🇦🇷 Argentine. Mario Sandoval, ex-policier de la dictature, extradé de France, condamné à quinze ans de prison par un tribunal de Buenos Aires (AFP / Le Monde)


L’ancien policier argentin Mario Sandoval, soupçonné d’avoir participé à des centaines d’enlèvements, tortures et disparitions sous la dictature (1976-1983) qui a vécu trente ans en France à partir de 1985, avait été extradé en 2019 pour être jugé à Buenos Aires pour l’enlèvement d’un jeune étudiant en 1976. Il a été condamné mercredi 21 décembre à quinze ans de prison. Une victoire contre l’impunité !

Photo : Daniel Garcia / AFP

Mario Sandoval, 69 ans, a été reconnu coupable de « privation illégitime de liberté » et « d’imposition de tortures à un détenu politique »: Hernán Abriata, étudiant en architecture et militant péroniste de vint-quatre ans, enlevé en octobre 1976, et disparu depuis, selon le jugement d’un tribunal de Buenos Aires, dont des extraits ont été publiés par l’agence officielle Telam.

Ancien inspecteur de police fédérale à Buenos Aires, Mario Sandoval a comparu en septembre, jugé pour le seul dossier d’Abrieta, bien qu’il soit soupçonné d’avoir été l’un des agents les plus actifs de l’ESMA, l’École de mécanique de la Marine, dont une aile devint le centre de détention et de torture le plus tristement célèbre de la dictature.

Il a été extradé de France en décembre 2019, après huit ans de bataille judiciaire, avec des recours devant le Conseil d’Etat et le Conseil constitutionnel notamment, et placé depuis en détention préventive en Argentine.

Des peines de vingt ans de prison à la réclusion à perpétuité avaient été réclamées par le ministère public, et les parties civiles, parmi lesquelles la famille d’Hernán Abriata, le secrétariat des Droits de l’Homme et des survivants de l’ESMA.

Mario Sandoval a entendu l’énoncé de la sentence, par téléconférence, depuis sa cellule de la prison militaire de Campo de Mayo. Auparavant, il avait une dernière fois clamé son innocence, et affirmé n’avoir rien eu à voir avec l’ESMA. Comme au début du procès lorsque, défiant, il s’était qualifié de « prisonnier d’exception », victime d’un « procès politique », pour lui faire « porter la responsabilité politique de la violence de cette époque » « À ce procès, ma liberté et ma réputation ont été mises en danger. Par moments, la Cour est devenue une scène, où les discours étaient politiques et je ne pouvais pas me défendre », a-t-il lancé mercredi.

Exilé en France en 1985, après la chute de la junte, Mario Sandoval s’y était bâti une nouvelle vie, devenant consultant sur les questions de défense et de sécurité. Il avait enseigné notamment à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine (IHEAL), à Paris. Il avait obtenu la nationalité française en 1997 mais, n’étant pas Français à l’époque des faits, pouvait être extradé. Il avait été débusqué à la suite d’un article de presse, et via une étudiante, fille d’exilés argentins, qui avait suivi un de ses cours à la Sorbonne. (…)

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L’ex-policier franco-argentin Mario Sandoval condamné à quinze ans de prison par un tribunal de Buenos Aires (Angeline Montoya / Le Monde)

Il se croyait protégé d’abord par les lois d’impunité votées en Argentine après la dictature (1976-1983), puis par sa nationalité française, acquise en 1997. Mario Sandoval, 69 ans, a finalement été condamné, mercredi 21 décembre, à Buenos Aires, à quinze ans de prison, pour l’enlèvement et la torture, en 1976, d’un étudiant de 24 ans, Hernán Abriata.

Capture d’écran de la retransmission de la lecture du verdict dans le procès de Mario Sandoval, par le site « La Retaguardia », le 21 décembre 2022. Document Le Monde

« Le tribunal déclare que les faits dont il est question constituent des crimes contre l’humanité, a prononcé le juge Fernando Canero, et ne donne pas suite à la demande de l’accusé de considérer les faits comme prescrits. » Dans la salle d’audience du tribunal de Comodoro Py, cris de joie et applaudissements ont accompagné la lecture du verdict. « Ça a été quarante-six ans de lutte, dont huit pour obtenir son extradition de France, on n’a jamais baissé les bras ! », s’est réjouie Monica Dittmar, la veuve d’Hernán Abriata.

Les différentes parties civiles avaient demandé entre vingt et un ans de prison et la réclusion à perpétuité. Le Secrétariat aux droits humains, ainsi que le parquet avaient, eux, requis une peine de vingt ans. « Je suis solidaire de la douleur de la famille Abriata, mais je ne suis pas l’inspecteur Sandoval qui a arrêté Hernan Abriata », avait réitéré, avant le verdict, Mario Sandoval, en visioconférence depuis la prison de Campo de Mayo, d’où il assistait au procès. Plaider l’homonymie et l’erreur sur la personne a été toujours été sa ligne de défense.

Dans la salle d’audience, des membres d’organisations de défense des droits humains et d’anciens prisonniers politiques entouraient la famille Abriata et Monica Dittmar, qui ont assisté à toutes les audiences depuis le début du procès, le 14 septembre. Avant la lecture du verdict, ils ont brandi des pancartes avec des photos du jeune homme.

« Je suis pleine de colère, cela fait tellement d’années que nous attendons ce moment, et voir ce lâche se cacher encore et toujours, ça me fait enrager », expliquait Mme Dittmar au Monde par téléphone, avant la lecture du verdict. (…)

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Leer esta información en español : El represor Mario Sandoval fue condenado a quince años de prisión (Ailín Bullentini / Página 12)


Pour rappel, voir :
La justice française valide définitivement l’extradition vers l’Argentine de Mario Sandoval, tortionnaire présumé (Angeline Montoya/Le Monde) (décembre 2019)
Affaire Sandoval devant le Conseil d’État : ultime recours avant d’affronter en Argentine les crimes du passé ? (Communiqué) (novembre 2019)
Dictature argentine. La France autorise l’extradition de l’ex-policier Mario Sandoval (Communiqués de presse et Flash Info) (avril 2018)
Affaire Sandoval. Extradition d’un tortionnaire argentin présumé : la justice française émet un nouvel avis favorable (Le Monde) (octobre 2017)