🇦🇷 Argentine : premières mobilisations contre les réformes du gouvernement de Javier Milei (revue de presse)


L’Argentine a commencé l’année 2024 comme elle a terminé l’année 2023: avec des manifestations. Le 20 décembre dernier, la CGT, centrale syndicale principale du pays sudaméricain, a lancé un appel à la grève générale prévue le 24 janvier en réponse aux réformes annoncées qui donnent au pouvoir exécutif des compétences législatives sur des questions économiques, fiscales, tarifaires, électorales et répressives.  

Photo : Arta (Espaces Latinos)

La CGT s’oppose non seulement au méga-décret, le DNU, mais également au projet de loi appelé loi Omnibus, envoyé le 27 décembre dernier au Parlement. S’il était approuvé, ce texte donnerait à Milei des compétences extraordinaires et attaquerait les droits individuels des travailleurs, les droits collectifs et le système de santé universel et solidaire. Plusieurs recours en justice ont également été déjà été déposés contre le méga-décret. Revue de presse : les articles les plus récents sont en haut de la page.


Rassemblement devant l’ambassade argentine à Paris en soutien à la mobilisation et à la grève générale en Argentine, mercredi 24 janvier à 18h. Plus d’informations ici


Argentine : premier revers pour Javier Milei (Théo Bourriau / L’Humanité / 4 janvier 2024)

La justice argentine a retoqué provisoirement mercredi 3 janvier des réformes du droit du travail incluses dans le « Décret de nécessité d’urgence » (DNU) du nouveau président d’extrême droite Javier Milei. Ce méga-décret, ultralibéral, prévoyait notamment d’ouvrir la porte à un profond processus de « flexibilisation du marché du travail », en limitant le droit de grève, en augmentant les périodes d’essai, ou en faisant perdre les avantages en cas de licenciement.


Premier revers, mais petite victoire. Si la justice argentine a retoqué des réformes du droit du travail incluses dans le « méga-décret » dérégulateur du président ultralibéral d’extrême droite Javier Milei, ce n’est que provisoire. La CGT (Confédération générale du travail de la République argentine), principal syndicat argentin, a saisi la Chambre nationale du Travail qui a pris « une mesure conservatoire suspendant l’applicabilité » des dispositions du chapitre « Travail » du décret du 20 décembre, dans l’attente d’un examen législatif sur le fond.

Cette suspension vaut « jusqu’à ce qu’une décision définitive soit rendue sur la question de fond soulevée dans la présente procédure », soulignent les juges dans leur décision, publiée par plusieurs médias. Le gouvernement « va faire appel », a confirmé à l’Agence France-Presse Rodolfo Barra, le « procureur général » chargé du contrôle de légalité, du conseil et de défense de l’État.

Le « Décret de nécessité d’urgence » (DNU) de Javier Milei est un concentré de la théorie du « choc néolibéral » : modification ou abrogation de règles en matière de droit du travail, fin de l’encadrement des loyers ou de la loi luttant contre l’inflation sur les produits de première nécessité, procédures de divorce… En matière d’emploi, le président d’extrême droite espère abroger voire éliminer des dizaines de réglementations, ouvrant notamment la porte à la privatisation d’entreprises publiques (comme la compagnie pétrolière YPF) et à un profond processus de « flexibilisation du marché du travail » (limitations du droit de grève, augmentation des périodes d’essai, pertes d’avantages en cas de licenciement…). (…)

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En Argentine, la justice suspend provisoirement les réformes liées au droit du travail portées par Javier Milei (Le Monde / 3 janvier 2024)

La justice argentine a retoqué mercredi 3 janvier, du moins provisoirement, des réformes du droit du travail incluses dans le « méga décret » dérégulateur du président ultralibéral Javier Milei.

