquelle elle exprime, ici, son point de vue – est campée brillamment par la très belle actrice costaricienne Wendy Chinchilla Araya, une danseuse de formation à la forte intensité corporelle. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici

Bande annonce

Le film “Clara Sola” de Nathalie Álvarez Mesén :
le réalisme magique au Costa Rica
(Alain Liatard – Espaces latinos)

Une forte dose de réalisme magique envahit l’œuvre charnelle et organique de Nathalie Álvarez Mesén, Clara Sola, magnifiquement interprétée par Wendy Chinchilla, danseuse professionnelle. Ce fut le film latino le plus remarqué au Festival de Cannes 2021 (présenté par la Quinzaine des Réalisateurs).

ns un village de montagne costaricien, nous faisons la connaissance de Clara, la quarantaine, manifestement plus à l’aise parmi les plantes et les animaux que parmi les humains. On pense qu’elle a des pouvoirs de guérisseuse, et s’occupe des services de dévotion à la Vierge, dirigés par une mère abusive et castratrice. Elle est presque considérée comme une madone. Son seul soutien sera sa nièce María. Clara veut se libérer de la sainteté qu’on lui attribue pour s’ouvrir à la sexualité et à la sensualité de la nature. Ce rôle de sainte, au prix des sacrifices qui la prive de toutes ses libertés, a même abouti à ce qu’elle ait un corps difforme avec une colonne vertébrale en forme de serpent. Santiago, un ouvrier agricole, fait basculer ce monde mystique.

« Le fait d’être une femme ne signifie pas qu’on hérite d’une pensée féministe, au contraire ! dit la réalisatrice. C’est d’abord la pensée normative du patriarcat que se transmettent les femmes entre elles. Je l’ai constaté dans ma propre famille et j’ai voulu en parler dans mon film. Il faut ouvrir nos yeux sur cette responsabilité des femmes dans leur propre oppression. » Dans la religion, qui impose la pureté à Clara, la réalisatrice voit l’exemple d’un pouvoir des hommes dictant des lois qui sont ensuite reprises par les femmes, gardiennes de la foi.

« J’aime exprimer l’influence de la culture patriarcale en matière de volume sonore. Dans certains milieux, le volume est bas, il peut s’agir simplement de remarques qui sont faites aux femmes à propos de leur apparence et de leur attitude, on leur demande de sourire, de ne pas porter un certain genre de chaussures. Dans mon film, j’ai voulu monter le volume en situant l’histoire dans un milieu rural et très religieux pour que le message soit plus fort. » À cet asservissement, comme l’a écrit Télérama, « Le film oppose une séduisante créativité où le langage du sensible peut se déployer, un réalisme magique typiquement sud-américain et un rapport à la nature qui est, pour Clara, la seule vraie bénédiction. » Le réel est mis en scène avec beauté, mais celui-ci est traversé par des figures de conte, des visions de cheval blanc dans une jungle merveilleuse où volent des lucioles. Cette nature est luxuriante mais elle n’est qu’un aperçu du riche monde intérieur de son héroïne. (…)

(…) Lire la suite de l’article ici


Plus d’informations ici et ici