Accord de paix en Colombie : le retour difficile des ex-Farc à la vie civile (Anne Proenza / Ouest France)


Cinq ans après avoir signé un accord de paix historique, les ex-guérilleros des Farc, en Colombie, ont bien du mal à se réinsérer, malgré leur bonne volonté. Ils sont confrontés aux violences qui perdurent et rencontrent de graves difficultés économiques, dans un pays qui n’a entrepris aucune des grandes réformes prévues par l’accord de paix.

À Tierra Grata, village né il y a seulement cinq ans de l’accord de paix des Farc avec le gouvernement colombien en 2016, il y a désormais une crèche avec de jeunes enfants, fruit de la nouvelle vie des ex-guérilleros et guérilleras. | ANNE PROENZA

Située en haut d’une colline qui semble imprenable dans le département du César, au nord de la Colombie, Tierra Grata, 300 personnes (dont une centaine d’enfants), n’a que cinq ans d’existence. Avant ce n’était qu’une colline pelée, souligne Alexandra, 27 ans, originaire du village voisin de Manaure, et désormais compagne d’un ancien commandant des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

Ce drôle de hameau est l’un des 24 Anciens espaces territoriaux de formation et réincorporation (AETCR) issus de l’accord de paix signé entre le gouvernement colombien et l’ancienne guérilla marxiste, en novembre 2016. À l’époque, les guérilleros étaient sortis du maquis pour y remettre leurs armes aux observateurs des Nations Unies et commencer leur processus de retour à la vie civile.

Une reconversion dans le tourisme

Au total, selon la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, ils sont encore 3 100 (sur 13 608 ex-combattants signataires de la paix) à vivre dans ces sortes de villages communautaires. Les autres se sont dispersés en rejoignant les villes, leurs familles, leurs régions d’origine, tandis que quelques-uns ont repris la clandestinité.

Cinq ans après, la terrasse du modeste restaurant est remplie, une douzaine d’enfants jouent dans la crèche voisine, des potagers communautaires sont sagement alignés le long des sentiers en terre.

Des touristes peuvent même venir passer quelques nuits dans un vrai faux camp des Farc, construit à la lisière du hameau et géré par des ex-guérilleros comme Felix Arango, soixante-trois ans, dont dix-huit passés dans le bloc Caribe et aujourd’hui membre de la coopérative d’écotourisme Ecotours.

Pourtant, la mise en œuvre de l’accord de paix n’avance pas : nous continuons d’être stigmatisés, nous assistons au réarmement de groupes illégaux, les ressources assignées aux zones les plus affectées par le conflit sont utilisées par les vieux clans politiques, la redistribution des terres ne fonctionne pas », ​affirme Carolina Vargas, qui après vingt ans de guérilla et un récent master en administration publique dans la poche, est une des rares ex-combattantes à avoir obtenu un titre universitaire. Il faut dire que le gouvernement d’Iván Duque (droite) applique à reculons un accord de paix, signé par son prédécesseur, qu’il a longtemps combattu (…)

(…) Lire la suite ici