Manifestation à l’appel du syndicat du travail argentin contre le « mégadécret » de Javier Milei devant le Palais de Justice de Buenos Aires, le 27 décembre 2023. © Photo Luis Robayo / AFP

La Chambre nationale du travail, instance de droit du travail, qui avait été saisie par la Confederación General del Trabajo (CGT, Confédération générale du travail), plus grande centrale syndicale du pays, a pris « une mesure conservatoire suspendant l’applicabilité » des dispositions du chapitre « Travail » du décret du 20 décembre, dans l’attente d’un examen législatif sur le fond.

Cette suspension vaut « jusqu’à ce qu’une décision définitive soit rendue sur la question de fond soulevée dans la présente procédure », soulignent les juges dans leur décision, publiée par plusieurs médias, dont l’agence officielle Telam.

Le jugement, un premier revers pour l’élan réformateur ultralibéral de Javier Milei, va faire l’objet d’un appel imminent de la part du gouvernement, a confirmé à l’Agence France-Presse Rodolfo Barra, le « procureur général » chargé du contrôle de légalité, du conseil et de défense de l’État.

Le président Javier Milei, investi le 10 décembre, avait dix jours plus tard annoncé un « décret de nécessité et d’urgence » (DNU), posant le cadre d’une dérégulation massive de l’économie, modifiant ou abrogeant plus de trois cents normes, affectant notamment le travail, l’encadrement des prix et des loyers, la privatisation d’entreprises publiques, les réglementations aux exportations et importations.

Présentant le décret, Javier Milei l’avait justifié par le besoin « d’entamer le chemin vers la reconstruction du pays, rendre la liberté et l’autonomie aux individus et commencer à désarmer l’énorme quantité de régulations qui a retenu, entravé et empêché la croissance économique ».

Ce « DNU » est techniquement entré en vigueur, mais sous réserve d’être ultérieurement approuvé par le Parlement, où le parti de Milei n’est que la troisième force.

Il fait déjà l’objet de vifs débats entre juristes en ce qui concerne son caractère constitutionnel, et a en parallèle été visé par une dizaine de recours en justice, dont celui de la CGT en référé, déposé la semaine dernière. Les aspects les plus polémiques des modifications du droit du travail proposées portent, pour les syndicats, sur l’extension de la période d’essai de trois à huit mois, la baisse des indemnisations en cas de licenciement, des limites au droit de grève, la possibilité de licenciement en cas de blocage ou occupation du lieu de travail. (…)

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Les Argentins manifestent en masse contre le «méga-décret» qui dérégularise le droit du travail (RFI / 29 décembre 2023)

En Argentine, le « méga-décret », comme l’appelle la presse locale, entre en vigueur ce vendredi 29 décembre. Parmi les quelque 300 modifications de règles de droit qu’il contient, ce texte affaiblit notamment la protection des travailleurs, provoquant la colère des Argentins, alors que le président Javier Milei vient d’arriver au pouvoir. Des syndicats ont déposé des recours en justice et, depuis plusieurs jours, à leur appel, des milliers de personnes descendent dans les rues de Buenos Aires.

Sur cette vue aérienne, des membres de syndicats protestent contre le décret d’urgence du président Javier Milei lors d’une manifestation organisée par le syndicat argentin (CGT) devant le palais de justice de Buenos Aires, le 27 décembre 2023. © Luis Robayo / AFP

De nombreux Argentins ne veulent pas de ce « méga-décret » et ils le font savoir : depuis que le président Javier Milei l’a signé il y a neuf jours, ils sont déjà sortis manifester trois fois et par milliers. À l’image de Julio Velazquez, dirigeant de l’Union des industries textiles. « Venir manifester, c’est le seul moyen pour que ce président nous écoute », confie-t-il au micro de Natalio Cosoy, correspondant de RFI en espagnol à Buenos Aires.

Entre autres, le décret modifie les indemnités de licenciement, supprime les amendes de travail illégal, rallonge les périodes d’essai… Les travailleurs sont donc moins protégés, selon les manifestants.

