Argentine: démission du ministre de l’Économie et artisan de l’accord avec le FMI, Martin Guzmán. Silvina Batakis, nouvelle ministre de l’Économie (RFI / Le Monde)


Le ministre de l’Économie argentin Martín Guzmán a présenté samedi 2 juillet sa démission au président Alberto Fernández. Principal artisan de l’accord avec le Fonds monétaire international (FMI) sur le nouveau financement de la dette argentine, l’homme de trente-neuf ans était régulièrement mis en cause par l’aile gauche de la coalition gouvernementale, qui apparaît plus divisée que jamais après cette démission surprise.


Le ministre argentin de l’Économie Martin Guzmán, lors de rencontres avec le FMI à Washington le 21 avril 2022. AP – José Luis Magana

C’est une annonce surprise qui risque de fragiliser encore un peu plus la reprise économique en Argentine : après deux ans et demi à la tête du ministère de l’Économie, Martín Guzmán a présenté sa démission, samedi 2 juillet.

Refinancement de la dette argentine

Bras droit du président de centre-gauche Alberto Fernandez, ce disciple du prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz avait mené les négociations avec le FMI sur le refinancement de la dette argentine de 45 milliards de dollars.

L’accord conclu en mars dernier avec l’organisme financier lui avait valu les critiques de l’aile gauche de la coalition gouvernementale, incarnée par la vice-présidente Cristina Kírchner.

Sa démission intervient alors que la coalition au pouvoir se déchire ouvertement depuis plusieurs semaines sur la réponse à apporter à la dégradation de la situation sociale en Argentine. L’Argentine sort en effet de trois ans de récession, et fait face à un fort taux de pauvreté, environ 37%. Le plus important fournisseur mondial de soja, de maïs et de blé est aussi touché par une forte inflation, 60% cette année et un important déficit public. Cette situation est exacerbée par la hausse des prix des matières premières à l’échelle mondiale, due à la pandémie et à la guerre en Ukraine.

Le FMI intervient pour la treizième fois

C’est la treizième fois que le FMI vient au secours du pays, depuis son retour à la démocratie en 1983.  En mars, le Fonds monétaire international a approuvé un prêt total d’environ 45 milliards de dollars, le plus important de son histoire. Cette aide à été négociée en 2018 sous le gouvernement du libéral Mauricio Macri. Le remboursement de ce prêt ne commencera qu’en 2026, après une période de grâce donc, et s’étalera jusqu’en 2034. En échange, le pays a dû adopter des mesures macro-économiques drastiques : baisse des dépenses, réduction de nombreuses subventions, dans l’énergie notamment, qui pèsent lourdement sur les Argentins les plus fragiles. (…)

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Silvina Batakis remplace l’artisan de l’accord sur la dette au ministère de l’économie (Le Monde / AFP / 3 juillet)

Le chef de l’État avait, toute la journée de dimanche, mené des consultations pour trouver un remplaçant à Martin Guzmán. Il a choisi « une économiste renommée », qui a été ministre de l’économie dans la province de Buenos Aires entre 2011 et 2015.

Silvina Batakis, en 2015 à La Plata. Photo : Reuters

C’est un signal de l’influence croissante du courant péroniste (gauche) dans le paysage économique argentin. Silvina Batakis, une économiste de 53 ans, a été nommée dimanche 3 juillet ministre de l’économie, après la démission de Martin Guzmán. Le président, Alberto Fernandez (centre gauche), avait, toute la journée de dimanche, mené des consultations pour trouver un remplaçant à M. Guzman, grand artisan de l’accord sur la restructuration de la dette argentine avec le Fonds monétaire international (FMI) signé en mars. M. Guzmán était salué pour avoir évité à l’Argentine, troisième économie d’Amérique latine, un défaut de paiement sur une dette record de près de 45 milliards de dollars envers le FMI, héritage d’un prêt contracté en 2018 par le précédent gouvernement du libéral Mauricio Macri.

Mais ce partisan d’un retour en douceur à l’équilibre budgétaire, de « tranquilliser » l’économie, était régulièrement mis en cause par l’aile gauche de la coalition Frente de Todos, la frange péroniste incarnée par la toujours influente et populaire Cristina Kírchner, vice-présidente du pays (et cheffe de l’État de 2007 à 2015). Cette dernière réclame avec insistance un virage social et moins de déférence pour les grands équilibres macroéconomiques, dans un pays qui compte 37 % de pauvres.

Silvina Batakis a été, entre 2011 et 2015, ministre de l’Économie dans la province de Buenos Aires, dont le gouverneur était alors Daniel Scioli, un ancien vice-président du chef de l’État Nestor Kírchner, et donc proche de son épouse, Cristina. La nomination de Batakis apparaît à ce titre comme un signal du poids croissant du camp kirchnériste dans la coalition de centre gauche au pouvoir à Buenos Aires, à un an et demi de l’élection présidentielle.(…)

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