Amérique latine, le retour du refoulé (série de quatre émissions sur France Culture)

Une série sur la violence dans les sociétés latino-américaines. Qu’il s’agisse de la violence « légitime » exercée par l’État, de la violence entre camps politiques, des dérives autoritaires ou encore au sein des sociétés elles-mêmes, comment les démocraties y font face ?

Réflexion avec des journalistes et des universitaire à partir des exemples du Brésil, du Salvador, du Mexique, du Chili, de l’Équateur, de la Colombie et du Pérou.

Manifestation en Colombie / Luis Robayo – AFP

  • Du Brésil au Salvador : des chefs d’États à l’assaut de la démocratie   
  • De Mexico à Moroleón : des élections sous les balles 
  • Du Chili à l’Équateur, les sociétés civiles prennent le pouvoir
  • De la Colombie au Pérou : le spectre de la guerre civile  

Épisode 1 : Du Brésil au Salvador : des chefs d’États à l’assaut de la démocratie

Des manifestants mettent le feu à un mannequin représentant le président brésilien Jair Bolsonaro lors d'une manifestation contre sa gestion de la pandémie COVID-19 à Rio de Janeiro, le 29 mai 2021.
Manifestation à Rio de Janeiro, le 29 mai 2021. Crédits : Andre Borges – AFP

Pour dénoncer la tentative de contrôle de l’appareil militaire par Bolsonaro, et son instrumentalisation à des fins politiques, trois chefs des armées démissionnent au mois de mars. Les années de présidence Bolsonaro ont-elles affaibli les institutions démocratiques et la séparation des pouvoirs ?L’élection présidentielle de 2022 se rapproche au Brésil et des milliers de personnes descendent dans la rue pour dénoncer la gestion de la pandémie de coronavirus, appelant à la destitution de Bolsonaro. Sa gestion de la pandémie est notamment très critiquée : on compte près de 470 000 morts dans le pays. (…)

Entretien avec Gustavo Ribeiro, journaliste, fondateur de Brazilian Report et Marie-Hélène Sa Vilas-Boas, maîtresse de conférences en science politique à l’Université Côte d’Azur. 

Seconde partie – Le focus du jour : Le virage autoritaire de Nayib Bukele au Salvador

Le président salvadorien Nayib Bukele prononce son discours annuel à la nation marquant sa deuxième année de mandat, à l'Assemblée législative de San Salvador, le 1er juin 2021.
Le président salvadorien Nayib Bukele le 1er juin 2021.
Crédits : Marvín Recinos – AFP

Le 1er juin, Nayib Bukele fêtait les deux ans de son élection à la tête du Salvador. Deux années pendant lesquelles le président « outsider », élu à 37 ans, moderne et connecté semble être sur le chemin d’une dérive autoritaire. Le 1er mai en effet, la Communauté internationale était sous l’émotion de son « coup d’État institutionnel » : les Parlementaires de son parti ont destitué plusieurs juges de la Cour Suprême. Une démarche qui n’est pas illégale, mais semble peu légitime. Avant cela, en février 2020, il s’était présenté à l’Assemblée avec des militaires en armes, pour pousser à l’adoption d’un budget sur la sécurité. Pourtant, depuis les élections législatives de février, il bénéficie d’un soutien populaire renforcé. Jusqu’où pourra aller cette dérive ? (…)

Entretien avec Thierry Maire, chercheur associé au CEMCA, affilié au centre Maurice Halbwachs, professeur invité permanent à l’ESEN au Salvador.

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Épisode 2 : De Mexico à Moroleón : des élections sous les balles

Bureau de vote, dans l’État de Guerrero, au Mexique, le 6 juin 2021.
Photo Pedro Pardo / AFP via Getty Images.

Lors de la campagne pour les législatives au Mexique, 91 politiciens ou militants ont été assassinés. Les promesses de pacification de la société portée par le président AMLO sont loin d’avoir été tenues. Dans quelle dynamique historique s’inscrit la violence politique observée lors des élections ?

Abel Murrietà, candidat à la mairie de Cajeme, a été assassiné en pleine rue alors qu’il distribuait des tracts. Alma Barragan, candidate à la mairie de Moroleon, a été tuée par balle le micro encore à la main, lors d’une rencontre avec des citoyens. Ces deux homicides spectaculaires font partie des 91 meurtres de responsables politiques qui ont endeuillé la campagne en vue du scrutin qui s’est tenu dimanche 6 juin au Mexique. Le même jour se déroulaient les élections d’une partie de l’assemblée fédérale et de nombreuses assemblées municipales et fédérées. Un événement qui mettait en jeu plus de 20.000 sièges et s’est déroulé dans un climat d’extrême violence. (…)

Entretien avec Romain Le Cour Grandmaison, docteur en sciences politiques de l’Université Panthéon-Sorbonne et directeur du programme Mexique et Amérique centrale de Noria et Hélène Combes, chercheuse en sciences politiques au CERI / Sciences Po.