Víctor Hugo Robledo, membre du syndicat des métallurgistes, descend dans la rue pour ne pas voir l’histoire se répéter. Il se rappelle que, dans les années 1990, les gouvernements argentins ont privatisé et mené des réformes libérales qui ont mis à mal les droits des travailleurs : « Moi, j’ai plus de 50 ans, et je peux te dire que je l’ai vécu, en 1990 et puis en 2001, quand ces politiques étaient déjà appliquées. »

Pourtant, le président argentin ne semble pas disposé à faire marche arrière. Au contraire, il envoie d’autres projets de réformes au Parlement, qui ne touchent pas seulement au droit du travail. Il entend modifier le système électoral et le fonctionnement des retraites, mais aussi durcir les sanctions pénales pour les personnes arrêtées lors des manifestations. (…)

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Argentine : colère contre Javier Milei et appel à la grève générale (France 24 / 29 décembre 2023)

Après les premières manifestations du 27 décembre contre les mesures-chocs du président ultralibéral Javier Milei, un appel à la grève générale a été lancé pour le 24 janvier par de nombreux syndicats.

Le président argentin poursuit sa révolution libérale malgré une crise économique qui plonge déjà plus de 40% des argentins dans la pauvreté, mais un nouveau décret qui prévoit une libéralisation encore plus grande ne passe pas auprès de la société civile.

Reportage de France 24

Argentine : des milliers de manifestants dans la rue contre le « méga-décret » de Javier Milei (Le Parisien / 29 décembre 2023)


Argentine : le décret que veut faire passer Milei va toucher tous les secteurs de l’économie (entretien avec Lissel Quirrozz / France 24 / 29 décembre)

Fin de certaines aides sociales, facilitation de privatisation des entreprises, limite du droit de grève et de manifestations dans les rues… Le “méga-décret” que chercher à faire passer le nouveau président argentin Javier Milei inquiète au plus haut point. Les syndicats manifestant et ont appelé à la grève générale pour tenter de bloquer ce décret.

Lissel Quirroz, historienne et professeure d’études latino-américaines à l’Université Paris-Cergy, était l’invitée de France 24 pour en parler.

Entretien avec Lissel Quirrozz (France 24)

Argentine : à peine au pouvoir, Javier Milei multiplie les tentatives de dérégulation de l’économie (France 24 / 28 décembre 2023)

Le vent de révolte se poursuit en Argentine. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté, mercredi 27 décembre, à Buenos Aires, donnant lieu à des bousculades avec la police et interpellations, lors du troisième rassemblement en huit jours contre un décret de dérégulation massive de l’économie par le nouveau président ultralibéral Javier Milei.

En parallèle, le président élu le mois dernier a poursuivi sa révolution “libérale” en envoyant au Parlement un ensemble de projets ou modifications de lois affectant maints domaines de la sphère publique et privée, du fiscal à l’électoral, au matrimonial, ou au contrôle des manifestations.

Reportage de France 24

Javier Milei, ou le dépeçage de l’Argentine à la tronçonneuse (Cathy Dos Santos / L’Humanité / 28 décembre 2023)

De la parole outrancière, Javier Milei est passé aux actes. Vite, et en tapant fort. Sacré président le 10 décembre, le libertarien, qui a pour seule ligne d’horizon le capitalisme débridé, a empoigné la tronçonneuse de sa campagne pour tailler à vif l’Argentine. 

« La liberté, bordel ! » a-t-il promis à ses concitoyens. Elle a déjà un goût de cendres, alors que son funeste « décret de nécessité d’urgence » doit être entré en vigueur ce vendredi : dévaluation du peso, licenciement de fonctionnaires, élimination de ministères, santé bradée aux assurances privées, suppression de l’encadrement des loyers, privatisations des fleurons nationaux, levée du contrôle des prix des denrées alimentaires, etc. Une cure néolibérale qui n’est pas sans rappeler celle qu’avait mise en œuvre le dictateur Pinochet au Chili.

