L’ancien président argentin Carlos Menem est mort (Christine Legrand / Le Monde)

Chef de la nation argentine de 1989 à 1999, celui que le pays surnommait « le Turc » en raison de ses origines arabes s’est éteint, dimanche, à l’âge de quatre-vingt dix ans.

Carlos Menem, lors d’un meeting de campagne à Rosario (Argentine), en avril 2003.
ENRIQUE MARCARIAN / REUTERS

Ses amis comme ses ennemis étaient d’accord sur un point : Carlos Saul Menem était imprévisible. Éu président de l’Argentine en juillet 1989, par une large majorité, sur un programme flou aux accents populistes, puis réélu de 1995 à 1999, il est mort dimanche 14 février à Buenos Aires, à l’âge de quatre-vingt dix ans, des suites d’une infection urinaire contractée en novembre 2020, rapporte la presse argentine.

« J’ai appris avec une profonde peine la mort de Carlos Saul Menem », a déclaré sur Twitter le président argentin Alberto Fernández, issu de la mouvance péroniste comme le défunt auquel il a rendu hommage. « Pendant la dictature (1976-1983), il a été persécuté et emprisonné. »

Trois jours de deuil national ont été décrétés. Carlos Menem sera inhumé, lundi, dans le cimetière musulman de Buenos Aires, où est enterré son fils Carlos, mort en 1995 dans un accident d’hélicoptère qui n’a jamais été élucidé. La veillée funèbre a commencé, dimanche, soir au Congrès, où la vice-présidente argentine Cristina Kírchner, également présidente du Sénat, a reçu la famille à l’arrivée du cercueil recouvert du drapeau argentin.

Un allié de Washington

Avec lui, le péronisme était revenu au pouvoir après une parenthèse de treize ans (dictature militaire de 1976 à 1983 puis gouvernement de l’Union civique radicale – UCR – avec Raul Alfonsín, entre 1983 et 1989). Caudillo venu de La Rioja (Nord-Ouest), l’une des provinces les plus pauvres du pays, il se réclamait du général Juan Domingo Perón, le fondateur du Parti justicialiste (péroniste).

En 1983, au retour de la démocratie et après l’échec des péronistes face au radical Raul Alfonsin qui remporta la présidentielle, Carlos Menem avait brandi l’étendard de la rénovation du péronisme en même temps qu’Antonio Cafiero, puissant gouverneur de la province de Buenos Aires. Le 9 juillet 1989, contre tous les pronostics et le puissant appareil du parti péroniste, Carlos Menem l’emporta sur son rival lors des élections primaires.

Dès son arrivée au pouvoir l’année suivante, il a toutefois rompu avec l’héritage de son maître à penser. Il s’est allié aux secteurs conservateurs pour imposer un modèle résolument néolibéral. Un de ses premiers gestes a été de tourner le dos aux syndicats, colonne vertébrale du mouvement justicialiste, pour gagner les faveurs de l’establishment.

Alors que le général Perón était un ennemi traditionnel des États-Unis, Carlos Menem se transforma en un allié inconditionnel de Washington, au point de parler de « relations charnelles » entre les deux pays.

Privatisations tous azimuts

Il a privatisé toutes les entreprises publiques qui avaient été nationalisées quarante ans auparavant par Perón. Ces privatisations tous azimuts, y compris le système de retraites, profitèrent avant tout aux entreprises étrangères. Son gouvernement a été accusé de brader le patrimoine national, dont la compagnie d’aviation Aerolíneas Argentinas, vendue à l’espagnole Iberia. (…)

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