Seconde partie – Le focus du jour. Des meurtres sans cadavres : sur les traces des disparus

Si le taux d’homicides est particulièrement élevé au Mexique, il ne reflète qu’une partie de la violence endémique à laquelle le pays se trouve confronté. Car au décompte des morts s’ajoute celui, tout aussi vertigineux, des disparus. Il s’élève actuellement à 88.000 personnes. Un phénomène structurel, qui s’explique à la fois par le manque de moyens de l’Etat pour enquêter sur les disparitions, et par son implication plus ou moins directe dans une partie d’entre elles. Face à un vide insupportable pour les familles, certaines entreprennent désormais de partir elles-mêmes à la recherche des fosses communes clandestines où se trouvent, bien souvent, les corps de leurs proches. (…)

Entretien avec Sabrina Melenotte, chercheuse en anthropologie sociale à l’IRD

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Épisode 3 : Du Chili à l’Équateur, les sociétés civiles prennent le pouvoir

décompte des votes lors des élections pour choisir les maires, les conseillers municipaux et une commission chargée de réécrire la constitution à Santiago, le 16 mai 2021.
Décompte des votes à Santiago, le 16 mai 2021. Photo : Rodrigo Arangua – AFP

Les chiliens ont désigné en mai dernier les citoyens chargés de rédiger la nouvelle Constitution du pays. L’Assemblée constituante, dont un tiers des membres est issu de la société civile, sera-t-elle à la hauteur des espoirs soulevés par le mouvement social de l’automne 2019 ?

Les 15 et 16 mai dernier les Chiliens étaient appelés aux urnes pour désigner les citoyens chargés de rédiger la nouvelle Constitution. Or, sur les 155 membres élus, un tiers sont des « indépendants », c’est-à-dire des personnes non affiliées à des partis. Ce sont des nouvelles figures en politique, la plupart sont issues du mouvement social qui avait secoué le pays à l’automne 2019.  Le changement de Constitution, était une des revendications majeures des manifestants, et pour cause, le texte actuel est un héritage honni de la dictature du Général Pinochet. Un vote historique avec le désir d’un renouvellement de la classe politique et qui dote pour la première fois le pays d’une institution réellement représentative de la société. Dans les faits, 17 sièges sont réservés pour les nations indigènes et il y a un mécanisme de parité pour instaurer une part égale d’hommes et de femmes. (…)

Entretien avec Franck Gaudichaud, professeur en histoire et civilisation de l’Amérique latine à l’université Toulouse Jean Jaurès et chercheur au FRAMESPA, auteur du livre « Gouvernements progressistes en Amérique latine (1998-2018) : la fin d’un âge d’or » avec Thomas Posado, et Emmanuelle Barozet, sociologue, chercheuse au sein du Centre d’études du conflit et de la cohésion sociale (COES) de l’université du Chili.

Seconde partie – Le focus du jour : Équateur, le nouveau souffle des revendications indigènes et écologistes

L'ancien candidat présidentiel équatorien Yaku Perez joue du saxophone à côté de sa compagne, la journaliste Manuela Picq, pour fêter son anniversaire avec des partisans, à Quito, le 26 février 2021
Yaku Pérez et sa compagne, la journaliste Manuela Picq, avec des partisans (Quito 26 février 2021).
Crédits : Cristina Vega Rhor – AFP

Le 7 février 2021, le candidat indigène et écologiste Yaku Perez créait la surprise en rassemblant près de 20% des voix au premier tour des élections présidentielles en Equateur. L’avocat et militant de 51 ans démontrait que la protection de l’environnement et la remise en cause du modèle « extractiviste » – basé sur l’exploitation des ressources minières – est une préoccupation largement partagée par les équatoriens. Bien qu’il n’ait pas été élu, le succès de la candidature de Yaku Pérez est-il le signe d’un renouveau de la mobilisation citoyenne – et notamment indienne – en Équateur ? (…)

Entretien avec Emmanuelle Sinardet, professeure de civilisation latino-américaine à l’université Paris Nanterre et directrice du centre d’études Equatoriennes. 

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Épisode 4 : De la Colombie au Pérou : le spectre de la guerre civile

Des manifestants se heurtent à la police anti-émeute lors d'une nouvelle manifestation contre le gouvernement du président colombien Ivan Duque à Medellin, en Colombie, le 2 juin 2021.
Des manifestants se heurtent à la police anti-émeute à Medellín le 2 juin 2021.
Crédits : Joaquín Sarmiento – AFP

Depuis la fin du mois d’avril les manifestations perdurent en Colombie, où la violence policière, la corruption et le racisme révoltent des milliers de personnes dans les rues malgré la pandémie. Comment expliquer la polarisation à l’œuvre en Colombie entre le pouvoir et les manifestants ? (…)

Entretien avec Jacobo Grajales, professeur de sciences politiques à l’Université de Lille et chercheur au CERAPS et Lina Penagos, doctorante en sciences politiques à l’Université Gustave Eiffel. 

Seconde partie – Le focus du jour : Présidentiel : un duel qui polarise le Pérou

Le 6 juin se tenait le second tour de l’élection présidentielle au Pérou opposant Pedro Castillo, ancien enseignant de gauche radicale, à Keiko Fujimori, candidate de droite populiste et fille de l’ancien dictateur Alberto Fujimori. Pour l’instant, Castillo est en tête des suffrages. Mais au-delà du résultat, ce duel est le signe d’une extrême polarisation du Pérou qui pourrait raviver les vieux démons du pays et les tensions au sein de la population, si ce n’est déjà le cas. Des meetings de Keiko Fujimori ont fait l’objet d’affrontements et lundi 24 mai, un attentat réalisé par des narcotrafiquants et a été attribué au Sentier Lumineux, faisant 16 morts dont deux enfants. Faut-il craindre une guerre civile? (…)

Entretien  avec Kevin Parthenay, professeur de sciences politiques à l’Université de Tour, chercheur associé à l’OPALC/ CERI. 

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