Le FMI rêvait de cette thérapie de choc, le « Fou » la fait. Pour mener à bien son dépeçage, celui qui dit parler à son chien mort s’en prend aux fondements politiques et démocratiques de son pays. Dans un projet de loi de près que 700 articles, Javier Milei s’octroie les pouvoirs hier encore dévolus au Congrès afin d’avoir les coudées franches. Il le sait, il n’y aura pas de révolution libérale radicale, sans la mise au pas de la société et le contrôle des rues. Les promoteurs de manifestations pourront écoper de peines allant jusqu’à six ans de prison ; tout rassemblement de plus de trois personnes devra recevoir l’agrément du ministère de la Sécurité. Dans ce scénario orwellien, les policiers jouiront de nouveaux droits pour ouvrir le feu sans sommation. Ils auront un permis de tuer. (…)

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Privatisations, destruction des droits sociaux et libéralisation de l’économie : la tronçonneuse Milei en marche (Luis Reygada / L’Humanité / 22 décembre 2023)

Le président a annoncé un décret d’urgence visant à déréguler l’économie, avec des mesures qui lui ont valu son premier concert de casseroles.

Concert de casseroles lors d’une manifestation contre le nouveau gouvernement du président argentin Javier Milei devant le Congrès national, à Buenos Aires, le 20 décembre 2023. © Luis Robayo / AFP

Lunaire sur la forme, dangereuse sur le fond. Ainsi pourrait être qualifiée la première allocution de Javier Milei, retransmise mercredi (21 décembre) soir sur toutes les chaînes du pays sud-américain. Assis derrière le somptueux bureau utilisé lors des actes officiels organisés au palais présidentiel, le chef de l’État en fonction depuis le 10 décembre a présenté en quinze minutes les grandes lignes de son décret d’urgence visant à « reconstruire l’économie argentine ».

Entouré de ses neuf ministres, et alors que nombre d’entre eux ont déjà servi durant les mandats de Mauricio Macri (2015-2019) ou sont issus du cercle ménémiste (du président Carlos Menem, 1989-1999), il n’a pas hésité à pointer du doigt les « décennies de gouvernements » qui l’ont précédé au pouvoir, cette « caste politique » coupable d’avoir toujours essayé de « planifier la vie de millions de personnes depuis leurs bureaux ».

C’est donc pour remédier à « ce qui pourrait être la pire crise (économique) de l’histoire » qu’il a énuméré trente mesures phares d’un document de 84 pages visant à réformer ou éliminer plus de 300 lois. En substance, avec son méga-décret – qui entre automatiquement en vigueur à moins qu’il soit rejeté par les deux chambres du Congrès –, Milei réduit les fonctions de l’État et conforte au contraire les forces du marché dans divers secteurs de l’économie.

Pour le président libéral-libertaire, il s’agit en effet de « commencer à démanteler l’échafaudage juridique institutionnel oppressif » existant afin de « rendre liberté et autonomie aux individus en retirant le poids de l’État », ce qui devrait selon lui mécaniquement impulser la croissance.

Derrière ces phrases teintées de dogmatisme aux fondements théoriques parfois peu scrupuleux, l’abrogation de lois et l’élimination de dizaines de réglementations ouvrent notamment la porte à la privatisation d’entreprises publiques (comme la compagnie pétrolière YPF) et à un profond processus de « flexibilisation du marché du travail » (limitations du droit de grève, augmentation des périodes d’essai, pertes d’avantages en cas licenciement…).

Le secteur de la santé est aussi affecté avec notamment plus de libertés données aux assurances privées. Il en va de même pour des réglementations relatives à la promotion industrielle dans les zones défavorisées, ou encore à la loi encadrant les loyers : à la trappe. En matière de commerce local, l’État perd tout contrôle sur les questions d’approvisionnement en denrées alimentaires ainsi que sur les contrôles des prix, ce qui pourrait avoir de sérieuses conséquences en période d’inflation (le taux actuel dépasse les 140 % annuels). (…)

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