🇳🇮 Au Nicaragua, huit ans de prison requis contre deux prisonnières politiques françaises (Libération)


Le tribunal de Managua a requis, jeudi, de la prison ferme contre Jeannine Horvilleur et Ana Alvarez, ainsi que contre le Nicaraguayen Félix Roiz. Leur crime : être la femme, la fille et le gendre d’un exilé opposant à la dictature de Daniel Ortega.


Lire le communiqué dont France Amérique Latine est signataire ici

L’entrée principale du centre de détention d’El Chipote à Managua, capitale du Nicaragua, en 2018. (Arnulfo Franco/AP)

Huit et dix ans d’emprisonnement. Ce sont les peines requises par un juge de Managua contre deux femmes ayant la double nationalité française et nicaraguayenne, Jeannine Horvilleur Cuadra, 63 ans, et sa fille Ana Alvarez Horvilleur, 43 ans, et le mari de cette dernière, le Nicaraguayen Félix Roiz, 56 ans. A l’issue d’un procès tenu à huis clos mardi et mercredi, les trois accusés ont été déclarés coupables de «trahison», d’«atteinte à la souveraineté nationale» et de «diffusion de fausses informations» sur les réseaux sociaux. La décision du tribunal sera connue le 26 janvier.

Arrestations arbitraires

Jeannine Horvilleur et Ana Alvarez sont l’épouse et la fille de Javier Alvarez Zamora, un dirigeant de l’opposition au régime socialiste du président dictateur Daniel Ortega et de sa femme Rosario Murillo. Le 13 septembre, deux jours avant la fête nationale, la police faisait irruption au domicile de l’opposant à Managua afin de l’arrêter, ignorant qu’il avait pris le chemin de l’exil plusieurs semaines auparavant. Sa femme, sa fille et son gendre ont donc été embarqués à sa place, même si aucun n’avait de participation active au débat politique.

Ces arrestations arbitraires, habituelles de la part du régime ortéguiste, ont soulevé l’indignation en France, où le Quai d’Orsay suit de près le sort et l’état de santé des deux femmes, ayant la nationalité française. Leur cousine, la rabbin et écrivaine Delphine Horvilleur, s’était inquiétée dès mardi de leur procès. La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH), le Conseil des droits de l’homme des Nations unies et le Comité international de la Croix-Rouge se sont aussi saisis de l’affaire.

Le parquet a requis mercredi des peines de huit ans de détention pour les deux femmes, et de dix ans pour Felix Roiz. Ces condamnations, qui restent à confirmer par le tribunal, sont considérées comme un chantage pour obtenir le retour dans le pays de Javier Alvarez Zamora. Lequel, exilé au Costa Rica voisin, a affirmé au média d’opposition Articulo 66, une fois la nouvelle connue : «Je ne vais pas faire amende honorable, je ne vais céder, je vais rester fidèle aux idéaux qui sont les miens et auxquels personne ne me fera renoncer.»

Méthode de pression

Au moins 200 opposants et critiques du gouvernement du président Daniel Ortega sont actuellement emprisonnés au Nicaragua sous l’accusation de «trahison» et d’«atteinte à la souveraineté du pays». (…)

(…) Lire la suite de l’article ici