🇦🇷 L’Argentine dit non aux Brics, le bloc des puissances émergentes (RFI)
Ce 1ᵉʳ janvier, les Brics, cette alliance des puissances émergentes (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) vont s’agrandir. Un élargissement historique, avec l’arrivée de cinq nouveaux pays, dont l’Arabie saoudite ou encore l’Egypte, et l’Iran. Mais contrairement à ce qui avait été acté lors du dernier sommet des BRICS en août, l’Argentine ne fait finalement pas partie de la liste. Son nouveau président, l’ultralibéral Javier Milei ne souhaite pas que son pays intègre le bloc.
L’Argentine pouvait pourtant être un acteur important au sein des Brics, nous explique Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS et spécialiste de l’Amérique latine, joint par Amélie Beaucour du service international, car l’Argentine est une puissance agricole (soja, viande) et la stratégie des Brics est de devenir la puissance incontournable en matière agroalimentaire au niveau mondial – pour peser sur les politiques contre l’insécurité alimentaire dans le monde.
Autre atout de l’Argentine pour les Brics, le lithium. « Quand on connait l’importance stratégique de ce minerai rare dans toute la décarbonation de l’industrie des transports et la transition énergétique mondiale, on comprend en quoi l’Argentine devenait aussi un partenaire intéressant pour les Brics dans ce domaine-là. Et puis, le troisième, bien sûr, c’est qu’avec l’Argentine, les Brics disposaient d’un membre supplémentaire au sein du G20, ou d’un relais supplémentaire, pour pouvoir y peser plus fortement. Toutefois, ils perdent un atout, c’est clair, dans le jeu, mais ça ne remet pas fondamentalement en cause la montée en puissance des Brics puisque par ailleurs, l’arrivée d’autres pays – du Proche-Orient, etc. – va contribuer à renforcer les Brics sur cette trajectoire. »
Milei: pas d’alliance avec les communistes
Pendant la campagne électorale déjà, Javier Milei avait été clair : il était contre l’adhésion de l’Argentine aux Brics. Voici ce qu’il disait devant des chefs d’entreprises le jour où le bloc venait d’annoncer l’arrivée prochaine de l’Argentine parmi les BRICS, sous l’impulsion (alors) du président argentin sortant, Alberto Fernández : « d’un point de vue géopolitique, nous, nous serons alignés avec les États-Unis et avec Israël. Nous refusons de nous aligner avec des communistes ! »
Référence alors à la Chine mais aussi au Brésil du président Lula. Et si le ton de Javier Milei s’est depuis adouci vis-à-vis de Pékin et surtout de Brasilia, le nouveau président argentin a tout de même envoyé une lettre aux dirigeants des BRICS ce vendredi : « nous avons décidé de revenir sur certaines décisions prises par le gouvernement précédent », écrit Javier Milei, qui considère que l’adhésion à ce bloc n’est plus « opportune ».
Javier Milei souhaite en revanche relancer le processus d’adhésion à l’OCDE (l’Organisation de coopération et de développement économique). Pourquoi un tel positionnement ? « C’est clairement le choix d’une alliance argentine vers Washington et vers les pays européens contre la Chine, la Russie et le Brésil, etc., tout cela pour des raisons à la fois idéologiques chez Milei, considérant que la Chine et le Brésil sont des pays qu’il qualifie de ‘communistes’, indistinctement, et bien sûr la Russie, qui est vue comme un pays à parti unique qui est autoritaire… poursuit Christophe Ventura. Donc clairement, Milei fait le choix d’entrer dans la grille de lecture de Washington des relations internationales, c’est-à-dire un monde international qui se divise autour d’un clivage entre des démocraties libérales et capitalistes et contre le reste du monde qui serait constitué de puissances autoritaires communistes. Et peut-être aussi, dans la séquence, le calcul, c’est peut-être d’obtenir un meilleur traitement de la part du FMI auquel le pays doit 44 milliards de dollars. » (…)
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